Love, Death & Robots
7.4
Love, Death & Robots

Dessin animé (cartoons) Netflix (2019)

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Tendre souvenir, mes années collèges, l'apparition d'une chaîne assez singulière qu'était SyFy.
Et le matin, avant que les programmes ne commencent vraiment, un enchaînement nébuleux de courts métrages d'animations, souvent dans une 3D maladroite, qui nous rappelait qu'on était bien en face de courts étudiants, avec tout les défauts du manque d’expérience et la fougue créatrice qui les caractérisent.


J'ai toujours un peu nostalgique de cette télévision différente. Ces programmes de l'aurore, qu'on regarde dans un état second, les yeux pas encore trop ouverts, l'esprit pas encore assez fermé, avant de revenir à la réalité. Un rêve crépusculaire après le rêve, une capsule de bizarre dans une routine bien normale.


Mais les modes de consommation ont changé, la télé est pour beaucoup un lointain souvenir, les écrans se multiplient, s'exportent et rétrécissent. Il n'y a plus la saveur de l'attente de la semaine pour avoir la suite d'aventures trépidantes de ses séries préférées, il faut enchaîner vite et bien.
On ne va pas se mentir de suite, je ne suis pas du tout fan de Netflix. Et même pas pour ce changement des modes de consommation que la plate-forme a induit et popularisé (voir normé) mais pour la hype.


Hipster contre les hipsters de beaucoup diront mais c'est comme ça, il faut se méfier de la hype, quelle qu'elle soit et toujours remettre en cause l'avis du plus grand nombre. Et Netflix, c'est devenu un sacré monstre. Comme si désormais il y avait le grand N rouge et les autres. Tout le monde parle de la nouvelle sortie Netflix, on s'en extasie, les pubs s'affichent partout et la concurrence peine à ne serait-ce que recrée un dixième de cet engouement (à part cas spécial de Games of Thrones et consorts installés dans le paysage audiovisuel depuis longtemps).
On peut comprendre que la facilité d'accès légale et peu onéreuse à un catalogue gigantesque de films et séries justifie le fait d'un bouche à oreille plus grand mais pourquoi autant d'entrain ?


Netflix n'a jamais prouvé que le qualitatif était son fer de lance. Avant d'être un producteur qu'on assimile à l'eldorado des réalisateurs de films qui veulent laisser parler leur création, on est surtout devant une plate-forme qui, ne communicant jamais sur ses audiences, a un business model assez novateur dans le milieu : le buzz. Faisant fi des critiques, chiffres et autres données habituels, la firme californienne veut qu'on parle d'elle, le plus possible et sur un laps de temps assez court. Logique pour du contenu qui sort d'une seule traite et se consomme sur le pouce.


Love, Death & Robots est un pur produit Netflix. Facile à consommer, rapidement oubliable mais proposant un high concept qui fera indubitablement parlé pendant quelques jours. Et dans cette coquille, rien. Un melting pot hasardeux d'histoires qui a tout a envié aux anthologies dont pourtant il essaye de s'acoquiner honteusement.
Avec un générique impersonnel et vaniteux au possible, on tente de toucher notre fibre Black Mirrorienne, sans jamais rien dire, dénoncer ou même vouloir faire ressentir au badaud.
Aucune vision globale mais surtout aucune constance dans le niveau.


Un début de saison poussif et qui laisse songeur sur la sélection de l'ordre des épisodes avec un épisode 1 en ouverture, moribond, vide et trop long (sic). Mais voilà, c'est Netflix et ce paquet de 18 Kleenex se consomme vite, dans l'ordre qu'on veut et sans forcement en finissant chaque exemplaire. La série n'a même plus volonté à être série mais juste une playlist Youtube de court métrages d'arts du monde entier. Un article Konbini du best-of 2019 de ce qui se fait dans le monde de l'animation.


Certes, je critique beaucoup le fond mais la forme n'est pas au beau fixe non plus. Tout le paradoxe réside dans le fait que bon nombre des épisodes avec la 3D la plus "réaliste" sont les moins intéressants. Une vallée de l'étrange où ces trop beaux visages n'expriment plus rien, des cinématiques de jeux vidéo AAA auxquels on a même pas eu au moins le plaisir de jouer avant. Déshumanisés là où justement tout est fait pour nous ressembler, on préférera alors se tourner vers des épisodes plus téméraires mais moins nombreux. Il y a à boire et à manger, clairement j'ai pris mon pied sur quelques épisodes mais il n'y a rien qui justifie de crier aux génies. La meilleure des idées reste une ébauche, qui ne prend pas son temps, basée sur du story-telling timide où il y avait presque matière à faire plusieurs minis séries.
Alors imaginez pour les pires épisodes.


Beaucoup trop de moments de purs actions, qui ne dit plus rien, qui ne montre rien et qui se permet le luxe de faire croire au chaland qu'il est face à un produit irrévérencieux parce qu'il y a des têtes coupés et des teubs qui se baladent à l'écran.
LDR plus qu'un exemple de ce qu'est Netflix est un pur produit de son époque. Nous voilà en 2019 où on rigole de chats (mon dieu 2 épisodes..), de Hitler et de paradoxe temporels. Une série importante à ce titre-là donc, puisque ce genre d’œuvres témoignera dans 10 ans de ce qui marchait à la fin de notre décennie, de ce que les gens voulaient et de ce que les gens avaient.


Mais en bon vieux con je resterais toujours nostalgique de ce même genre de programme cette fois-ci sans prétention qui passait pour les quelques hurluberlus à 7h du matin qui ne voulait pas regarder le télé-shopping.
A l'époque des agrégateurs de contenus et tout simplement d'internet, pourquoi faire une série d'une suite de ce qui aurait pu être d'excellents clips musicaux pour tout genre confondus ? Et en même la réponse est terriblement évidente.


Netflix.

Kaptain-Kharma
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Créée

le 21 mars 2019

Critique lue 3.9K fois

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Kaptain-Kharma

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