Miss Marvel
5.4
Miss Marvel

Série Disney+ (2022)

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L'enthousiasme contagieux de Kamala Khan (saison 1)

Après la déception "Moon Knight", "Miss Marvel" ne représentait pas le projet le plus susceptible de relever le niveau des séries du MCU à mes yeux, surtout par son orientation très teenager que laissait transparaître sa bande-annonce (et je dois bien avouer que c'est une super-héroïne que je connaissais finalement assez peu, je ne l'ai croisée récemment que dans le dernier jeu vidéo "Avengers"). Et pourtant...

Porté par l'énergie visuelle du duo belge El Arbi & Fallah pour dessiner l'imaginaire débordant de cette adolescente aux quatre coins de l'écran, l'épisode inaugural de "Miss Marvel" m'a instantanément séduit par ce si agréable vent de fraîcheur qu'il vient faire souffler sur le monde télévisuel du MCU !

Dans un univers très coloré mixant le bouillonnement perpétuel d'un esprit de cet âge aux composantes de son quotidien, le rayonnement propre à la personnalité de Kamala Khan est tel qu'il ne peut que nous attacher à elle en l'espace de quelques minutes, en partie grâce au naturel enthousiaste de sa jeune comédienne Iman Vellani visiblement aussi fan des super-héros Marvel que son personnage, mais avant tout par la manière simple et solaire que la série a d'aborder la vie d'une jeune musulmane américaine tiraillée entre un entourage familial chaleureux porté sur les traditions et les tourments habituels d'une lycéenne de 2022.

Et, si les épisodes suivants vont peu à peu appuyer sur la pédale de frein des extravagances visuelles instaurées par le premier (le passage de flambeau de El Arbi & Fallah à Meera Menon derrière la caméra se fera clairement sentir), "Miss Marvel" saura conserver intact ce lien installé avec Kamala et ses proches avec pas mal de sourires ou d'instants emprunts d'une émotion sincère (mention spéciale à sa relation avec sa mère géniale interprétée par Zenobia Shroff) tout en n'étant que rarement prise en défaut sur l'intelligence du traitement des spécificités culturelles et religieuses de Kamala, la série va même s'intéresser par ce prisme à des thématiques fortes comme le souvenir tragique de la partition douloureuse de l'Inde (par les racines pakistanaises de Kamala), les revendications des femmes au sein de la religion musulmane (à travers la candidature de sa meilleure amie à un poste de la mosquée du quartier) ou le regard hélas toujours soupçonneux des autorités US à l'égard de la communauté musulmane d'une résilience à toute épreuve.

Toutefois, au-delà de ces qualités ayant trait à son contexte et à ses protagonistes, comme son titre l'indique, "Miss Marvel" est d'abord une série Marvel qui va bien sûr parler de l'avènement des pouvoirs de cette super-héroïne en devenir et l'apparition d'une menace à vaincre.

Sur le premier point, "Miss Marvel" va bien s'en tirer, mêlant la donne habituelle de l'apprentissage des super-pouvoirs de Kamala (au design certes parfois discutable pour les représenter) à la bonne humeur de l'ensemble et n'en faisant étonnamment qu'un élément secondaire des premiers épisodes pour mieux privilégier les autres axes plus humains du récit. En tant que telle, sa formation autodidacte de super-héroïne au sein de sa communauté, avec les maladresses qui lui sont inhérentes, rappelle celle d'un apprenti Spider-Man privilégiant la petite échelle de son quartier et des siens, la série semble d'ailleurs vouloir entretenir sciemment le parallèle en faisant intervenir le Damage Control en compagnie de certains gadgets vus dans la trilogie de l'Homme-Araignée du MCU, et tout cela participe de fait à entretenir un sentiment de proximité avec Kamala, passionnée de super-héros se retrouvant du jour au lendemain dans leur position grâce à un mystérieux bracelet.

Puis va venir le danger à affronter qui va mettre désormais l'aspect super-héroïque plus en avant... Dans l'idée, il n'est pas bête en créant un lien personnel avec le passé de Kamala (et en la poussant à y aller s'intéresser) tout en servant de métaphore fantastique à la difficile intégration d'êtres expulsés contre leur gré de leurs terres mais son exécution et la manière de l'incarner en une bande d'antagonistes aux multiples volte-face improbables vont se mettre malheureusement à tirer "Miss Marvel" vers le bas, surtout pendant ses épisodes 4 et 5.

Entre des passages à l'acte totalement irréfléchis ou une évasion grotesque, ces vilains ne vont être que des prétextes scénaristiques risibles et utilisés de façon éhontée pour délivrer un quota d'action pas honteux mais franchement oubliable au sein d'un spectacle se rapprochant peu à peu de la formule Marvel la plus banale. Et, vu le format de six épisodes de cette première saison, le fait que leurs face-à-face avec Kamala se mettent à en monopoliser la durée relègue tout ce qui faisait le charme de la série au second plan ou à des développements qui n'en sont en réalité plus. Malgré de bonnes initiatives qui nous font tenir (tout ce qui est rapport avec un certain train), on commence sérieusement à penser que "Miss Marvel" va complètement sombrer dans les pires tares des séries du MCU.

Mais, miracle, le duo El Arbi/Fallah fait son grand retour surprise et tonitruant pour livrer ce qui est sans doute le meilleur final d'une série Marvel à l'heure actuelle, retrouvant la fougue irrésistible des débuts de "Miss Marvel" pour la combiner aux dimensions d'une vraie bataille épique où toutes les qualités majeures de la série brillent à nouveau de leur plus bel éclat ! Avec ce tandem pour la mettre en valeur, "Mrs Marvel" retutoie enfin véritablement ce qui nous l'a fait immédiatement aimer et parvient même à nous laisser en bonus sur un teasing monumental de l'avenir du MCU et sur une scène post-générique donnant forcément envie que le film "The Marvels" arrive très vite ! Car, une chose est sûre, on meurt déjà d'envie de retrouver Kamala Khan dans une aventure qui, on l'espère, sera mieux maitrisée en totalité.

P.S.: En ce qui concerne la note peut-être généreuse, elle s'explique par le fait que je préfère nettement retenir les aspects les plus enthousiasmants de la série, il y a eu certes un bon tiers très en-dessous du reste mais cela ne peut ôter le plaisir pris lors de ses meilleures moments. En aucun cas.

RedArrow
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le 16 juil. 2022

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RedArrow

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