How I Met Your Mother
6.9
How I Met Your Mother

Série CBS (2005)

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Vous ne trouverez pas dans cette critique de fines analyses pertinentes ou un travail de recherche poussé sur l’historique ou les influences de l’oeuvre.

(Vous ne les trouverez pas non plus sur mes autres critiques, d’ailleurs)

Je vais plutôt parler avec mon petit coeur à moi, pour vous expliquer à quel point How I met your mother a été important. Pour moi, pas vous. Un véritable choc cinéphile comme je n’en avais pas encore connu et qui me suivra pendant toute la durée du show, relancé par des revisionnages récurrents.

J’ai découvert la série dès sa sortie, j’ai acheté les DVD dès qu’ils sortaient, prêtés à tous ceux qui en faisaient la demande, j’ai encore intégralement revu la série intégralement et pendant longtemps je pouvais grignoter quelques épisodes lors de leurs rediffusions (incalculables) à la télévision. La série d’épisodes du dimanche en début après-midi a parfois été bénéfique pour se remettre doucement d’une veille de fête mouvementée, pour moi ou pour d’autres personnes présentes stagnants sur mon canapé.

How I Met How I Met Your Mother, donc.

En France, la première saison est diffusée en fin d’après-midi sur Canal +, à partir de février 2007 et en clair. Je tombe dessus par hasard, sur le petit poste de télévision ridicule que j’avais alors.

Pour l’étudiant que je suis, mais aussi le jeune homme en pleine construction, je suis soufflé. Le cadre est lointain, ce New-York de studio, mais il y a dans la série une universalité qui me touche directement et un humour taquin qui ne peut que me correspondre..

Avec son choix de personnages, entre Ted, Robin, Barney, Lily et Marshall, des adultes en train de s’installer, de s’affirmer mais aussi de profiter encore de leur vie d’adulte pas encore corsetée, une connivence se crée. L’histoire d’amour qui semble se profiler entre Ted et Robin est alors un leurre, la série ne se concentra pas que dessus, explorant d’autres thèmes mais jamais bien loin de leurs préoccupations, mais aussi des miennes.

Alors en couple dans une relation compliquée puis célibataire maladroit, j’aurais voulu être un Barney, ce célibataire dragueur invétéré, pervers narcissique que la série arrive pourtant à rendre attachant. Le personnage vouant un culte aux costumes, misant dessus et sur sa faconde pour séduire, j’achèterais mon premier ensemble à cette fin, pour me rassurer lors des soirées. Un costume acheté avec des maigres économies, un premier prix de Kiabi ou H&M mais avec une certaine allure à mes yeux. Cela ne m’aidera pas plus à convaincre les jeunes femmes de mon potentiel de séduction. Mais j’en ai gardé malgré tout une certaine sympathie pour la veste de costume portée de manière un peu négligée, bien loin des critères de Barney.

La solitude étant parfois un peu cruelle, j’ai parfois voulu d’une relation à la Marshall et à la Lily, fusionnelle, simple mais qui arrive à garder sa petite excentricité. Un beau couple, solide et évident, à la personnalité certaine. Où j’aurais été accepté et avec qui j’aurais pu échanger avec mon égale.

Mais pour ça il fallait être un Ted, ce que j’ai longtemps été. Recherchant l’âme sœur, sur un chemin semé d’embûches, dont des mauvaises décisions. Je voulais ma Robin, une femme forte, indépendante, mordante, où j’aurais pu exprimer mon romantisme tout en ayant avec moi une partenaire.

Ces injonctions contradictoires ne m’ont peut-être pas facilité la vie ni les amours, mais j’en ai gardé tout de même une certaine stabilité, et peut-être même retenu certaines leçons. J’ai pu être un célibataire sûr de ma solitude, j’ai pu être un petit ami aimant, mais j’ai aussi été le contraire. Je me dis que j’ai pu m’identifier à l’un ou l’autre de ces personnages, parfois plusieurs. Et que j’ai parfois plus apprécié l’un ou l’autre selon mon contexte personnel lors de tel visionnage.

Ces personnages me sont donc familiers, je les connais assez bien. C’est aussi l’une des qualités de la série d’avoir réussi à les rendre si attachants, dans un ton drôle et grand public, rarement satirique, rarement grave. Mais il y a aussi une grande inventivité, une certaine recherche dans le bon mot, dans la situation exagérée mais drôle, qui en fait toute la personnalité.

La série est parfois négativement comparée face à Friends, là encore une bande d’amis qui se réunit autour d’un bar (le mythique MacLaren’s) ou d’un café et d’un appartement. Mais Friends n’est qu’un décalque rincé au karcher de Seinfeld. How I Met Your Mother a pour lui une fantaisie plus appuyée, quitte à être moins réaliste sans que cela ne gêne vraiment. Les théories fumeuses de Barney ou ses stratagèmes parfois exubérants pour draguer se retiennent parce qu’on en rit avec plaisir, malgré ou grâce à ses entorses au politiquement correct. Les mésaventures de Ted sont hilarantes quand il fait le choix (répété) de la mauvaise copine. Les problèmes de couple de Marshall et Lily sont drôles et mignons, avec juste ce qu’il faut de citron dedans pour éviter la crème à la niaiserie.

Le fait que la série se base sur l’histoire racontée par Ted à ses enfants en 2030 sur comment il a raconté leur mère lui permet de jouer des retours dans le temps, mais aussi de s’amuser des problèmes de mémoire ou des exagérations dans le récit. Puisque tout est raconté comme une histoire, les excès ne sont guère problématiques et sont même encouragés, et la série s’en amuse régulièrement.

Friends et How I Met Your Mother sont deux séries générationnelles. J’ai manqué Friends, j’ai rattrapé le retard après, mais il était trop tard. Si je lui reconnais son humour et sa bonhomie, elle m’apparaît hélas bien fade face aux exubérances amusées de How I Met Your Mother - contrairement à Seinfeld, dont la qualité d’écriture et le ton piquant traversent les années. C’était le cas pour bien d’autres personnes de mon âge, pour qui How I Met était la référence, comme un marqueur générationnel. La sortie d’une nouvelle saison était toujours attendue, on en débattait entre nous, elle était partagée et appréciée. Le Brocode, livre de préceptes de Barney a été édité, je l’ai acheté, tout comme d’autres livres bien moins utiles ou drôles, et avec d’autres amis on a pu l’invoquer lors de différentes situations. Nous avons pu agacer certains réfractaires à la série (les fous), mais certains commandements du Brocode étaient malgré tout unanimement approuvés. Un ami en phase de rupture difficile avait automatiquement notre attention, l’abreuvant d’alcool comme indiqué, lui faisant chasser ses idées noires.

L’identité de la mère, fil rouge de la série, en a intrigué plus d’un, alimentant quelques théories et rumeurs, entre amis ou sur les réseaux sociaux. Le show s’est d’ailleurs tiré une balle dans le pied avec cette idée. Elle lui a garanti une raison d’exister, un fil conducteur, mais aussi un formidable outil pour alimenter les discussions et les audiences. Mais au bout de 9 saisons, la pelote a été sacrément malmenée. Il fallait relancer la curiosité avec de nouveaux indices, lentement éparpillés, au grand désarroi de ceux qui ont longtemps attendu de découvrir qui était cette mère, silhouette mythique, souvent citée, pendant longtemps invisible à l’écran.

Il fallait donc une fin à la hauteur, ce que la série n’a pas su offrir, créant une gigantesque vague de mécontentement à l’époque et dont certains fans gardent encore la cicatrice. En annonçant un mariage depuis la fin de la saison 6, auquel le spectateur est enfin convié à la saison 9, l’ultime, la série jouait déjà un peu trop sur les nerfs. L’identité de la mère reste une bonne surprise, amenée tardivement mais avec application. Hélas le tout est bousculé dans le dernier épisode, précipité et confus. Cette fin avait beau être prévue depuis des années, avec les acteurs enfants qui avaient joué leurs scènes à l’époque pour les proposer lors de la conclusion, il n’en reste pas moins une certaine amertume. Les indices laissées se voient mieux lors des revisionnages, mais les pistes utilisées sont parfois tellement violentes qu’il est difficile de croire en cette fin.

Même si j’appréciais cette série pour cette tranche d’amitiés, de scènes amusantes et de dialogues croquants, je n’ai pu qu’être déçu par ces dernières saisons un peu trop étirées et cette fin qui referme l’histoire un peu trop durement.

Il n’en reste pas moins au moins 6 saisons que je trouve géniales, avec des épisodes excellents, qui font oublier bien d’autres faiblesses ou mauvaises décisions des producteurs ou des scénaristes au fil des années.

Avec le succès du personnage de Barney, Ted a parfois été oublié, relégué sur le banc arrière alors que c’était lui le héros initial, le fil rouge du récit conducteur. Mais face à la fantaisie du coureur de jupons, Ted est plus palot, d’autant que la série utilise un cliché agaçant déjà vu dans Friends avec Ross, en le présentant parfois un personnage pédant car cultivé, ridiculisé par ses amis. Il ne vaut mieux pas être trop intelligent dans ces séries américaines, ce qui peut paraître inquiétant sur l’image qu’on se fait de la culture aux Etats-Unis.

Dans la même dynamique, quand Ted s’efface Barney s’impose mais se retrouve blanchi. La série atténuera par la suite le comportement parfois limite de Barney, mais sans pouvoir le changer complètement, il fait partie des chouchous de tout fan. Quelques excuses lui seront trouvées, tandis qu’il s’orientera vers des relations plus uniques que la série aura parfois bien du mal à légitimer avec une telle personnalité. La série se reposera ainsi trop sur Barney, mais sa prétention et son côté enfant obtus lui offrent malgré tout encore de beaux gags sur le long cours.

Les personnages évolueront, le plus souvent dans le bon sens. Robin gagnera de l’assurance, ne se définira plus forcément comme la petite amie à conquérir pour Ted, même si la série la fera passer dans d’autres bras. Là encore, c’est un trait un peu facile, où quand une sitcom a du succès les relations amoureuses ont du mal à se défaire des rôles clés, les personnages secondaires devant rester secondaires, petits amis ou pas. C’est pareil dans Friends, c’est pareil dans How I Met…, ces sitcoms cultivent l’entre-soi, les relations sentimentales se font entre amis, les nouvelles têtes seront facilement éjectées.

Avec 9 saisons, il est là aussi amusant de comparer l’évolution physique du casting en plus de celle de leurs personnages, avec des acteurs encore un peu indécis dans la première saison ou la deuxième, des physiques parfois encore un peu jeunots. Et puis aussi des relâchements, avec des acteurs un peu fatigués de jouer le même rôle tant d’années. Il est parfois difficile d’être objectif avec ces figures qui m’ont accompagné pendant des années, mais je peux reconnaître que Josh Radnor manque hélas un peu de charisme, même si je l’adore, mais j’aime encore bien plus Jason Segel, Alyson Hannigan, Cobie Smulders et surtout Neil Patrick Harris. Les revoir dans des films ou d’autres séries télévisées me donne l’impression de revoir de vieilles connaissances. Jason Segel a d’ailleurs écrit quelques comédies américaines assez sympathiques, telles que Sans Sarah, rien ne va ! ou Cinq ans de réflexion, que je recommande (mais pas Sex Tape).

How I Met Your Mother m’a aussi ouvert à un genre que je ne connaissais pas ou mal, et qui reste ma principale source de consommation sérielle : la sitcom ou série comique, américaine le plus souvent. Si That 70’s Show fut ma première expérience, que je conseille tout aussi chaleureusement, j’ai poursuivi ma découverte du genre avec un grand plaisir. Je recommande avec plaisir New Girl avec la piquante Zooey Deschanel, 30 Rock et sa satire télévisuelle mordante, Malcolm, plus ancienne, la référence Seinfeld ou la géniale Community, dans mon top 1, et bien d’autres, et d’autres encore à venir.

Le genre est parfois un peu trop rapidement moqué, mais il me convient. J’apprécie son format court, ne pas avoir à suivre les épisodes comme un tout, et leur ton léger et drôle, mais qui ne les empêche pas d’avoir la dent acérée. Je le dois à How I Met Your Mother.

C’est une série coup de coeur, l’aura dont je l’entoure est personnel, même si je suis certain de ses qualités, tout comme je ne vous ai pas caché ses défauts à mes yeux. Je la reverrais encore avec grand plaisir, je la connais sur le bout des ongles, elle m’amuse toujours autant.

Cette critique est d’ailleurs personnelle à un autre degré supplémentaire, encore un. Quand je suis arrivé sur Senscritique il y a de ça maintenant plus de 10 ans, il m’a fallu noter quelques œuvres pour que je ne sois pas considéré comme un bot, cet affront. How I Met Your Mother a donc eu droit à ce 9, en me disant que je lui offrirais un jour la critique qui expliquera l’affection que je lui porte. 10 ans après, c’est donc enfin le cas.

SimplySmackkk
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le 7 mars 2023

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