Lyrisme pop, famille nucléaire et secrets enfouis sous le papier peint rococo. Pas de doute, nous sommes chez Xavier Dolan et c'est tant mieux !
Pour sa première série télévisée, le prodige Québécois adapte de nouveau une pièce de Michel Marc Bouchard ("Tom à la ferme"). Il reprend également une partie des comédiens l'ayant joué sur scène pour composer le formidable casting de cette mini-série d'auteur.
D'ailleurs, si vous n'aimez pas Dolan, c'est pas la peine ! 😅
Les deux pieds dans les thématiques, la direction artistique et les afféteries de son réalisateur, comme une synthèse de "Juste la fin du monde" et "Mommy", "La Nuit où Laurier Gaudreault" s'inscrit d'emblée en terrain connu et reconnu.
Trop connu ? Il y a effectivement ici comme un sentiment de fin de cycle, le twist principal pouvant aisément être deviné à mi-parcours et provoquer une déception par sa légère redondance.
Mais c'est une réserve minime tant Dolan se glisse parfaitement dans les codes télévisuels avec ses cliffhangers, ses révélations chocs et sa narration morcelée par les personnages et les différentes temporalités.
C'est d'ailleurs ce kaléidoscope, ce récit choral qui forme tout l'intérêt de la série. Comme "Hill House" auparavant, "La Nuit où Laurier Gaudreault s'est réveillé" s'intéresse moins au genre investi (ici le thriller) qu'aux drames humains en jeu. Les membres de cette famille sont cassés par leurs angoisses, ébréchés par les non-dits, dévorés par leurs secrets.
Une caractérisation que Dolan connait et traite magnifiquement par sa direction d'acteurs hors-pair et l'empathie de sa caméra. Dans une montée émotionnelle en crescendo, où certaines répliques font l'effet d'une lame de fond, la série s'applique à détricoter les nerfs en pelote d'êtres à fleur de peau que les événements vont obliger à enfin laver leur linge sale.
Drame, thriller, parfois film d'horreur, les 5 heures proposées ici constituent le nouveau manifeste d'un jeune artiste intimiste et lyrique qui n'a jamais eu peur de faire du cinéma à sa façon.
Et rien que pour ça, c'est Gigawouep !