
Avant toute chose, j'apprécie quelque soit le résultat, l'idée d'une série de courts métrages sur un thème large voire vague (la dystopie? l'uchronie? la SF?) où on laisse carte blanche à des studios pour se détendre un peu la direction artistique et entre deux commandes et/ou long. J'ai toutefois quelques interrogations sur la consigne qui a été donnée.
Parce qu'à y regarder de plus près, LD&R c'est un peu la fête du gore à gogo, des sexes en full frontaux, et des dialogues au verbe fleuri. Si je ne suis pas contre la décomplexion, j'ai un peu la sensation à la fin du visionnage des 18 épisodes, que pour la plupart, "film d'animation pour adulte" rime avec "vulgarité". J'ai eu bien souvent l'impression qu'en lieu et place d'une écriture fine, on avait des insultes, et au lieu de plans et de visuels novateurs, on avait du sang...beaucoup de sang...et des membres aussi...des bras coupés surtout (c'est presque ça le thème).
C'est entre autre pour cela que j'ai rapidement admis que je regardais LD&R plus pour son étalage visuel que pour sa partie narrative. Il y a quelques épisodes avec des très bons pitchs de départ, un peu moins qui les amènent au bout. Mais, si je suis quand même impressionné globalement par la capacité à créer en très peu de temps un univers esthétique pratiquement à chaque court, clairement tous les studios n'ont pas eu des scénaristes compétents pour que les personnages et histoires sortent du lots en même temps que les graphismes. Avec beaucoup d'utilisation de clichés absolus du film d'action et de SF, des changements de règles littéralement quelques secondes après leur établissement, des fins cousues de fils blancs et amenés encore une fois avec pas mal de vulgarité pour masquer le manque de charisme...ça ne m'a vraiment pas convaincu sur ce plan à de rares exceptions, soit assez originales ("L'oeuvre de Zima"), soit exécutés de manière propre pour que le format marche ("Lucky 13", "La Guerre Secrète"...)
Par contre, esthétiquement c'est une autre envergure. Avec plusieurs studios différents faisant un ou deux épisodes, on a vraiment des essais parfois très réussis dans des techniques variés. Du cell-shading très coloré, de la 3D cartoon, de la 2D à l'animation influencée par l'Asie et l'Occident en même temps et de la bonne 3D réaliste classique...le tout avec des directions artistiques qui vont de la hard-SF, au mythe chinois, en passant par du comic-book disproportionné. C'est vraiment là qu'est le plaisir de la découverte de LD&R; on en prend pas mal plein les mirettes.
Allez-y donc! Ça vous rappellera Animatrix; une série de court métrage d'animation au talent visuel assez indéniable tant esthétiquement que techniquement, mais à la faiblesse narrative et/ou scénaristique parfois un peu rageante.