Six pieds sous terre
8.1
Six pieds sous terre

Série HBO (2001)

Everybody forgives everybody for everything....

Plus j'avançais dans la série, plus je savais que j'avais envie de lui rendre hommage, j'avais déjà dessiné un arc dans ma tête, la structure que j'allais donner à la critique, l'angle d'attaque, condenser ça en étape à travers le regard des personnages, et puis tout a implosé...
La fission a commencé à se produire durant le 9ème épisode de la cinquième saison et fut totalement brisée durant les 6 dernières minutes gigantesques, introduite par une phrase que je n'oublierais jamais... puis ces dernières photos, ce dernier regard bleuté, ce dernier fond blanc.
J'ai rarement ressenti une si grande impuissance, une telle mélancolie, une infinie tristesse tous médias confondus, cette sensation que tout filait entre mes doigts en passant par les différentes phases du deuil de manière accélérée pour enfin prendre le temps de me poser pour accuser le coup.

Six Feet Under n'est pas une série comme les autres, il y a un avant et un après et sa conclusion boucle la boucle amorcée dès les premières minutes du premier épisode. De ce fait chaque minute passée avec cette famille, chaque soucis du quotidien emmagasiné, les rires, les larmes, les disputes et réconciliations, les relations familiale conflictuelles, l'amitié, l'amour, la sexualité. la vie, la mort...
Cette dernière au centre du récit au vu de l’activité professionnelle des Fisher, imprévisible, dégoûtante, détestable, malsaine mais inéluctable, alors à quoi bon me direz vous ? Et bien si on peut y lire plusieurs degrés de lecture et que le ressenti final doit énormément jouer sur la façon dont on absorbera et digérera l'ensemble, n'est ce pas au contraire une hymne à la vie ? Celle sur laquelle on a encore une emprise, car si le final est si puissant c'est pour l'analogie assez folle qu'il renvoie sur sur notre propre existence.

Be my friends.

Voir cette famille à laquelle on s'est attaché durant ces 5 saisons qu'on a aimé détesté par moment chacun à tour de rôle, qu'on a vu évoluer, naitre, grandir, s'épanouir, murir dans ces ultimes minutes est un moment inoubliable et difficile à encaisser avec sa charge émotionnelle exponentielle. Et le plus dur à appréhender c'est qu'au fond, ça aurait pu n'importe quelle famille, il y en a eu avant et il y en aura après, il n'y a pas de super héros dans cette histoire, il y a de la lâcheté, de la haine, de l'envie alors pourquoi je pleure ? Je ne le savais pas mais c'était déjà trop tard, je ne pouvais plus être rationnel, je débordais d'affection pour vous tous. Claire, je t'ai vu grandir, déconner, te chercher mais j'ai vu tes excès de brillance, ton empathie, ta force. David, je t'ai découvert introverti, imbibé par cette gêne constante et cette homosexualité que tu n'assumais pas, puis je t'ai vu t'épanouir, trouver ta place au sein de cette famille et montrer à quel point on pouvait compter sur toi dans les moments difficiles. Ruth, Ruth que dire, je ne t'ai pas compris au début et peut être même encore moins à la fin, je t'ai mal jugé, et j'ai su pourtant creuser et comprendre à quel point tu pouvais être géniale par moment, ce grain de folie qui t'habite, cet amour sans limite pour tes enfants, ces sacrifices difficiles à assumer avec la mort de ton mari. Et Nate... Nate, je peux te le dire maintenant tu as toujours été mon petit préféré, trop sûr de toi au début, laissant paraitre peu de choses hormis ton agacement d'être coincé ici. Tu n'as jamais cessé de te battre contre tes peurs, contre ta volonté, contre tes choix quitte à les assumer difficilement, je t'ai toujours respecté pour ça. Brenda, Rico, Keith, Billy ne croyez pas que je vous oublie, chacun à votre façon vous avez su à un moment donné trouver des mots qui font mouche, j'ai pardonné la violence verbale ou physique, l'homophobie exacerbé, les relations malsaines, tout est oublié. Arthur bon sang, un petit mot pour toi, tu aurais pu faire un excellent élément dans l'entreprise, j'ai toujours apprécié chez toi ce côté calme alimenté par tes anecdotes atypiques. Et enfin George, bon sang George, tu es arrivé tard dans la famille mais qu'est ce que j'ai pu t'apprécier, j'ai été troublé par ton passé et ton présent, j'ai cru en toi, j'ai écouté tes théories de fin du monde et quoi qu'il en soit, tu vas me manquer.

Sur ces dernières paroles, j'ai essayé de gagner du temps, mais je vais devoir vous quitter à présent, ces cinq années passés en votre compagnie sont passées si vite... Malheureusement, je dois vous laisser vivre des aventures auxquelles je ne pourrais pas prendre part à mon plus grand regret... J'ai voulu prendre une dernière photo de vous tous, puis j'ai renoncé, je me suis souvenu de tes dernières paroles Nate.

You can't take a picture of this. It's already gone...
Kobayashhi
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 9 août 2014

Critique lue 2K fois

60 j'aime

11 commentaires

Critique lue 2K fois

60
11

D'autres avis sur Six pieds sous terre

Six pieds sous terre
Gothic
10

Trois hommes et un "coffin"

Près d'un mois. C'est le temps qu'il m'aura fallu pour digérer. Le temps qu'il m'aura fallu pour faire le deuil de "Six Feet Under". Pièce maîtresse de l'oeuvre d'Alan Ball s'il en est. Et pourtant,...

le 28 août 2013

227 j'aime

47

Six pieds sous terre
Hypérion
10

La vie sur Terre

Six Feet Under, c'est peut être la plus belle mise en scène des subtilités de l'âme humaine racontée à la télévision. En suivant les aventures de la famille Fisher et apparentés, Alan Ball nous...

le 12 déc. 2011

178 j'aime

14

Six pieds sous terre
Fritz_the_Cat
9

Petits arrangements avec les morts

J'écris rarement à la première personne mais sur un morceau comme ça, pas envie de prendre de la distance. Je suis un noob en séries. Vraiment. Jamais le temps de m'y mettre mais c'est pas l'envie...

le 25 avr. 2014

108 j'aime

39

Du même critique

Interstellar
Kobayashhi
10

All you need is love, love, love, love...

Aïe Aïe Aïe, nous y voilà, Interstellar, le film dont on ne doit pas prononcer le nom, celui qui déchaîne les passions, film de la décennie pour certains, arnaque pour d'autres. Déjà moqué pour ces...

le 6 nov. 2014

488 j'aime

23

Mad Max - Fury Road
Kobayashhi
9

My Name is Max, Mad max !

Putain........................... Du moment où les lumières se tamisent jusqu'au générique de fin laissant traverser le nom de Georges Miller, je suis resté scotché dans mon siège, halluciné par le...

le 14 mai 2015

301 j'aime

27

Whiplash
Kobayashhi
8

Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si, J.K FUCKING SIMONS

J'ai quitté la salle il y a quelques heures maintenant, et pourtant j'entends encore les baguettes claquer contre les cymbales avec une fougue hors norme, ais-je perdu la raison ou suis-je encore...

le 24 déc. 2014

265 j'aime

5