« J’attends la justice de mon Dieu »

Banalisation du crime, fracture sociale, paradoxe identitaire.

Oussekine c'est d'abord l'histoire d'une injustice : l'assassinat d'un français d'origine algérienne dans les événements de 1986 : Malik Oussekine.

Mais c'est aussi et surtout l'histoire d'une famille d'immigrés algériens qui décident de vivre en France pour fuir toute forme d'inhumanité.

Misère et violence coloniale les poussent à quitter leur pays pour enfin trouver la sécurité, l'égalité, la fraternité et autres prétendues valeurs fondamentales de la démocratie.

C'est la désillusion.

Rejet, mépris, haine et raccourcis xénophobes en tout genre -nourris entre-autres par la guerre d'indépendance 1954-1962- rythment la série la conduisant ainsi vers un dénouement des plus abjectes.

L’injustice est si omniprésente que je n'ai pu m'empêcher de faire le parallèle avec une réflexion d’Edward Saïd, auteur de L’Orientalisme, qui développe toute une réflexion autour de l’Orient qui ne serait selon lui autre qu’une création de l’Occident : « Son double, son contraire, l'incarnation de ses craintes et de son sentiment de supériorité, la chair d'un corps dont il ne voudrait être que l’esprit. »

Le projet qui prévoyait une sélection à l'entrée des universités a été abandonné, certes, mais Malik et d'autres ont été victimes de l'absurdité et de la cruauté.

C'est l'exemple parfait de : réparer une injustice par une autre.

Le plus tragique, c'est que ce sentiment de rejet est d'autant plus accentué dans le pays de départ que dans le pays d'arrivée (cf. Lorsque la famille retourne en Algérie dans le but de recommencer sa vie là-bas : en France le père est un étranger, en Algérie, c'est un traître. Traître pour s'être installé avec sa famille ailleurs qu'en Algérie).

Être doublement étranger, infiniment étranger, est un sentiment commun à tous les immigrés et plus particulièrement aux enfants d'immigrés. En France t'es le bougnoule, en Algérie t'es le francisé. La série a su mettre l'accent sur cette problématique tant négligée voire niée.

Je n'ai jamais autant pleuré en regardant une série, la souffrance y est sublimée afin d'illuminer la tolérance et de courronner la dignité.

Et je finirais ma critique sur ces deux citations de Pablo Neruda :

Je veux vivre dans un monde où les êtres seront seulement humains, sans autres titres que celui-ci.

Ils pourront couper toutes les fleurs, ils n'empêcheront pas la venue du printemps.