Halt and Catch Fire
7.6
Halt and Catch Fire

Série AMC (2014)

Halt and Catch Fire, c'est une série que j'ai commencée à cause de Silicon Valley, une série un peu du même style (en très très gros). Et depuis le naufrage de la série bien pourrie Scorpion, j'avais envie d'une série mettant en scène des gens participant aux débuts des ordinateurs, et surtout pas en adaptation monde moderne.

Dans ce sens-là, cette série fait très bien son taf. Historiquement, culturellement, tout colle, et c'est agréable. Que ce soit place de la femme dans la société, pouvoir verbal des communicants de l'époque (changer le monde, révolution, tout ça), la façon de s'habiller, les mentalités, tout ça est parfaitement orchestré et mérite d'être reconnu. Le meilleur plus de cette série, et il faut le souligner parce que c'est trop souvent un point faible des séries: la BO. En plus de coller parfaitement historiquement / culturellement, elle est systématiquement mise à de bons moments, systématiquement mise durant la bonne durée, et s'adapte parfaitement aux différentes situations. Y'a rien à dire là-dessus, c'est vraiment du bon taf de la part d'AMC.

La première déception, cependant, arrive rapidement. Pourquoi n'ont-il pas utilisé l'histoire de Jobs, d'IBM, de Gates ou de tant d'autres plutôt que d'en créer une de toute pièce ? A mon humble avis, il n'y avait pas besoin d'aller créer des personnages (dont on reviendra dessus) quand dans l'histoire y'en à tant d'intéressants ! Pourquoi faire s'enterrer l'histoire au Texas quand tout se passe dans la Silicon Valley ? Choix scénaristique, certes, mais un pauvre choix. Imaginez-vous l'histoire des débuts des ordis dans la SL, mêlant drogues, expériences mystiques, génies informatiques, début de l'ère de la com ! Imaginez-vous Packard & Bell, Gates, Jobs, etc !

Ces personnages-là, on le sait et malgré tout leur défaut, avaient l'avantage d'être atypiques en plus d'être des génies. Et en comparaison, on nous offre un Joe Mcmillan faux, hypocrite et caricaturé au possible comme le maux du capitalisme, le communiquant avec sa vision privilégiant la forme que le fond et embobinant tout le monde. On nous offre un Gordon Clark un peu dark parce qu'il a eu un échec dans le passé, complètement soumis, un type un peu nul en fait. Et évidemment, avec le type nul, qu'est ce qui vient ? La femme trop bien pour lui, c'est ça. La femme qui se pose des questions dont on se contrebranle, nous, spectateur, du style "est-ce que c'est bien si mon mari boit des bières tout le temps alors que moi j'me tape la cuisine et les gosses". Pas hyper philosophique, mais bon, c'est le Texas. On se tape aussi la pauvre programmeuse rebelle, qui veut changer le monde, elle beaucoup plus ressemblante aux personnages historiques, mais là aussi, complètement caricaturé. Et puis évidemment, elle couche avec Joe sinon c'est pas drôle. Faut voir que quasi la moitié de la saison 1 ne se concentre plus sur la volonté des personnages principaux de construire un ordinateur, sinon sur leurs antagonismes et leurs histoires de cul.

Déjà, toute scène où Gordon est présent me fait changer de VLC à Chrome où je peux regarder des trucs utiles style des résultats de foot. Et dès que l'histoire revient, là, je reskipe. Merde, y'a des personnages bien réalisés (le chef d'entreprise texan, Boz) mais on s'en fout de lui ! C'est dommage, c'était quasi le seul pas trop mauvais...

Enfin, et c'est pas la moindre des choses, le scénario et les rebondissements sont hyper-attendus. A part, et je l'accorde ça m'a beaucoup fait plaisir, quand Donna embrasse son chef et que NON, la romance hyper visible ne se passe finalement pas. On sait comment les séries adorent foutre des maîtresses / maîtres (rigolez pas, j'ai aucune idée de l'équivalent) pour rajouter du temps à l'écran et des problèmes inutiles aux personnages. Là, au moins, c'est pas le cas. Malheureusement, les uniques tentatives pour essayer de sortir le spectateur du monde clos de Cardiff Electrics et faire un peu varier les choses sont relativement futiles et ne portent quasi que sur des trucs inintéressants ou mal réalisés.

Bref, de manière générale, je vous conseille d'éviter cette série et de plus vous pencher vers Silicon Valley. Celle-ci n'est pas à jeter à proprement parler, mais l'incapacité de croire aux personnages là rend imbouffable sur le long terme. (8 épisodes tenus pour ma part).

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le 21 mars 2015

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Ranulf

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