Mindhunter
7.8
Mindhunter

Série Netflix (2017)

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La prolifération d'émissions à sensation à la télévision est un constat alarmant. La course est au "toujours plus" avec des faits divers sanguinolents et malsains. Mais alors si ces "documentaires" sont si difficiles à regarder, pourquoi rencontrent-ils tant de succès ?
Pour la simple et bonne raison que cela rassure les gens. Ils sont rassurés de voir que les personnes qui commettent des crimes sont différents d'eux, rassurés de voir qu'ils ne sont pas comme ça et qu'ils ne le deviendront jamais.


Mindhunter réussit à briser cette distance inconsciemment instaurée en faisant valoir que hormis le parcours de vie, rien ne nous sépare de ceux qui sont derrière les barreaux.


L'histoire narrée est celle de deux agents du FBI et d'une psychologue qui, dans les années 70, vont passer en revue les cheminements de pensée des criminels violents, leurs vies privées, leurs modus operandi etc. Les prémices du profilage en somme.


Ce qui choque d'emblée dans la série est son ambiance lourde et pesante, particulièrement lors des entrevues avec les tueurs en série. On en ressort presque aussi vidé que ceux qui l'ont interrogés. Ce ressenti est brillamment servi par des effets de mise en scène comme l'utilisation récurrente du changement de focus sur les personnages, accentuant encore plus la lourdeur et l'impact de leurs dires. La musique est d'ailleurs très peu présente, ce qui a le don d'entretenir l'angoisse et de ne pas laisser respirer le spectateur.


En outre, les trois protagonistes livrent une prestation convaincante, incarnant par la même occasion trois visions très répandues à l'égard des criminels.



  • Wendy Carr, très académique et méthodique, les voit comme un sujet d'étude comme un autre. Elle est très froide et très théorique dans son approche. Elle n'en rencontre d'ailleurs aucun durant son étude.

  • Bill Tench lui, est rempli de mépris, d'incompréhension et presque de haine à leurs égards. On peut parfois même déceler de la peur dans son comportement. Il instaure une forte distanciation et refuse de s'investir émotionnellement.

  • Holden Ford enfin, leur porte un regard compatissant, presque bienveillant et plein d'humanité.
    Ce qui le conduit parfois à perdre ses repères en se retrouvant trop proche d'eux. Il est fasciné par ce qu'ils ont à lui apporter et en oublie parfois tout le reste.


En parallèle des quelques enquêtes et des interviews, les épisodes sont entrecoupées de moments de vie de qualité et d'intérêt inégal. En effet, si la relation qu'Holden partage avec sa copine est intrigante, la vie de Wendy n'a aucun intérêt et celle de Bill aurait mérité davantage de développement (CF sa relation avec son fils).


Malgré un final un tantinet décevant qui laisse sur sa faim, cette première saison de Mindhunter est une réussite. Elle rappelle, n'en déplaise à la plupart de la société, que les criminels ne sont pas une race à part entière.
Vous n'en êtes pas convaincus ? Posez vous cette simple question : ne vous laisseriez vous pas aller aux pires exactions possibles si vous saviez qu'en retour vous ne seriez pas inquiétés ?

MireurTom
7
Écrit par

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le 29 oct. 2017

Critique lue 676 fois

1 j'aime

Tom MIREUR

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