
Holden Ford est le héros d’un thriller psychologique aux dimensions infinies. Il participe aux premiers jours du profiling et des études en psychologie criminelle au sein du FBI. Le personnage est au centre d’une innovation massive dans le domaine de la criminologie. Tout commence avec des entretiens de tueurs « en séquences », qui deviendront vite des tueurs « en série ».
Avec Mindhunter, on s’aventure dans une recherche glauque et sans fin. Les dialogues, finement ficelés, constituent la porte d’entrée dans des esprits meurtriers pour tenter de déceler des motivations inhumaines.
Les trames narratives des personnages sont brillamment économisés et exploités. Tandis que la vie privée d’Holden est un livre ouvert, celle de son partenaire, Bill Tench, est bien plus complexe. Une vie de famille difficile, des relations tendues…
Wendy Carr, une professeur en psychologie, s’impose peu à peu comme l’esprit chercheur de l’unité. Elle n’approuve pas les méthodes de ses partenaires et s’en tient aux techniques de recherches universitaires.
Holden Ford va toujours plus loin dans l’analyse des tueurs en séries. Les entretiens avec ces derniers, dans des prisons et des asiles psychiatriques, révèlent autant à l’audience qu’aux personnages eux-mêmes. Ils enregistrent méticuleusement chaque entretien et les notes sont regroupées. L’objectif ; déceler des schémas similaires chez des suspects, résoudres les crimes plus vite. Chaque scène se loge brillamment dans la construction des personnages et vient déranger leur assurance.
Le jeune et curieux agent progresse rapidement dans ses analyses comportementales. Il gagne en confiance et en maturité au fil des épisodes. De l’instructeur ignoré à l’enquêteur “magicien”, reconnu et admiré, il n’y a qu’un pas. Jonathan Groff, dans le rôle de l’agent Holden et un ancien de Looking, série HBO, prouve de nouveau des qualités pour des rôles graves et spontanés.
John Penhall livre une série qui privilégie la force des mots et des regards aux détails graphiques et sanglants. La mise en scène lente, transportée à l’écran par David Fincher, traduit la noirceur et la lourdeur des récits.
Mindhunter n’oublie pas de refléter la société américaine à la fin des années 70. Discriminations contre les femmes, division entre “hippies universitaires” et agents du FBI… Les recherches progressistes menées par Ford, Carr et Tench font d’abord tâche dans une institution conservatrice puis gagnent vite en reconnaissance.