Prince aux milles ennemis, cours sans te retourner.

Avis sur La Colline aux Lapins

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La Terre tout entière sera ton ennemie, Prince-aux-mille-ennemies,
chaque fois qu'ils t'attraperont, ils te tueront. Mais d'abord, ils
devront t'attraper... Toi qui creuses, toi qui écoutes, toi qui cours,
prince prompt à donner l'alerte. Sois ruse et malice, et ton peuple ne
sera jamais exterminé.

Citation prise directement du livre, c'est d'une beauté que je ne saurais comprendre et encore moins expliquer, mais tout le monde a le droit d'essayer !

Bon va falloir se décider à foutre un titre définitif sur l'oeuvre intemporelle et révolutionnaire de Richard Adams, le métrage de Martin Rosen s'étant tapé l'horrible nom de " La Folle Escapade ", là on a le droit à "La Colline aux Lapins, c'est dans le thème, mais c'est fade et sans intérêts ( surtout que même en VF ils parlent des garennes de Watership Down alors pourquoi avoir franciser de manière dégueulasse le titre ? )

Enfin bref, je m'égare.

J'avoue avoir toujours été fasciné par ce conte sombre et mature, devenu un grand classique de la littérature anglaise, cet aspect qui de loin paraît si lambda, une banale histoire de lapins qui doivent quitter leur terrier, mouais… mais qui en réalité transpire une noirceur et une violence rare, crue et réaliste, on passe des sectes religieuses aux régimes totalitaires d'un garenne à un autre tout en nous rappelant que ce qui nous est narré ne se passe entre autre qu'à l'échelle animale et qu'outre les dangers politiques de cette fable ( le dogme de la femme-objet, le tyran, l'honneur du combat, la lâcheté… ) il y a aussi les dangers extérieurs, comme les renards, les chats, les faucons et, bien entendu, les humains.

Oui, ce passionnant et haletant récit mérite amplement toute sa réputation, il en dégage quelque chose de mystique, une atmosphère propre et unique que seul de très rares oeuvres arrivent à avoir. C'est donc avec une joie immense que j'attendais une version neuve, afin de redécouvrir et faire découvrir cette histoire à de nouvelles personnes.
Alors ouais, on est dans une nouvelle adaptation incroyablement classique et absolument pas novatrice, franchement on dirait le film de Martin Rosen en images de synthèse un peu ternes avec une animation un peu crade étiré sur 4 heures, mais sérieux, c'était tellement maitrisé…

Tellement maitrisé, et tellement puissant, je n'ai pas seulement observé cette histoire que je connais par cœur de lapins de garennes, j'ai vécu avec ces lapins pendant 4 heures, j'étais avec eux à chaque instant, sans détourner mon attention, sans regarder l'heure; j'ai été totalement immergé dans le récit et totalement transcendé par son final bien plus subtil et bien moins brutal que celui du long-métrage. La série possède une qualité constante sublimée par des moments forts et contemplatif, une musique qui reste d'un classicisme absolue ( malgré deux trois mélodies d'ambiances un peu électrique, c'est assez bizarre comme choix, mais ça marche ) mais qui rendent la trame plus épique, plus glorieuse que sa première adaptation en film. Et oui, comme c'est plus long, ça prend plus son temps, c'est bien, ça permet le développement plus approfondi des allégories lapinesques de notre société et la noirceur macabre qui la ronge tout en nous donnant une leçon des plus banale mais des plus efficaces sur notre comportement envers la nature. Et c'est là toute la puissance de lecture de l'oeuvre de Richard Adams, ça paraît simple, ( message sur la violence envers la nature ) mais c'est d'une complexité hors-norme ( notre société explose, se consume, est infecte, est douce, n'a aucune limite mais est remplie de barrières, se cache, se montre, elle vit tout en mourant et meurt tout en vivant ).

On choisis dans l'introduction du dernier épisode un souvenir; de qui ? on le sait bien, pourquoi nous le montrer, était-ce nécessaire ? Certains diront oui, d'autres non, mais ce souvenir justifie intégralement la démarche de nous proposer un Watership Down remis aux goûts du jour en 3D un peu moche, rendre un hommage au passé et faire une place au futur, et là encore, ça peut paraître simple, mais c'est d'une complexité hors normes.

La Justesse est folle, le propos l'est encore plus.

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