Parade's End
6.4
Parade's End

Série BBC Two (2012)

Que je vous arrête tout de suite, Parade's End n'est pas un spin-off bizarre de Game of Thrones qui se passerait dans une Angleterre du début du XXème siècle dans laquelle Ned Stark aurait été téléporté un quart de secondes avant de mourir, téléportation que personne n'a pu voir car beaucoup trop rapide pour nos yeux. Non, Parade's End est un Period Drama - et cela n'est pas un drame que les filles regardent pendant leurs règles...enfin elle peuvent aussi.

[légers spoils, du premier épisode seulement]

Cela dit, en rencontrant Christopher Tietjens, j'ai immédiatement pensé à ce bon vieux Ned à cause de cette phrase qui pour moi le résumait : he's too righteous for his own good. Attaché à des valeurs et traditions du siècle passé - du XIXème, donc - Christopher accepte d'épouser Sylvia car il est possible qu'elle porte son enfant. On a presque du mal, quand on voit cet homme, à comprendre comment leur rencontre a pu se produire. Bien sûr la beauté et sans aucun doute le côté provocateur de Sylvia expliquent aisément comment il a pu tomber sous son charme pour ce qui aurait dû n'être qu'un moyen de passer le temps lors d'un voyage en train.

Rapidement, sans je crois se détester, ils s'indiffèrent. Sylvia, habituée à se servir des hommes pour arriver à ses fins, sans doute sa seule manière d'exister dans le monde de ce début de XXème siècle, ne parvient pas à manipuler son mari. Quant à lui, cette femme reste probablement un mystère à ses yeux d'intellectuel, mystère qu'il ne tient pas vraiment à résoudre. Sylvia va le tromper, il ne divorcera pas car cela n'entre pas dans ses principes et sa conception du monde. Pendant une bonne partie de la série, il essaiera de maintenir des valeurs, ou au moins leur apparence. Alors quand il rencontre Miss Wannop, qu'il tombe instantanément amoureux d'elle pour tout ce qu'elle a de fraîcheur et d'innocence qui manquent à Sylvia, pour sa modernité dont lui-même manque, il décide de faire la seule chose qu'un homme marié se doit de faire : rien.

Alors bien sûr, on a envie de le frapper, Christopher. Car on ne peut s'empêcher de penser qu'une partie de ce qui le rend malheureux n'est dû qu'à ses choix, certes honorables, mais pas toujours en sa faveur. Il défend ses valeurs que ce soit dans la famille ou dans le monde, s'engageant dans la première guerre mondiale alors qu'il avait les moyens d'éviter d'y aller. Benedict Cumberbatch nous livre un personnage à des années lumières du Sherlock que nous lui connaissons. Il assume pleinement sa coupe de cheveux atroce - et croyez-moi ce n'est pas une mince affaire - face à deux belles femmes qui ne déméritent pas pour lui donner la réplique.

Mais ne vous inquiétez pas, Christopher Tietjens n'est pas le seul que vous aurez envie de frapper. Vous voudrez sans doute aussi taper sa femme, la sublime Rebecca Hall qui se débrouille très bien aussi quand il s'agit de faire de mauvais choix. Si dès le premier épisode elle a le mauvais rôle, sa quête à mi-chemin entre vengeance et rédemption nous la rendra presque sympathique. En tous cas, son personnage haut en couleurs en éclipse pas mal d'autres et apporte une vraie touche de fraîcheur à cette série. Vous pourrez aussi frapper Miss Wannop, énervante quelques fois dans sa naïveté, son côté guimauvesque. Dommage que son caractère qui semblait fort ou ses convictions de suffragette s'éclipsent parfois un peu trop.

Parade's End nous montre aussi que la guerre c'est moche et sale, et en plus ça tue des gens. Que parfois il est difficile de trouver à quoi se raccrocher, et pourtant il faut trouver sous peine de perdre complètement la tête. Moche et sale, comme l'amour que l'on ne trouve pas toujours où on l'attendait, comme on l'attendait, qui lui aussi fait perdre la tête parfois.

A voir de préférence avec quelqu'un à frapper à côté de vous pour faire passer vos pulsions violentes qui ne manqueront pas de naître en voyant comment se comportent certains personnages. Et avec quelqu'un à câliner si vous êtes un peu sensible ou fleur bleue pour faire passer vos élans émotionnels.

Ca devrait bien se passer.

Je me demande quand même ce que cela aurait pu donner, Ned Stark à la place de Tietjens...
Nomenale
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le 24 janv. 2014

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Nomenale

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