Devenue complètement superficielle, l’émission enchaîne les interviews complaisantes avec des invités très majoritairement de droite, jamais mis en difficulté.
Les ennemis d’hier sont accueillis avec la déférence accordée aux monarques de l’Ancien Régime, et les propos racistes d’un ancien président ne soulèvent pas la moindre indignation sur le plateau.
L’humour lui-même a perdu sa causticité pour devenir un prétexte à l’euphémisme, pour transformer les scandales écoeurants en « gaffes » sympathiques.
Étrange contradiction entre l’engagement de Quotidien pour certaines causes humanistes (droits des LGBT, lutte contre les discriminations, le racisme, la précarité) et son zèle mielleux quand il s’agit de faire face aux responsables mêmes des maux dénoncés.
Aucun média n’est neutre ni objectif ; si Quotidien a véritablement des engagements sincères, il doit les assumer un minimum. Mais TF1 semble avoir imposé sa politique à l’émission, d’où une évidente modération du discours.
L’engagement n’est plus que de façade. Yann Barthès prend une mine grave pour évoquer les dérives autoritaires et les mensonges du gouvernement, mais peut sans problème partager des rires et sourires complices avec un ministre le lendemain, en éludant les sujets sensibles.
Les chroniqueurs moquent sans cesse la « com’ » des politiques, stars et grands patrons, mais s’y vautrent et la nourrissent à la moindre occasion si les intéressés se déplacent jusqu’au plateau, où ils savent d’ailleurs très bien qu’ils ne risquent rien, bien au contraire.
Une grande déception.