J'avoue, avant de visionner les deux premiers épisodes des Anneaux de Pouvoir, la grande machine de guerre Prime Video vouée à "sur la plateforme de streaming les lier", j'étais bien embêté. J'avais prévu de mettre 1/10 par principe, comme note sanction, comme à toute série qui se planque derrière un nom connu pour faire sa tambouille à sa sauce parce que le matériau scénaristique d'origine n'est pas assez télégénique, pas assez actuel, pas assez vendeur, pas assez twittersque, que sais-je encore ! Comme si d'obscurs quidam incapables de proposer leur propre univers sans filtre s'accordaient le droit de corriger, voire (cuistrerie ultime) d'"améliorer" des œuvres de renommée mondiale et, souvent, intergénérationnelles. Il y a quelque chose de profondément opportuniste, et profondément malhonnête, dans cette tendance à vouloir ravaler des façades qui n'en ont pas besoin (et même de s'en donner le droit, quand on n'a soi-même jamais rien produit de mémorable, quelle arrogance !) plutôt que d'assumer ouvertement sa vision créative en développant quelque chose de neuf, de nouveau, et en laissant le public le juger comme tel, plutôt qu'en se planquant derrière une étiquette illustre et en la laissant rameuter les foules à sa place.

Je veux bien entendre que Tolkien, ou Asimov ou Robert Jordan ne soient pas assez rock and roll ou progressistes pour le chaland du XXIème siècle, mais alors en ce cas, pourquoi les "adapter" ? Pourquoi ne pas tout simplement faire ce pour quoi un artiste est censément payé, c'est-à-dire : CREER. Non parce qu'à quelques menus aménagements près, l'intrigue des Anneaux de Pouvoir pourrait exister telle quelle, en indépendant, sans avoir besoin de se réfugier dans le giron Tolkienesque pour exister. A ceci près que dépouillée de cette flatteuse parenté, qui vaut aussi comme une caution de qualité, elle ne serait plus qu'une production d'Heroic Fantasy random, sans génie, ni talent, ni personnalité, à peine meilleure que les films Donjons et Dragons.

Raison pour laquelle après visionnage, je me sens beaucoup plus à l'aise avec ce 1/10, que je juge amplement mérité (et c'est mon droit - n'en déplaise au grand peuple de l'internet, aux yeux de qui la liberté d'expression ne vaut que si l'on partage l'avis exprimé). Ceci, pour un nombre incalculable de raisons que je suis d'ores et déjà fatigué par anticipation de devoir énumérer au fil de mon désarroi (le Retour du Désarroi, tenez, ça aurait fait un super titre pour cette chronique).

Avant toutes choses, précisons : j'ai lu le Silmarillion et les Contes et légendes inachevés, mais c'était il y a plusieurs décennies et je n'ai donc plus grand souvenir de leur contenu, dont il ne sera pas question ici (ce sera déjà bien assez long et édifiant comme ça).

Et donc, alors que les critiques très enthousiastes qui commencent à tomber un peu partout sur la toile m'avaient rendu un peu d'espoir sur le bon qu'il y a en cette série (monsieur Frodon), je déchante dès la première des toutes premières secondes : écran noir prolongé. Puis voix off, voix de femme, voix de Galadriel qui nous pose le décor, et l'impression de déjà-vu qui va de pair, évidemment. Le malaise point déjà. Le sourcil se fronce. Peter Jackson, sors de ce corps. Un hommage, écriront benoitement certains. Non. Une repompe paresseuse, aussi opportuniste que le reste de cette entreprise qui n'a de créative que la prétention, ce que la suite confirme sans tarder. Le prologue n'est pas terminé que les plagiats s'enchaînent comme les combos dans un jeu de combat : les grands travelings élégiaques sur la Nouvelle Zélande, ceux plus rapides à ras des armées, ceux décentrés sur les bateaux qui flottent, et les cartes en surimpression, représentées de la même façon que dans la trilogie cinéma, avec une police d'écriture similaire, pour ne pas dire identique. On croirait une figurine Vegeta de chez AliExpress, de celles qui ont les yeux qui louchent ou les bras à l'envers. Et alors là, on touche du doigt un premier problème, et non des moindres, parce que cette série n'a aucun lien (ou ne devrait pas en avoir) avec l'adaptation de Jackson : elle est censée s'inspirer des écrits de Tolkien, pas de la filmo du néo-zélandais, qui n'a été associé en rien au projet, non plus que Weta digital. Cette volonté marquée de revendiquer une filiation visuelle qui n'existe pas fleure bon la contrefaçon sans complexe, d'autant que les emprunts ne s'arrêtent pas là : la façon dont est filmée l'exploration des ruines au début du premier épisode, les plans, le montage, le flocon de neige ou les feuilles qui tombent, l'impression que le tunnel s'allonge lorsque l'elfe mono-expressif s'y engage, les dialogues, le lettrage du titre, la musique, jusqu'à certains effets sonores emblématiques (notamment les murmures en sourdine lors des mauvais pressentiments), c'est sans fin, tout copie sans vergogne les films de Jackson, surtout dans le premier épisode qui se veut comme une transition ne disant pas son nom, l'épisode 2 étant davantage réalisé à la manière d'une série standard, sans génie ni trompettes (j'attends encore les fameux plans "sublimement composés", surtout que je sors de Severance et d'Outer Range, et qu'on ne joue clairement pas ici dans la même cour, loin s'en faudrait), ne revenant aux PeterJacksonismes que pour les scènes de plus d'ampleur, comme on retourne vers son papa dès qu'on se sent un peu malmené dans la cour d'école. Et alors je ne sais pas, mais le réal', justement, ce n'est pas censé être "le nouveau Spielberg", ou un truc dans le genre ? Il ne pouvait pas imprimer sa marque sur cette série ? Il fallait forcément que ça ressemble à ce point-là à ce qu'on a déjà vu ailleurs, bien avant, et en mieux ? Est-ce à dire qu'on ne peut adapter Tolkien qu'à la sauce Jackson ? Et cette série n'était-elle pas, au contraire, l'occasion de s'affranchir de cette vision pour en proposer une nouvelle, plutôt qu'une caricature (l'absence de John Howe et Alan Lee au générique se fait cruellement sentir) ? N'est-ce pas ce qu'un artiste se serait évertué à proposer ? Sans doute. Mais les Annneaux de Pouvoir n'est qu'un produit d'appel comme un autre (bien que plus couteux), pour Prime Video. Il ne s'agit pas de proposer une série de qualité, novatrice, artistique, mais d'en mettre plein la vue à un public pour qui Tolkien, c'est Jackson, et vice versa.

Et les problèmes ne s'arrêtent pas là, tout le reste est au diapason.

Dès les premières minutes, on nous annonce qu'au commencement, le mal n'existe pas, tout ça pour enchaîner sur une banale scène de harcèlement scolaire durant laquelle la pauvre Galadriel enfant, forcément ostracisée car différente des autres elfes (pour séduire les amateurs de Young Adult, qui auront également de belles histoires d'amour impossible Harlequin à se mettre sous la dent), se fait couler son bateau en papier par une troupe de camarades mal intentionnés avant de leur rentrer vertement dans le lard (scène cliché au possible, qu'on a déjà vue un milliard de fois, ce qui donne bien le ton de l'entreprise). Le mal n'existe peut-être pas mais il n'y aurait quand même pas trop à pousser pour lui donner naissance, visiblement. Après quoi on nous annonce que les elfes n'ont pas de mot pour la mort, et on nous montre le frère de Galadriel récupérer les restes du bateau en papier avec... la pointe de sa dague. Et alors là, question à mille euros : si les elfes vivent dans un état d'harmonie totale et de béatitude, et qu'ils ne connaissent pas la mort, elles leur servent à quoi, leurs dagues exactement ? Parce que même si on admet qu'il ne mangent pas vegan, on les voit mal revenir de la chasse avec un sanglier en sauce et ne pas avoir de mot pour la mort non plus ("il a quoi le cochon papa ? Pourquoi il bouge pas ?" "Il dort, ma puce, c'est tout ! Allez, mange vite son groin avant qu'il se réveille"). Mais TGCT (ta gu*ule c'est Tolkien), comme ils disent les fans de la série.

Après quoi le frangin, une sorte de Casper Van Dien sans charisme (pléonasme) qui avait vraisemblablement postulé pour le casting du reboot d'Un Dos Tres, nous offre la première tentative de "dialogues à la Tolkien", embarrassante de maladresse tant on sent qu'elle se force sans trop y parvenir : il y a de l'idée, c'est dans le thème, ça aurait pu marcher si la métaphore avait été un poil mieux choisie, et surtout beaucoup mieux écrite, mais au final ça sonne comme une pâle copie, mécanique et un peu timide, tâtonnante et dénuée de souffle, typique du scénariste qui n'a pas le niveau de ses ambitions mais vit dans le déni et se dit "boah. Allez, ça passe". Hélas, tout le reste des dialogues sera du même niveau Canada Dry : ça a la couleur de Tolkien (vite fait), ça a le goût du Tolkien (très très vite fait), mais c'est très loin d'être du Tolkien - ou du Peter Jackson/Fran Walsh, du reste. C'est juste... embarrassant d'amateurisme, et trop souvent dépourvu de sens "pour faire poétique" (comme si l'un empêchait l'autre). Sauf si pour vous, des trucs comme "non, il ne va pas flotter... il va voguer !", c'est la quintessence de la finesse d'écriture, auquel cas il va falloir arrêter un peu les Marvel et les livres de fantasy auto-édités.

Et puis c'est quoi, ces enfants elfes qui se comportent comme les pires des enfants humains ? Ils font quoi de leurs week-end ? Ils arrachent les ailes des mouches ou comment ça se passe ? Comment cette race soi-disant sage a-t-elle pu vivre des millénaires de paix sans nuages si elle porte cette noirceur en elle ? Perdent-ils toute belliquosité à la puberté ? Car c'est un autre des problèmes majeurs de cette série, ça : ok, de mémoire, Tolkien n'a jamais trop parlé de l'enfance des elfes, donc on peut potentiellement imaginer tout et son contraire, mais enfin si c'est juste pour les faire se comporter comme des humains, mais qui vivent plus vieux et qui ont les oreilles pointues, ça ne présente aucune espèce d'intérêt. Or c'est précisément ce que sont les elfes, dans cette série, dès qu'ils ont des rôles secondaires : des humains immortels avec des oreilles pointues. Ils applaudissent comme à un meeting de la République en Marche, ils font la fête comme au 14 juillet (des elfes et des feux d'artifice ? Sérieusement ?), ils bitchent comme des fonctionnaires autour de la machine à café... après, ok, ils sont censés être incroyablement beaux (dixit les Piedsvelus) mais enfin, quand on voit la tronche d'Elrond ou de Celebrimbor (qui a dû siffler du gros rouge pendant quatre mille ans), ou la permanente très "année 90" arborée par trop (beaucoup trop) de personnages, au mépris du bon goût (ou de toute crédibilité, dans la mesure où je n'ai vu ni bombonnes de laques sur les étagères, ni enseignes Diminu'tifs plantées dans les arbres), on se dit que Legolas, c'était l'exception qui confirmait la règle.

Bref.

Après ça, le prologue enchaîne sur une scène de bataille dantesque, avec des hippogriffes et des dragons-nazguls qui se volent dans les plumes, les poils et les écailles, histoire de bien te faire comprendre que cette série a coûté plus cher que l'intégralité des épisodes de Louis la Brocante, et de faire triper les adeptes de la surenchère : un stratagème finalement très cheap, et qui confond (une fois encore, c'est le mal de notre temps) la quantité et la qualité. Quoi de plus normal, objectera-t-on : on est dans une série d'Heroic Fantasy. Sauf que non. C'est un nouveau contresens, et une preuve manifeste que les showrunners n'ont pas compris Tolkien. Au risque d'enfoncer des portes ouvertes, Tolkien n'a jamais voulu écrire de la Fantasy. Tolkien est un universitaire. Un érudit. Qui s'est imprégné des mythologies européennes, et notamment nordiques, pour créer sa propre cosmogonie, ses propres langues et ses propres épopées, en respectant scrupuleusement structures et codes qui y sont associés. Quand il y a un monstre, chez Tolkien, il n'apparait pas gratuitement pour divertir le lecteur et occuper de l'espace-page, comme le troll des neiges de l'épisode 1 ou le ver de l'épisode 2 : il a un sens dans le parcours des personnages, il a une finalité narrative, il est une épreuve qui révèle, il a sa fonction propre, qui ne se limite pas à flatter la rétine et montrer que Galadriel sait faire des roulades comme dans Dark Souls. Le monde de Tolkien est spectaculaire par nature, puisqu'il nous est étranger, mais l'écriture de Tolkien n'a rien d'un spectacle, au contraire. Elle est factuelle, froide dans l'action, emphatique et intimiste dans son world-building. Ce que les deux premiers films de Jackson avaient plutôt bien saisi, du reste.

Las. Le prologue n'est toujours pas terminé : on voit des elfes lever leurs épées, des CGI plein leurs armures pour les faire briller comme des Chevaliers du Zodiaques en version film d'animation 3D. Puis on voit une flotte de bateaux en CGI sur de l'eau en CGI. Puis on voit un champ de bataille en CGI, puis le frère de Galadriel étendu sur son lit de mort avec de la lumière en CGI et des reflets en CGI, et même des CGI en CGI, je crois que les infographistes se sont un peu laissés emporter. Et je suis stupéfait de lire tant de spectateurs s'extasier devant la soi-disant beauté des images parce clairement, pour moi, c'est dégueulasse tellement tout est retouché, forcé, exagéré, au point qu'on dirait l'adaptation du fil Instagram de Kim Kardashian. "Maquillé comme une voiture volée", dit l'expression au sujet des femmes qui en mettent un peu trop. C'est exactement ce qu'est cette série : une constante surenchère d'effets comme dans les cinématiques de jeux vidéo, qui réduit le concept de "direction artistique" à "pousser tous les curseurs à fond" : couleurs, effets, particules... plus y'en a, plus c'est beau, semble-t-il, comme sur les camions à pizzas avec Johnny peint à l'aérographe dessus. Là encore, la comparaison avec les films de Peter Jackson s'impose (tout particulièrement les deux premiers, à nouveau), leur lumière naturelle, leurs couleurs naturelles, leur nature naturelle. Dans Rings of Power, la nature ne suffit pas, elle n'est pas assez belle, pas assez Fantasy, pas assez bling-bling, elle n'a pas sa rollex à trente ans, elle a raté sa vie et puis si on ne les colle pas, tous ces effets inutiles et abrutissants, comment nos abonnés ils sauront qu'on a claqué toutes ces thunes dans notre série, hein ? Big up à cette ancienne collègue à moi qui appelait le maquillage de "l'attrape-couillons", et je crois que l'expression convient bien ici à cette débauche de moyens superflus destinés à éblouir le spectateur jusqu'à l'aveuglement. Alors oui, il y a quelques décors en dur, pour les humains et les proto-hobbits, mais en comparaison, ils font souvent toc et petit budget ("studio", à tout le moins), un comble. Sans doute aurait-il été préférable de mieux répartir le budget entre les deux. Mais bon. De toute façon, au point où on en est...

Le titre apparaît enfin à l'écran. Je suis déjà très fatigué.

Outre ces défauts manifestes et, je me plais à le croire, au moins partiellement objectifs, la série suit alors son bonhomme de chemin balisé par des décennies de productions du même acabit (le budget en sus), à grand renfort de personnages unidimensionnels cliché joués sans conviction (la Bilbo de Wish qui veut partir à l'aventure au-delà des collines et s'en mettre plein la panse, le Aragorn de Wish, le Legolas de Wish, etc, etc...), d'enjeux mal définis (mention spéciale pour la guerre évoquée par Galadriel dans le prologue, à laquelle on ne comprend absolument rien : qui est Morgoth, pourquoi a-t-il attaqué les elfes, pourquoi a-t-il brûlé l'arbre-monde d'Elden Ring, pourquoi la guerre a-t-elle eu lieu en Terres du Milieu plutôt qu'à Valinor, quel a été le rôle des autres races dans la bataille ? TGCT), de choix esthétiques grotesques (mention spéciale aux elfes qui se tapent tout le trajet en bateau jusqu'à Valinor debout en armure de plate - sympa, le retour en héros, ils ont de la chance que la mer soit aussi plate que leurs armures, on leur souhaite que le voyage ne dure pas deux semaines non plus ; et puis franchement, vu que Valinor est en ruines, semble-t-il, et qu'il n'y avait plus personne là bas pour tout reconstruire, ou alors si mais on ne nous le dit pas, c'est pas non plus la promotion du siècle. Mention spéciale, aussi, au passage à Valinor façon Stargate, genre "il faut se tenir la main pour traverser le chappai" parce qu'a priori, le bateau ne va pas suivre, et pourtant il suit donc quel est l'intérêt ?), d'inclusivité en mousse (j'étais peut-être distrait mais j'ai vu UN elfe black et DEUX femmes naines, à croire qu'ils ne sont vraiment là que pour les quotas), de rebondissements téléphonés et complètement absurdes (Galadriel qui plonge pour rentrer aux terres du milieu à la nage. Au. Secours. Après, bon, elle faisait bien de l'escalade en armure, alors... ça doit être une adepte des sports extrêmes. Et ne parlons pas de l'elfe qui part en mission avec une civile humaine comme ça pour le fun juste parce qu'il la kiffe, et tant pis si elle le gêne ou s'il la met en danger. Ou des soldats elfes qui suivent Galadriel à la chasse au dahu pendant plusieurs siècles et qui la plantent pile au moment où elle trouve ENFIN une piste, juste parce qu'il fait froid et qu'il y a des trolls des neiges - notons également que seule Galadriel sait se battre, a priori, dans sa petite troupe, les autres ne sont là que pour se faire aplatir par des créatures de bas niveau, merci à eux), de vêtements qui sortent tous du pressing, sans plis, sans salisssures, sans vieillissement des fibres, rien, le toc ultime (mention spéciale à Galadriel qui arrive à traverser un champ de bataille boueux en ne salissant que l'extrémité basse de sa longue tunique blanche, et encore, à peine), de sous-texte dont on ne sait pas trop s'il est volontaire ou accidentel, mais très mal exploité parce que dans tous les sens (les elfes dans la position des Américains après la Guerre du Golfe ou post 11 septembre, l'hostilité humains/elfes façon noirs/blancs, avec mention de lourds héritages du passé que certains veulent oublier pour aller de l'avant et auxquels d'autres s'accrochent comme à une constante rassurante de leur univers... bien développé, par un scénariste de talent, genre Tom King, ces éléments auraient pu donner une dimension actuelle intelligente à la série, mais là...).

Évoquons aussi brièvement les nains, qui ne sont pas logés à meilleure enseigne que les elfes puisqu'ils ont visiblement tous le quotient intellectuel de Bombur. En d'autres termes : ils ne sont que des caricatures de ce que les nains étaient dans le Hobbit - et encore : le Hobbit comptait son lot de nains sages, sagaces et dignes. Rien de cela ici, ces nains sont tous enfants illégitimes de Gérard Depardieu - à part Disa, évidemment, parce que c'est une femme et donc qu'elle ne rote pas (parce que les femmes ça ne rote pas, c'est bien connu, je l'ai lu sur Wikipédia).

Tout ça, sans même parler du lore.

J'en oublie, forcément, je ne vais pas y passer mon dimanche non plus, d'autant que mes chances d'être lu sont proches du zéro absolu, j'avais juste besoin que ça sorte. Mais j'aimerais tout de même revenir sur le cas d'Arondir, le fameux Elfe "noir" qui a fait couler tant d'encre sur Twitter et autres lieux de perdition cérébrale. Parce que bon, c'est bien beau d'intégrer de la diversité mais encore faut-il qu'elle ait un sens : sur ces deux premiers épisodes et à moins que je me sois endormi (ce qui est fort possible), sur la totalité des elfes représentés, il est le seul à posséder cette pigmentation hors normes, sans que cela ne paraisse affecter son statut en bien ou en mal, que ce soit auprès de ses camarades ou auprès des humains. Or s'il relève d'une exception, cela aurait nécessairement un impact social qu'il aurait été intéressant de développer. Et s'il ne relève pas d'une exception, il aurait été plus que judicieux d'inclure plus d'"acteurs de couleur" dans les rangs des figurants elfes, a minima. En l'état, c'est avoir fait les choses à moitié - et encore, même pas.

Ceci étant, vu la qualité globale de ces deux épisodes, dans lesquels j'ai désespérément cherché quelque chose à sauver (oui !) en vain, si vraiment le but des showrunners était de faire évoluer les mentalités dans le bon sens, ils auraient eu mieux fait de filer leur milliard à des associations caritatives ou militantes, car Dieu sait qu'elles manquent de moyens et que leur impact sociétal concret est autrement plus bénéfique au vivre-ensemble que cette représentativité de façade, qui est au progressisme ce que le skin bonus anniversaire est à Fortnite.

Quant à défendre la série en prétextant qu'"adapter, c'est forcément trahir", "que ça n'aurait pas d'intérêt sinon, autant lire les bouquins", curieusement, Dragonball Evolution, la postlogie Star Wars ou le Death Note et le Knights of Zodiac de Netflix n'ont pas bénéficié de la même bienveillance, loin s'en faudrait. On sourira sous cape, alors, de ce sursaut de maturité tardif et à sens visiblement unique, d'une subjectivité au moins égale à celle de ma critique (pour le dire poliment).

Que reste-t-il de cette série, quand on enlève le name-dropping et l'argent jeté par les fenêtres ? Comme énoncé en préambule : rien qu'une série de Fantasy dans l'air du temps, bourrée de clichés et d'incohérences, qui mise tout sur l'esbroufe et rien sur la substance.

Donc je maintiens mon 1/10.

Pour vous, mon ami. Mon Capitaine. Mon Roi. Et tant pis pour les autres.

*

EDIT : pour un retour plus léger, épisode par épisode, du 3 au 8, se référer aux commentaires. J'ai voulu les reposter ici mais tout porte à croire que Sens Critique n'est pas prêt pour ça (au moins au niveau de la longueur)...

Liehd
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le 21 juil. 2023

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Liehd

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