Le Maître du Haut Château : culte ou aux oubliettes ?

Fin de l’ultime saison de The Man In The High Castle. Le Maître du Haut Château, la plus célèbre des séries uchroniques au monde, tire sa révérence au bout de quatre saisons de rebondissements, d’intrigues, de longueurs et de lenteurs.

K. Dick et Scott aux commandes

Philip K. Dick, écrivain prolifique par excellence et très grande source d’inspiration du septième art et précisément d’Hollywood a offert la plus intéressante de ces histoires à la plate-forme Amazon. Il ne s’agit d’ailleurs pas de la seule série de K Dick signée Amazon, puisque la très dispensable Electric Dreams, déjà stoppée après une seule saison d’utilisation, est également inspirée de ses œuvres.

L’adaptation de ce cultisme roman de Philip K. Dick a été réalisée par un autre maître, Monsieur Ridley Scott. Après avoir travaillé ensemble sur Blade Runner, K. Dick et Scott ont usé depuis 2010 avec Franck Spotnitz (X-Files) les studios de la BBC et de SyFy , pour terminer chez le vendeur du Net, Amazon, qui souhaitait mettre l’argent nécessaire pour lancer convenablement sa plateforme de streaming.

Uchronie saisissante

Imaginez un monde ou l’Allemagne nazi et le Japon ont gagné la seconde guerre mondiale. L’aventure se déroule aux États-Unis, découpé à l’est par le Grand Reich Nazi, à l’ouest par les États japonais du Pacifique, et au centre, vers les rocheuses, par une zone neutre dans laquelle les dépravés et les nuisibles sont exilés.

1962, Hitler est malade et très âgé et la jeune relève lutte en interne pour lui succéder. la politique du Reich est conforme à nos livres d’histoire et montre au fur et à mesure les horreurs et les dérives de sa dictature. La série est sombre, glauque et oppressante.

La domination et la propagande nazie est partout et les services d’espionnage de l’Empire Japonais et du Reich se font une pseudo-guerre froide, déjà gagnée par les nazis. Pour chambouler tout ce petit monde, un terroriste qui se fait appeler le Maître du Haut Château fait circuler en contrebande des films 8mm montrant les alliés gagner la grande guerre contre les nazis. Ces films montrent les mêmes personnages que ceux des films d’actualités au cinéma, mais en plus heureux et avec des postures différentes …

Nous suivons de nombreux personnages japonais, américains et nazis, et alors que nous comprenons que certains de ces films de propagande sont issus de notre monde connu. On comprend rapidement l’existence d’un multivers et de réalités alternatives multiples. La série regorge de rebondissements magistraux et les épisodes de fin de saisons sont haletants et spectaculaires.

La faute à qui ?

Mais ! Oui, car passer d’un romain classé inadaptable à une mini-série de 4 épisodes, puis tenir quatre saisons de 10 épisodes, on a forcement rallongé et ralenti l’histoire … Et c’est là, le plus gros problème de The Man In The High Castle. C’est dur à regarder ! C’est lent, ça n’avance pas, on peut même dire qu’on s’ennuie sur beaucoup trop d’épisodes.

Heureusement, la série repend des couleurs à partir de sa S03 avec la mort de plusieurs personnages importants et avec un nouveau rythme plus plaisant. La série gagne alors en lisibilité en se concentrant sur un nombre restreint de personnages et s’attarde enfin sur le Maître du Haut Château, un peu trop oublié sur les deux précédentes saisons. C’est tout de même le titre de la série !

La S04 de cette série fait la part belle à la science fiction et après le passage de plusieurs personnages dans une autre réalité, les nazis créent un portail pour leurs permettre de voyager à travers ces mondes parallèles et bien sûr de les conquérir. C’est des nazis quoi … Autant dire que la conclusion de cette série est à la vitesse d’une Ford Shelby au 24 heures du Mans de 66 !

Déjà culte !

Si vous avez le cœur bien accroché et une certaine curiosité, cette série ne vous laissera pas indifférent. Le sujet est absolument accrocheur et les acteurs sont, pour le plupart, très bons. La franco- américaine Alexa Devalos est assez juste et au final intéressante et attendrissante. L’interprétation incroyable de Rufus Sewell, en officier nazi dur et impitoyable, pourtant dévasté par la mort de son fils, porte presque à elle seule toute la série. Les scénaristes ont d’ailleurs fait l’effort de très bien développer les personnages principaux et c’est tellement rare que cela doit être signalé.

The Man In The High Castle est une grande série avec un sujet de fond historique et une réflexion très intéressante sur la politique et ses enjeux. Forcez-vous sur les deux premières saisons, car les deux suivantes vous offriront tout ce que vous aimez voir dans une série déjà culte !