70 heures chrono

Imaginez.
Vous menez votre petite vie, pépère, tranquille, décontracté du gland. On sonne à la porte. Vous allez voir, et vous ne trouvez qu'une boîte. Format boîte à cigares de luxe, mais qui fait tic-tac.
Vous ouvrez.
A l'intérieur, un système d'horlogerie, une arme à feu et une photo en noir et blanc. La photo de quelqu'un que vous ne connaissez pas avec son nom et une date.
Il vous faut un moment pour réaliser, mais on vous le fait vite comprendre : vous avez 70 heures pour abattre cet inconnu. Et, pour être sûr que vous allez bien le faire, on menace votre famille, un enfant, un frère, un parent...
Voilà ce qui arrive à Ian Mitchell, avocat de son état, qui a le choix entre tuer un dentiste qui ne lui a rien fait (pas même arraché une dent) ou voir sa fille mourir.
Chosen est une série réalisée pour le web et diffusée sur le site Crackle. Elle contient pour le moment trois saisons (la quatrième arrive) de six épisodes de 20 minutes. Ce format permet un rythme très rapide, qui colle bien avec l'idée de compte à rebours qui traverse la série.
Il y a un peu de 24 heures chrono là-dedans : on rappelle constamment le temps qui reste avant la deadline.
Il y a aussi un peu de The Game : tout ce qui arrive nous est vite présenté comme un jeu. Le jeu d'une bande d'hyper-privilégiés tout puissants, les Veilleurs, qui s'ennuient à mourir au milieu de tout leur luxe et qui obligent les gens à s'entretuer pour les divertir. Un jeu cruel et cynique, mais qui, si on y réfléchit bien, nous renvoie à notre condition de spectateur. Pourquoi apprécie-t-on autant les films d'actions ? Pourquoi prend-on notre pied en voyant des fusillades, des bourre-pif ? Quel plaisir malsain avons-nous à regarder de la violence ?

La réussite de la série repose sur trois principes : d'abord, le rythme rapide, avec un cliffhanger à la fin de chaque épisode.
Ensuite, le climat paranoïaque qui s'installe très vite. Les Veilleurs sont partout, ils voient tout, ils savent tout. Ils ont infiltré la police : tu appelles le 911, tu tombes sur eux. Ils ont infiltré tous les services. Ils écoutent tes conversations téléphoniques, ils lisent tes mails. Ils te regardent à travers ta webcam, à travers des caméra qu'ils ont installés dans ton logement. Ils suivent tes déplacements avec le GPS de ta voiture et les caméras de surveillance.
Filmée au plus prêt du personnage, la première saison nous fait partager l'évolution des émotions du personnage principal. Et nous allons vite sombrer dans cette parano nous aussi, nous méfiant de chaque personne, calculant les possibles conséquences négatives de chaque action. La série est constamment sous tension.

L'autre aspect de la réussite est sa capacité à se renouveler à chaque saison. Tout en gardant ses spécificités, les saisons 2 et 3 font intervenir de nouveaux personnages (dans la saison 3 on voit arriver Rose McGowan, que l'on avait vue dans Planète Terreur ou Charmed) qui font rebondir l'action. La saison 2 est, pour le moment, la meilleure, mais l'ensemble se tient très bien.
à noter cependant que plus la série avance, plus ça devient brutal. Le sang et la violence se déchaînent, mais n'empêchent pas l'aspect plus dramatique. La fin de la saison 3, par exemple, est particulièrement douloureuse.
Une réussite à découvrir, en attendant l'arrivée de la 4ème saison.