Camille Preaker en fait l'expérience au cours de son reportage dans sa ville natale : il ne faut jamais revenir. Comme le chantait Barbara, "parmi tous nos souvenirs, ceux de l'enfance sont les pires, ceux de l'enfance nous déchirent".
L'histoire d'une enquête polymorphe, journalistique, personnelle, policière, sur deux affreux meurtres d'adolescentes, n'est pas originale en elle-même. Ce qui l'est, et qui donne toute la profondeur à la série, est le jeu sur la temporalité, sur l'histoire, et sur le poids, l'immense poids du passé qui désagrègent les êtres stagnants au fond des marécages de leur vie.
Même si le propos et le visuels manquent - très occasionnellement - de subtilité en enfonçant des clous trop gros dans notre imaginaire qui n'en a pas besoin, le scénario est bien mené, et - surtout - dans une atmosphère étouffante et enivrante d'un Sud en pleine décrépitude. Le mystère est aussi grinçant et sombre que les non-dits sont éloquents.
Emportés dans cette chaleur, les personnages sont bien écrits, bien dirigés et surtout magistralement interprétés.
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La série nous entraîne au fil des épisodes dans son lancinant sillage, et nous impose avec une douce violence un grave parfum de roses amères que l'on oublie plus.