
Force est de le reconnaître, rendre compte de la réalité complexe du processus décisionnel européen et de ses (dés)équilibres politiques par l'humour, les quiproquos, et, parfois, l'absurde, n'était pas une mince affaire. Équivalent européen de la cultisme Veep, Parlement se positionne à mi-chemin entre pédagogie et rire, sans nécessairement les placer sur un pied d'égalité.
Pour expliquer tout en divertissant, Parlement nous présente la réalité du travail au sein du Parlement européen à travers les yeux de Samy, nouvel assistant parlementaire travaillant pour un député centriste dont l'activité n'a d'égal que l'intelligence, approchant le zéro absolu.
Avec Samy, nous découvrons peu à peu les différents ressorts juridiques et positions de pouvoirs au sein de l'institution. Ayant moi-même travaillé au Parlement européen (en tant qu'assistant parlementaire stagiaire), la série rend compte intelligemment de ces différents procédés, sans rentrer dans des détails techniques qui ralentiraient le rythme de ces courts et dynamiques épisodes.
Cependant, ce souci constant de divertir un public peu familier avec le monde européen dessert fortement la série. Les personnages deviennent trop caricaturaux et leur stupidité intrinsèque nous éloigne d'une critique valable de leur comportement. Au delà de certaines situations proprement surréalistes au sein d'une institution européenne au profit de la satire de ses acteurs, Parlement, met en scène des députés sans réelle motivation, répondant à des injonctions et des mots clés tels des chiens bien éduqués. En ce sens, la série déshumanise (à une exception près) les seuls représentants européens directement élus, légitimant ainsi les critiques eurosceptiques dénonçant des députés inactifs laissant la main mise à une Europe technocratique. Sans la subtilité de Veep, Parlement est une série divertissante à prendre avec du recul quant à la réalité, non pas du travail, mais des acteurs du Parlement européen.