J'ai demandé à la Lune...

La machine à série Marvel étant lancée depuis un bon moment, avec ses œuvres sur Netflix comme sur Disney +, intégrées ou non au MCU, Moon Knight fait donc partie de ses nouveaux rouages fraîchement installé. Cependant, et autant le dire de suite : cette série n'annonce aucunement une suite et ne fait entrevoir aucune possible intégration au MCU.

Nous sommes donc face à une série stand-alone, et on peut vite comprendre pourquoi quand on voit le personnage qui est ici porté à l'écran par Oscar Isaac (et en pleine forme, croyez moi). Moon Knight, dont je n'ai jamais lu aucun comics, montre bien qu'il est assez à part dans la myriade de super-héros disponible, avec notamment celui qui se cache sous son costume : Marc Spector, ou Stephen Grand.

La série impose dès son premier épisode une certaine cassure avec la production habituelle en nous narrant la vie nocturne de Stephen Grant, vendeur de souvenirs dans un musée d'histoire à Londres. Tourmenté par un somnambulisme étrange, le faisant se réveiller à différents endroits du globe, il dort attaché à son lit tout en évitant le plus possible les bras de Morphée. Le ton et l'ambiance laisse d'abord supposer un traitement psychologique du personnage et de la menace sectaire qui va l'amener à découvrir qui se cache dans les recoins de son esprit embrumé. Oscar Isaac campe à merveille son rôle, oscillant avec grâce entre les multiples facettes de son personnage, rappelant à quel point il est l'un des acteurs à suivre de près.

Pour autant, Ethan Hawke, incarnant l'antagoniste, est quant à lui plus réservé, voire même impassible le plus clair du temps, ce qui aura eu le ton de me décevoir un brin, venant d'un acteur aussi talentueux.

Toujours est-il que si je ne parle que du premier épisode, c'est bien pour une raison, et pas des moindres : le rythme global de cette série de six épisodes est en dents de scie. Après deux premiers épisodes plutôt psychologique, un rythme de croisière mou et plus classique durant l'épisode 3 et 4 laisse dubitatif quand à la conclusion qui peine à se montrer. Cela va même plus loin avec un cinquième épisode qui fait s'arrêter net toute la trame, quoiqu'il offre au passage l'un des meilleurs épisode de la série.

Et ce qui devait arriver arriva, avec un sixième épisode allant à toute vitesse pour nous offrir une confusion bâclée et confuse, emballant le tout en vitesse pour nous laisser sur un sentiment de "tout ça pour ça ?". Cette ambivalence dans le choix du rythme se ressent donc aussi dans la mise en scène, ainsi que dans la musique, qui alterne autant avec de la pop orientale que de la musique épique de blockbuster. Cela paraît anodin, mais ne pas garder une ligne constante en terme de choix de musique empêche d'être totalement immergé dans l'univers.

Du côté visuel, la surprise n'est pas vraiment présente, car hormis quelques plans au montage agréables, on est très loin de se flatter la rétine. Les combats sont souvent très mous et surcutés et ne parlons même pas des CGI qui, à part pour certains personnages, sont surtout très visibles.

Enfin, les personnages et leur motivation respectives sont pour la plupart basiques et vus et revus. Sans surprise, seul Marc Spector ressort du lot, avec justement un épisode 5 qui, bien que très mal intégré dans la série, reste excellent pour développer le pan psychologique du personnage. Mais côté love interest, même si elle s'avère être aussi un peu "badass", elle n'en reste pour le moins que très fade et raccrochée au personnage principal par ses sentiments (d'ailleurs assez incompréhensibles).

La série Moon Knight est une tentative ratée de proposer quelque chose de différent dans l'immense écurie de super-héros Marvel, et si l'on sent un énorme potentiel avec le matériau de base, la série ne semble que le trahir de bout en bout. Préservez vous de ses 4h30.