On me vendait Rick and Morty comme étant une petite pépite valant le coup d'oeil, qu'à cela ne tienne ; 21 épisodes plus tard, le constat est sans appel : à la croisée d'une multitude de références du dessin animé humoristique(ment) caustique, la création du duo Justin Roiland / Dan Harmon est une délectable merveille d'impertinence et de créativité.
Dopé à l'adrénaline la plus follement innovante qui soit, Rick and Morty enquille intrigues barrées et tours de force en tous genres, celui-ci outrepassant sa nature première de divertissement sans véritable cohérence, alors pareille à un trompe-l'œil : de prime abord, la série brille de fait sous le prisme du caractère incontrôlable de Rick, vecteur d'un chaos ambiant sidérant et d'un pan technologique paraissant sans réelles limites, et dont l'association à un risible Morty s'auréole d'une complémentarité fondamentale.
La corrélation avec l'identité graphique du métrage s'impose en ce sens, ses airs quelque peu ingrats cédant le pas à une virtuosité créative dantesque, tel le parfait support d'un univers ratissant en long et en large avec une efficience rare ; sous couvert d'une pléiade de références sublimées par une VO inspirée, il en résulte également un humour acide diablement percutant et, surtout, se voyant couplé à la perfection à une richesse scénaristique infinie.
Le cocktail détonnant qui en résulte oscille ainsi entre délires métaphysiques maitrisés de bout en bout et thématiques familiales tout aussi hilarantes, la série dressant le portrait de personnalités aussi fouillées qu'attachantes : Rick est un scientifique de génie dont l'alcoolisme chronique n'a d'égal que sa nature terre-à-terre aigrie ; Morty est le parfait exemple du sidekick montant en puissance, son intelligence inférieure à la normale (de l'aveu même de ses parents) se mêlant à une composante morale en totale opposition avec son grand-père ; Summer est l'archétype de l'adolescente en mal de reconnaissance dont l'importance va aller croissante... puis viennent Jerry et Beth.
A l'instar des nombreux pères irresponsables en tête d'affiche des plus éminents animés satiriques, Jerry est une saveur unique : l'apothéose du pathétisme le plus humain, la tête de turc la plus ridiculement drôle qui soit, bref, un être redéfinissant les standards du non-respect sans pour autant virer dans le n'importe quoi (une formule relativement paradoxale vu le décor), et dont le mariage (à la peine) qu'il forme avec Beth illustre fort bien l'ingéniosité sous toutes ses coutures dont peut faire preuve Rick and Morty ; la sus-citée est en ce sens son antithèse la plus complète, femme de caractère empruntant de toute évidence à l'intelligence paternelle en sa qualité de "chirurgienne pour chevaux", et dont les relations amoureuse comme filiale vont démontrer d'une profondeur nullement anodine.
Certes, la majorité des épisodes peuvent se regarder distinctement les uns des autres, et là était le risque que de voir la série s'enliser dans une optique purement divertissante, sans véritable fond ; mais outre la qualité de ses protagonistes, d'autant que la galerie secondaire n'est pas en reste, Rick and Morty outrepasse un tel état de fait au moyen d'une ambiance aux divers accents, chapeautant alors un univers s'avérant, tout compte fait, pas aussi anarchique / irrévérencieux (à l'extrême) qu'il n'y paraissait.
Sous couvert d'une soundtrack ni plus ni moins excellente, la série s'offre ainsi un cliffhanger (saison 2) grisant, et même étonnant pour un divertissement de cet acabit, nous rappelant par la même occasion ô combien celle-ci aura pu allier avec tant de pertinence une tonalité réfléchie, si ce n'est grave, à une outrecuidance savoureuse en toile de fond.
Et maintenant je me retrouve comme un con à devoir attendre la suite... putain de coup de coeur.