Un chef-d'oeuvre

Saison 1
"Sois tranquille tout va bien, sois tranquille je suis serein, je repose en paix...où je vais. Sois tranquille ce n'est rien, sois tranquille j'en ai besoin, et n'oublie pas, n'oublie pas, je suis là" (Emmanuel Moire / "Sois tranquille").
Aaaahhhh, que de souvenirs avec Six Feet Under. C'est LA série qui m'a fait devenir sériephile y'a une douzaine d'années, ma toute première série de grand garçon comme j'aime le dire ^^

Pourtant, ce n'était pas gagné d'avance. Le quotidien d'une famille de croque-morts, des personnages + névrosés que ça tu meurs, chaque épisode commençant par la mort d'une personne, des fausses pubs vantant comme dans un télé-achat le matériel des thanatopracteurs et les apparitions des morts aux vivants, faut reconnaître que, sur le papier, ça peut en effrayer plus d'un (ce que la série réussit probablement à faire quand même) ^^
Mais contrairement à ce qu'on pourrait penser, Six pieds sous terre n'est pas une série sur la mort mais sur la vie et tous les sentiments que l'on peut ressentir. De la tristesse, de l'humour (noir mais pas que), de l'amour, de la joie et même de la folie pure, Alan Ball (True Blood, American Beauty) a mis un point d'honneur à faire passer à travers sa création une large palette de ce que la vie nous offre en terme d'émotions (et c'est très réussi).

Concernant ces premiers épisodes en eux-même, là encore, c'est une réussite quasi totale. Les personnages sont hyper bien caractérisés dès le début, ils sont intéressants et merveilleusement bien interprétés par un gros cast (Michael C Hall, Peter Krause, Frances Conroy, Lauren Ambrose et Rachel Griffiths). Il y a peu de temps morts (hilarant, n'est-ce pas ?) et j'ai peu de chose à reprocher à cette saison inaugurale.

Mention spéciale pour la séquence qui démarre chaque opus, à savoir la mort d'une personne (dont la famille Fisher devra s'occuper). Là encore, la série balaye un large spectre de ce qui est possible. Le décès peut aussi bien être banal (vieillesse, accident de la route), amusant (tué par un feu tricolore, une poêle ou une balle de golf) que choquant (mort subite du nourrisson ou crime homophobe). Celui qui a eu cette idée est un génie, j'adore.

Bref, Six Feet Under n'est pas exempte de défaut, son thème n'en fait pas la série la + accessible à un large public mais elle n'en reste pas moins une des + intelligente et des + forte que je connaisse. Du grand HBO.

Notes : entre 14.5 et 16.5
Moyenne : 15.27/20

Saison 2
"Ah qu'est-ce qu'on est serré au fond de cette boîte" (Patrick Sébastien / "Les sardines").
C'est quelque chose auquel on pense peu mais, une fois parti, que faire quand on est claustrophobe ? Ah non incinéré c'est hors de question j'supporte pas la chaleur ^^

Cette deuxième salve d'épisode était vraiment cool, au point que je ne peux m'empêcher de penser que TOUTE la saison inaugurale forme l'exposition de la série. Comme si les 13 premiers opus n'étaient là que pour présenter les personnages, leur quotidien et que ce n'est qu'après qu'on les fait entrer dans le vif du sujet (HBO a la réputation de prendre son temps donc c'est pas étonnant mais là, ça m'a sauté aux yeux).

En effet, j'ai noté deux évolutions majeures cette saison, David et sa mère Ruth. Concernant cette dernière (une révélation pour moi), je pense que, quand j'ai regardé Six pieds sous terre la première fois (y'a 15 ans), j'étais pas assez grand/évolué pour comprendre toute la subtilité du personnage (outre le fait que je m'intéresse + naturellement aux enfants qu'à une dame de 60 ans). Elle a gagné en épaisseur et en indépendance.

Il en va de même pour David. Moins fermé, il est devenu + accessible (pour le téléspectateur autant que pour sa famille).
En + de sa transformation, c'est un personnage qui a marqué a l'histoire de la télévision. Les personnages gays n'étaient pas légion à l'époque mais les couples de même sexe encore moins (on a même droit à sans doute l'une des toutes premières scène de sexe entre deux mecs à la télé américaine, c'est + soft que pour Nate et Brenda mais l'intention est là)...et là, contrairement à Ruth, j'ai accroché à David dès mon premier visionnage et je sais pourquoi ^^

Du côté des morts marquantes de la saison, il y l'émouvante (cancer), l'originale (l'accident de masturbation) et celle qui me fait peur (étouffé en mangeant). J'ai remarqué que désormais, ils essayent de nous induire en erreur sur qui va mourir les p'tits coquins ^^

Bref, une saison moins claustro, plus lumineuse et qui s'ouvre davantage (tout comme ses personnages).

Notes : entre 15 et 16
Moyenne : 15.54/20 (+0.27 sur un an)

Saison 3
"Elle entre dans la lumière, c'est une surprise c'est fou, au milieu de ces bières, je crois j'ai la berlue " (Patricia Kaas / "Entrer dans la lumière").

C'est incroyable la métamorphose de Six Feet Under entre la première saison et celle-ci. D'une série glauque, sombre visuellement et avec des personnages pouvant s'ouvrir les veines à tout moment, on arrive à un drama + lumineux et une famille Fisher qui s'autoriserait presque à être heureuse. Je dis presque parce que non seulement, ça concerne surtout la première partie de saison et puis on va pas se mentir, leurs névroses ne sont jamais loin (mais bon, ça fait du bien quand même).

Cette troisième salve d'épisode marque un tournant dans Six pieds sous terre. Le saut dans le temps (de 6 mois je crois) permet une vraie (r)évolution dans la vie des personnages mais elle me donne aussi cette impression que ce sont ces opus qui enclanchent la fin de la série (même si pour ça, il faut que je revoir les deux dernières saisons pour en être certain).
Que puis-dire sur ces épisodes sans spoiler ? J'ai adoré la première moitié (+ lumineuse donc) et un peu moins la seconde. L'évolution de Nate m'a beaucoup intéressé (et surpris), j'apprécie le David qui s'ouvre de saison en saison (même si sur le plan sentimental, ça stagne trop à mon goût), il y a Claire que je découvre cette saison (même si ça reste la Fisher avec laquelle j'ai le + de mal), et enfin, il y a Ruth.
Ruth est sans doute LA révélation de mon second visionnage. Même si je dois reconnaitre que j'ai été surpris par ses intrigues cette fois. En particulier sa "relation" avec Arthur qui sort de nul part. D'un autre côté, ça rend cette dernière imprévisible (ce qu'elle a toujours été), cette partie sensible et toujours à fleur de peau est ce qui me touche chez elle.

Bref, c'est la saison de l'affranchissement pour les Fisher (bien que déjà entamé la saison dernière). Encore du très bon.

Notes : entre 14.5 et 17
Moyenne : 15.42/20 ( -0.12 sur un an)

Saison 4
''On se plaît, puis on se lasse, en secret au moins quand on s'enlace, la passion fane'' (Arcadian / "Lassitude").
Le mot lassitude est bien trop fort concernant Six Feet Under, ça reste une très chouette série mais cette fois (contrairement à la saison précédente), mes souvenirs s'avèrent exacts. Y'a un coup de mou avec ces 12 épisodes. En fait, je crois que la fatigue vient de la névrose perpétuelle des personnages...on en vient à se lamenter autant qu'eux ^^

Cela dit, y'a deux choses qui à elles seules peuvent expliquer à elles seules ma baisse d'intérêt cette année, Brenda & Rico. Dans les deux cas, je peux les apprécier...mais à conditions que leurs intrigues soient directement liées aux Fisher (ce qui n'est pas le cas ici). J'ai besoin que elle soit en lien avec Nate et lui qu'il soit dans le cadre de son boulot de thanatopracteur. En revanche, du côté de la famille de croque-morts, c'est tout de suite + intéressant.

En effet, les deux qui sont les + mis en avant cette fois sont Nate et surtout David (ce dernier est très mis en avant en 2ème partie de saison). C'est là qu'on se rend compte que Michael C. Hall est un excellent acteur (ce qu'on savait avant ces opus ceci dit).
C'est dommage que le public ne le connaisse principalement qu'à travers le rôle de Dexter Morgan. Les gens préfèrent adorer les sérial killers plutôt que les personnages honnêtes et sympathiques...ça en dit long sur nous ^^ C'est d'autant plus regrettable que David Fisher fait partie de ces personnages qui ont fait avancer les mentalités (ainsi que la télévision). Le couple qu'il forme avec Keith était unique à l'époque (1ère moitié des 2000's je le rappelle). Un couple homo, mixte, religieux, qui s'embrasse, qui a des relations sexuelles (bien que très peu visibles) et qui dure, un tournant dans la représentation des LGBTQI+.

Bref, j'adore toujours la famille Fisher mais je crois qu'il est temps de conclure la série.

Notes : entre 14.5 et 16
Moyenne : 15.17/20 ( -0.25 sur un an - au + bas)

Saison 5
"Voilà, c'est fini, aujourd'hui ou demain, c'est l'moment ou jamais, peut-être après demain, je te retrouverai, car c'est fini" (Jean-Louis Aubert / "Voilà, c'est fini").

Une expérience télévisuelle, voilà comment je décrirais mon ressenti devant Six Feet Under durant ce mois de janvier 2022. Pour moi, c'est une série à part. Son sujet central (la mort, bien qu'en réalité, je dirai que c'est plutôt la vie), ses personnages toujours à fleur de peau (ou névrosés c'est selon), ou encore ses idées originales (les fausses pubs, la mort d'une personne ouvrant chaque épisode, les morts qui parlent aux Fisher), Six pieds sous terre est une série qui ne ressemble à aucune autre.

Ce second visionnage m'a permis d'appréhender au mieux le show d'HBO, j'étais sans doute trop jeune y'a 15 ans pour comprendre tous ses tenants et aboutissants. En fait, de part son intelligence d'écriture, son ton et les thèmes abordés, je crois qu'il faut faut avoir un minimum de vécu et de recul sur la vie pour l'apprécier à sa juste valeur...ce que je n'avais sans doute pas à 19 ans ^^
C'est d'ailleurs cette année que j'ai vraiment découvert le personnage de Ruth Fisher.

Concernant cette 5ème salve d'épisode, je la trouve correct sans + (comparé au reste de la série bien sûr). J'ai cette vilaine impression (justifiée ou non je n'en suis pas certain) qu'elle s'est un peu perdu au fil du temps ou qu'elle a fini par tourner en rond en se répétant. Alors oui, tous les personnages connaissent une évolution certaines à un moment donné mais il me manquait quelque chose lors des 2 dernières saisons (peut-être aussi un manque de subtilité). En réalité, j'ai beaucoup de mal à définir précisément ce que je lui reproche (hormis de s'intéresser de trop près à 2 des personnages que j'aime le moins quand ils ne sont pas rattachés directement à la famille Fisher, Brenda & Rico). C'est ce qui me fait passer la série de parfaite à "juste" excellente (car ces 2 dernières saisons sont quand mêmes très bonnes ne l'oublions pas) ^^
Quand au final dont tout le monde parle quand il évoque SFU, oui, c'est une excellente manière de terminer la série, oui, c'est émouvant...mais ça ne m'a pas autant touché que je l'aurais souhaité (sans doute parce que j'avais déjà vu).

Bref, Six Feet Under, c'est excellent mangez-en, même si y'a un léger essoufflement en 2ème partie de série (l'inverse d'un The Shield ou d'un Daria par exemple).

BILAN SIX FEET UNDER
Chaine : HBO (OCS en France)
Saisons : 5
Episodes : 63
Moyenne par saison : 15.27 - 15.54 - 15.42 - 15.17 - 15.50
Moyenne de la série : 15.38/20