Alors, c'est joliment réalisé, magnifiquement joué, bien construit, les personnages principaux sont attachants et on se sent vraiment immergés dans ce petit monde... Mais ce misérabilisme ambiant... Franchement, j'ose croire que dans un village d'à peine 200 habitants, il peut se passer 15 minutes sans qu'un drame monstrueux se produise, pas vous ?
Non parce que là en 7 épisodes, on digère : homicides, tentatives de meurtre, actes de bullying violents, suicide, tentative de fratricide, adultère, pédophilie, fabrication de preuves, overdose léthale, chantage, deuil pas fini, problèmes de drogues...
Et si ce n'était que ça ! Mais il faut qu'en plus la moitié des individus de ce patelin se comportent comme d'ignobles connards. Alors on essaye tant bien que mal de ne pas tomber dans le manichéisme avec des twists parfois franchement tirés par les cheveux, mais globalement c'est tellement sinistre, tellement déprimant que ça perd de toute façon en réalisme. Comment en quelques mois il peut se dérouler autant de trucs tordus dans une ville de 5km de diamètre ?
Alors oui, c'est esthétiquement soigné mais on dirait que le scénario ne sert qu'à justifier une longue et pénible contemplation de la misère humaine sous toutes ses formes, en parsemant çà et là quelques lueurs d'espoir qui ne cassent pas 3 pattes à un canard.
Je ne m'attends pas à recevoir du bonheur en barre quand je regarde une série policière, mais si on m'emmène aussi loin dans les tracas quotidiens d'une bourgade pareille, je m'attends à ce qu'il y ait un vrai message, un vrai parti pris d'ambiance ou de dénonciation, et je ne vois rien dans Mare of Easttown qu'un écrin charmant mais complètement vide, sublimé par ses ornements extérieurs.