
En général j'aime bien les séries policières. Je n'aime pas spécialement les séries policières qui résolvent une affaire en un épisode, à part quand la série ne prétend pas proposer une histoire complexe, mais des crimes passionnelles, des choses simples (Longmire, Happy Valley...). J'aime quand les séries prennent leur temps dans les enquêtes (Broadchurch pour ne citer qu'elle), parce qu'une enquête est souvent faite de tâtonnement. En gros, j'aime quand les enquêtes sont le plus proche de la réalité. C'est la raison pour laquelle j'apprécie aussi les séries qui traitent de serial killer, mais le genre de Wire in the Blood, pas d'Esprits Criminelles.
Je dis souvent que ce qui m’intéresse le plus dans les séries ce sont les personnages. Si j’aime les séries policières comme je l’ai décrit précédemment, c’est pour l’humain. Ce n'est pas tant l'acte du crime, la pression de trouver le meurtrier, le fait de savoir qui sait, qui m'intéresse. Non, ce qui me plait dans ce genre de séries c'est de voir comment une enquête peut endommager les policiers qui travaillent sur l'affaire, comment l'entourage des victimes peuvent le vivre (plus rare à la télé), et de connaitre le meurtrier principalement pour comprendre la logique du tueur, les circonstances, ce qui fait qu'ils sont passés à l’acte.
Mindhunter c’était donc fait pour moi. C’est une série qui prend le temps de poser les bases de cette histoire, les prémices de ces recherches si importantes. On voit que les choses ne sont pas si simples pour arriver à analyser ce type de personne, pour faire comprendre aussi de son utilité. J’ai aimé que la série alterne avec les recherches en elle-même (ce que cela fait émerger comme analyses, caractérisations, questionnements), tout en proposant plusieurs enquêtes ou la théorie se confronte à la pratique, avec toutes les conséquences que cela peut avoir. Cette série est donc fascinante dans les recherches sur les serial killer, parce qu’elle construit peu à peu des éléments de caractérisation, qui sont aujourd’hui bien connu, mais replace ces connaissances dans un contexte scientifique et pas toujours exclusivement dans la pratique/sur le terrain.
La série réussi surtout à faire vivre cette petite équipe, dont l’impact de cette recherche au quotidien a des répercussions. On voit comment ces atrocités, la confrontation avec les meurtriers lors des entretiens et la réflexion qu’ils doivent avoir pour les analyser, peuvent les endommager. On peut voir la lassitude et les doutes des personnages. Chez Holden, le personnage principal, l’impact est encore plus dangereux et sournois.
Mindhunter réussi à parler d’un sujet qui a déjà été mainte fois traité, mais sous un angle très intéressant, celui des origines d’un terme qui fait froid dans le dos. La série aurait pu tomber dans le piège d’une surabondance de terme et de concept, dans un rythme endormant. Le pari de mêler théorie et pratique en révélant les difficultés des deux versants, est réussi. L’autre piège était d’aller dans le sensationnalisme, en en faisant trop dans le sordide, heureusement ici cela reste bien dosé. Par ailleurs, Mindhuter ne passe pas à côté du traitement des incidences sur les agents impliqués dans ces recherches. Tous les personnages n’ont pas le même traitement à ce niveau-là, mais j’ai confiance que la suite de la série renforce encore plus ce versant, d’autant plus après ce final.
La seule chose que je peux reprocher à la série c’est ce choix d’introduction d’épisode, qui me semble à la fois convenu et finalement peu utile tant le schéma suggéré me semble limpide et peu intriguant.