La Meilleure version de moi-même par Marco Grossi

C'est marrant, en lisant les critiques dans différents journaux, je sentais un malaise généralisé, pas vis-à-vis de la série elle-même mais de la manière d'en parler, comme un non-dit. Ah bah c'est très simple : Blanche Gardin est de droite.
Vous me direz ce n'est pas la seule - loin de là. Ouais, sauf que jusqu'à présent, ses spectacles permettaient aux gens de gauche de (feindre de) l'ignorer et de rire quand même. Même à gauche on aime se moquer, bien sûr. Rire avec et contre parfois.
Evacuons d'entrée les rares trucs bien : évidemment y a des choses drôles, elle a du talent, Blanche (et c'est tout le problème). Les premiers épisodes avec sa prise de conscience nombriliste, le bestiaire de charlatans, c'est très cool. C'est tout. Ensuite...

Ensuite, c'est de la malhonnêteté intellectuelle pure. Mettre sur le même plan les escrocs (adeptes comme praticiens) du développement personnel et des pseudo-sciences et les féministes, c'est tout simplement dégueulasse. Et ça prend les trois-quarts de la série. Sous la plume de Gardin (et Debré, ne l'oublions pas) et sur la chaîne de Bolloré, les féministes sont tour à tour : agressives, dénuées d'humour, illuminées, dépressives, j'en passe. Et oui, parce que chez Blanche Gardin, le féminisme doit être "raisonnable". Bah ouais les opprimé.e.s, vous pourriez dire s'il vous plaît, merci et ne pas déranger les autres, quand même. Alors on rétorque (le "on" c'est Eric Naulleau, Eugénie Bastié etc., faut le noter quand même) "ouiiiii mais elle croque avec férocité les dérives du monde modeeeeerne" Mais Gardin c'est comme Eboué avec Barbaque : les "dérives" dont ils choisissent de parler et de se moquer ce n'est pas le racisme, la pauvreté, les violences policières, non. C'est le féminisme, le véganisme.
La comédie n'est pas hors-sol, la comédie aussi est politique et ici elle l'est trop pour penser qu'elle est inoffensive. Attention, je dis pas qu'il n'y a que des gens bien et aucun excès dans les mouvements progressistes. Mais se moquer des opprimés et des progressistes plutôt que des dominants et des réac, c'est le choix que Blanche Gardin a fait. Grand bien lui fasse, mais c'est sans moi.