Le Dragon et le Papillon

Ping Pong est une pépite rare. C'est un des cas exceptionnels où les choses que je vois me donnent envie de pleurer sans que je sache vraiment pourquoi.
Il y a un vibe que j'aime bien : un vibe qui se ressent des l'intro et qui est présent dans toute la série, dans son ton général et dans ses personnages. Un vibe bien rock and roll, un élan de jeunesse et de rébellion fort cool, un esprit qui m'a toujours plu (cf. Fight Club).

Cette ambiance jeune et puissante passe aussi bien par la forme que par le fond, liées dans une harmonie jouissive. Ainsi, si Ping Pong attise la curiosité, c'est bien sur par son style graphique si particulier. Personnellement j'adore cette patte à personnalité forte, ça donne des délires visuels complètement fous, puissants visuellement et uniques en leur genre. On trouvera pas ça autre part. En plus, le trait qui est parfois un peu grossier et enfantin colle parfaitement à l'esprit rock and roll, insoumis et "va te faire foutre" de la série. Harmonie de la forme et du fond je vous dis.Encore mieux, Ping Pong insuffle dans cette insolence un vrai sens et une profondeur philosophique. On tient ici une série qui pose les bonnes questions : l'inné contre l'acquis, quelle place donner à chacun ? Que vaut le talent brut contre le raffinement par le travail et l'effort ? Est ce que je suis condamné à être un loser ?

A la manière d'un Kids on the Slope, Ping Pong est une série "tranche de vie", où l'on suit un groupe de jeunes en période de transition et devant affronter la vie elle même. Des tragédies à fleur de peau. Des soucis de jeunesse, quand tes problèmes existentiels veulent tout et rien dire. Quand tu ressens le poids du monde soutenu par une brindille. Normal que les jeunes gueulent. Normal, ce ton rock and roll, face à toute cette pression, besoin de décompresser, besoin d'hurler, besoin de s'affirmer comme on peut. En ce sens, oui, Ping Pong est une série sur le sport du ping pong, mais en tant qu'activité comme une autre qui sert à atteindre une meilleure réalité.
C'est marrant parce que oui, l'adolescence, je crois que ça a quelque chose d'intuitivement tragique. Une mélancolie inhérente. Il y a ça dans Ping Pong. Tous les personnages doivent vaincre leurs démons, et ils m'ont tous ému dans leur parcours. Du plus jeune au plus vieux, ils ont tous une histoire, des rêves, des regrets, qui sont montrés au compte goutte : simplicité et économie, dire beaucoup avec peu, j'admire ça.

Même les personnages les plus insupportables genre Smile avec toute son apathie et l'autre bigleux rageux là avec sa tête chelou, ils m'ont ému. Et puis Peco. Peco, je t'aime toi, tu es surement un de mes personnages de fiction préférés, et tu ne sauras jamais à quel point je me suis reconnu en toi. Peco le miroir déformant, l'explosion de couleurs et de sourires. Et Kong, je t'aime aussi, pour la progression de ton arc narratif, pour les enjeux qui pèsent sur toi, merci pour cette histoire aussi courte que belle.

Bref, j'ai même pas fini, peut être Ping Pong me surprendra encore plus dans les 3 épisodes (sur 11, de 20 minutes, foncez.) qu'il me reste. Mais ça m'a déjà donné assez pour m'avoir métamorphosé, pour que je sois sorti du cocon, de l'armoire où je me cachais, la main tenue par un robot héros encourageant.

https://www.youtube.com/watch?v=Px9FvddtgpM