
Je passe sur la forme : c'est + beau que la moyenne, + habilement joué, et l'inclusion menée par Marvel dans ses récentes productions a ici enfin un peu d'intérêt.
On sent que Mickey lâche un peu du lest, en tout cas débride ses réalisateurs.
Un seul problème sur la forme : la durée. 6 épisodes trop courts qui empêchent de prendre le temps de complexifier les personnages, et d'approfondir les enjeux (ou l'inverse).
Sur le fond, j'ai plus de choses à dire. Si la réalisation est (un peu) plus osée, le texte, lui, reste l'encéphalogramme plat. D'un classique rise & fall à un relationnel de maternelle, les scénaristes sont bridés par des histoires pleines de poncifs et calquées sur mille autre aventures héroïques : c'est la patte Disney.
Le monstre américain, non content d'aseptiser des histoires déjà simplistes, vient rajouter un niveau supplémentaire dans la perte de repères avec son traitement donné de plus en plus souvent aux antagonismes. C'est un comble pour Disney, qui a parfois glacé mon enfance avec des méchants terrifiants.
Raccord avec le monde moderne, Marvel procède à une double évolution de ses personnages, en parralèle d'une progression de l'inclusion à gros sabots et pas toujours très intelligente.
Ses héros deviennent de plus en plus torturés et faillibles, alors que ses méchants sont de plus en plus déterminés à défendre des causes intelligibles. Conséquence : je m'identifie de plus en plus à la quête des méchants. Pourtant je ne vote pas Marine Le Pen, que se passe t'il ?
J'en viens à mon débat : Aujourd'hui je suis perdu.
Qui est le méchant dans Moon Knight ? Le justicier qui tue "pour le bien" ou Harrow, le serviteur pieux qui veut sauver l'humanité de ses pêchés ? Le dieu manipulateur qui massacre les méchants selon son bon vouloir, ou celui qui avale les âmes de tous les méchants passés et à venir ?
Qui est le méchant ? Thanos qui propose de supprimer aléatoirement la moitié de l'univers pour sauver l'autre moitié ? Ou les vengeurs qui suppriment Thanos sans plan pour la suite ?
Qui est le méchant ? T'Challa qui protège les acquis de son peuple ou Killmonger qui prend sa place pour aider tout le continent avec la puissance du Wakanda ?
La scène de fin, où le gentil avatar épargne le méchant avatar "pour ne pas devenir comme lui" m'a encore une fois laissé songeur. Je l'ai peut être trop vue dans la pop culture pour ne pas attendre autre chose que ce genre de platitudes pour justifier la différence entre les deux.
Il y a 10 ans le joker le disait à Batman : "You're one bad day away from beeing me".
Le punisher le répétait à Daredevil 5 ans plus tard, et je préférais ces versions du questionnement super héroïque en me demandant ce qui se serait passé si Netflix avait racheté Marvel.