Better Call Saul
7.8
Better Call Saul

Série AMC (2015)

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Avant toutes choses il me semble essentiel de préciser le point suivant : regarder Better Call Saul (BCS en abrégé) avant d'avoir vu Breaking Bad (BB en abrégé) me semble être un non sens-absolu. Simplement parce que BCS développe l'univers qui a été créé dans BB et que la série s'appuie à différents endroits sur la connaissance qu'ont déjà les spectateurs de certains personnages et de l'univers (par exemple, au début de BCS, le personnage de Tuco a beaucoup plus d'impact en sachant déjà qui il est).


Ces deux séries me semblent véritablement complémentaires l'une de l'autre. J'ai d'ailleurs l'impression qu'il s'agit de variations autour du thème suivant : un homme brillant souhaite être reconnu par son entourage et ceci à n'importe quel prix.


Je recommande d'ailleurs chaudement la critique de Pierre-Louis Pietri : https://old.senscritique.com/serie/better_call_saul/critique/274458767. En particulier pour tout ce qu'il raconte, du point de vue des personnages de BCS mais aussi de manière plus générale, à propos des questionnements inhérents à ce que l'on est, nos choix et leurs conséquences. C'est brillant, j'ai même failli abandonner l'écriture de mon avis sur la série tellement je trouvais qu'il ne restait plus grand chose de pertinent à ajouter.


Finalement, si j'ai voulu écrire quelques lignes à propos de BCS c'est parce qu'elle me semble l'exemple parfait illustrant la théorie de J. Truby (cf. Anatomie d'un scénario). J. Truby est un script-doctor américain très célèbre, dans son livre il propose tout un ensemble d'idées (appuyées par de nombreux exemples) permettant, selon lui, de raconter des chouettes histoires. Je ne prétends pas, et lui non plus, dire qu'il s'agit de la seule manière de raconter des histoires, j'affirme seulement que j'aime beaucoup lorsque les histoires sont construites de la sorte et que leur impact sur moi est non négligeable.


Je vais tâcher, maladroitement sûrement, d'essayer de mettre en évidence ce qui m'a beaucoup séduit dans l'histoire racontée dans BCS.


D'après Truby, avant de chercher à raconter la moindre histoire, il faut d'abord trouver sa prémisse : un simple phrase qui résume toute l'histoire. Par exemple, dans le cas du parrain nous pourrions dire : "le cadet d'une famille de mafieux se venge des hommes qui ont tiré sur son père et devient le nouveau parrain".


Une fois que cette prémisse est obtenue, elle permet ensuite de s'interroger sur le potentiel de cette prémisse : quels types d'histoires puis-je raconter à partir de ce postulat de départ ? C'est aussi l'occasion d'identifier les défis et les problèmes de l'histoire (par exemple, dans Star wars, il fallait trouver un moyen de décrire cet univers, les factions/races qui y vivent, le contexte géo-politique et spirituel,...).


Il faut ensuite trouver un principe directeur : la mécanique interne qui permet de raconter votre histoire de façon originale. Par exemple (cf. Truby), dans le parrain, l'histoire sur le fonctionnement interne de la mafia est présentée comme un récit cherchant à expliquer comment le plus jeunes des trois frères devient le nouveau roi (un point de vue fréquent dans les contes de fées).


Une fois les étapes précédentes passées, il convient de s'assurer de trouver le meilleur personnage (le plus fascinant) pour raconter son histoire. Une fois que cela est fait, il faut cerner le conflit central ("qui combat qui et pourquoi ?") et répondre à cette question par une phrase succincte. Ceci permet ensuite de cerner la séquence unique de rapports de cause à effet (pourquoi les événements de votre histoire finissent par s'enchainer naturellement les uns après les autres).


Enfin, il convient de déterminer les possibilité de transformation (positive ou négative) de votre héros (et des autres personnages). Il faut, à la fin de votre histoire que le héros ait évolué et pour cela il semble important qu'il contienne, dès le début, en lui même, plusieurs transformations possibles. A l'issue de cette transformation, l'histoire met en évidence un choix moral du héros. Finalement, c'est à ce point précis que l'auteur peut émettre un avis, donner son opinion sur un thème précis.


J'espère que les quelques lignes précédentes auront convaincu une partie des lecteurs de la nécessité de penser en amont aux nombreux aspects qui composent une histoire. Comme Truby le suggère, une fois les bases posées, il faut prendre soin de ces personnages, de leur construction et de leurs fils narratifs afin de rendre l'histoire organique (ce qui donne l'impression, à mon sens, que les personnages vivent leur vie sans que le spectateur ait l'impression que les scénaristes sont à l'oeuvre en coulisse, les évènements semblent survenir, les uns à la suite des autres, de part l'essence même des personnages qu'on observe).


D'après Truby, cela se fait suivant 7 étapes clés (au minimum) :



  • Déterminer les faiblesses et besoins (psychologiques et moraux) du héros. Le besoin est ce que recherche le héros pour améliorer sa vie et il devra dépasser ses faiblesses pour y arriver. A noter, qu'en général, au début le héros ne doit pas savoir ce dont il a besoin et il doit être doté d'une faiblesse morale qui blesse ses proches.

  • Déterminer le désir du héros. Il s'agit de l'objectif du héros, le désir est visible et identifiable par tous ; au contraire, le besoin du héros est caché (pour lui même et pour les spectateurs), il sera révélé plus tardivement et nécessite une prise de conscience du héros.

  • Déterminer les adversaires du héros (je parlerais un peu plus tard de l'opposition, dite à 4 coins, entre un personnage et ses adversaires). Ce personnage est le plus important après le héros, il doit empêcher le héros d'atteindre son objectif mais il doit aussi être un concurrent du héros : lui aussi cherche à atteindre le même objectif. Cette manière d'opposer et de réunir ces deux personnages permet de relier intrinsèquement leurs fils narratifs car ils seront forcés d'entrer en conflit l'un contre l'autre. (Par exemple, dans Star Wars, Luke et Dark Vador luttent pour contrôler la galaxie. L'un pour les forces du mal, l'autre pour les forces du bien)

  • Il est maintenant temps d'établir le plan du héros : il s'agit de l'ensemble des stratégies mis en place par le héros pour vaincre son adversaire et atteindre son objectif.

  • La confrontation finale survient tard dans l'histoire, lorsqu'un point culminant est atteint, elle doit être violente (physiquement ou verbalement) et décidera qui du héros ou de l'adversaire atteindra son objectif (j'y reviendrais plus tard en évoquant la rencontre avec la mort)

  • A la suite de cette confrontation finale, survient une prise de conscience psychologique et moral : il s'agit de la véritable transformation du héros (positivement ou négativement), remise en question de ses croyances élémentaires. Bref le héros change et devient conscient de l'un de ses besoins qui était resté caché ou implicite jusqu'à présent. C'est un point délicat du récit car sans subtilités, il devient moralisateur et peu agréable à suivre pour le spectateur.

  • Suite à sa prise de conscience, un nouvel équilibre s'installe, le héros a changé et son désir a disparu. Il a compris des choses sur lui même et sur l'univers qui l'entoure.


Il reste une multitude de choses dans le livre de Truby : construction du réseau de personnages, l'intrigue et ses 22 étapes de la structure narrative (version affinée des 7 étapes décrites plus haut),... Mon objectif n'est pas de faire un résumé de ce qu'il a écrit (mieux vaut lire son livre) mais plutôt de montrer de quelles manières BCS a utilisé cette façon de faire pour raconter son histoire. Je trouve que les scénaristes ont pris le soin de mettre en oeuvre cette façon de raconter une histoire à différentes échelles : celui de la série toute entière (les 6 saisons), celui d'une saison, celui d'un épisode et qu'ils ont respecté ces différentes étapes d'écritures pour chacune des trames narratives de BCS.


Même si j'essayerai de rester évasif, il est fort probable que ce qui va suivre contienne des spoliers. Je préfère prévenir. Bien entendu, il m'est impossible d'être exhaustif et certains points ne relèvent que de mon interprétation. Tout ceci n'est que mon avis, il n'a pas valeur de vérité et ne vaut pas plus (ni moins) qu'un autre.


Même en ayant terminé la série, il n'est pas si simple que ça de déterminer précisément qui est Jimmy McGill, quelles sont ses désirs, ses besoins et ses faiblesses (pourtant, il contenait en lui, dès le début, toutes les transformations auxquelles nous avons pu assister). Il apparait comme un homme très intelligent et débrouillard qui n'hésite pas à contourner ou enfreindre la loi/les régles pour arriver à ses besoins (tout ceci est également sa plus grande faiblesse) ; il est persuadé qu'il peut toujours s'en sortir et réparer ses conneries. Il semble à la fois désirer qu'on le reconnaisse à sa juste valeur et est fou amoureux de Kim.


Il est à noter que la faiblesse de Jimmy finit toujours par blesser son entourage (Kim, Chuck, Howard,...).


Jimmy se trouve face à de nombreux adversaires : Kim, Chuck, Le cartel (Les salamanca dont Lalo,...), Howard,... Il est alors intéressant de chercher à déterminer qui peut-être le véritable ennemi de Jimmy. Quant au niveau des personnages secondaires, il semble évident que Lalo (ou Hector) et Gus sont adversaires l'un de l'autre et cherche à prendre le contrôle du territoire de l'autre au nouveau mexique.


Il est maintenant temps de prendre un instant sur les oppositions et les attaques incessantes que mènent les adversaires à l'encontre d'un personnage (attaque en 4 coins). Nous ne prendrons pas le temps de tout détailler ou d'aborder la notion de faux alliés/faux ennemis qui permet de rajouter du sel dans l'intrigue.


Jimmy se fait attaquer sur sa moralité et sa vision de la justice par Kim, par Chuck aussi (lequel ajoute la dimension familiale et fait parti des personnages les plus blessants pour le héros) ou par Mike vis-à-vis de la morale.


Le personnage de Mike sert d'opposant à Gus (vis-à-vis de la moralité encore), il se fait aussi attaquer sur cette question par le père de Nacho ou, le plus diabolique, par sa propre petite fille. Il est à noter à quel point les attaques de Kaylee sont les plus efficaces car Mike est littéralement démuni face à cette adversaire qui pose des questions naïves et appuie précisément, sans le savoir, là ou cela fait mal.


La partie d'échec géante entre Gus et Lalo (plus qu'avec Hector) est particulièrement savoureuse. C'est un plaisir de voir les plans de l'un déjoués par les manigances de l'autre et de voir la peur de Gus (qui d'habitude contrôle tout) lorsqu'il ignore le prochain coup de Lalo. Ce duel était remarquablement bien construit.


Truby explique que la confrontation finale doit être un climax au niveau de l'intensité et que celle-ci peut être exacerbée si le personnage se retrouve acculé physiquement. Au niveau de la mise en scène : il suffit de réduire l'espace au fur et à mesure des affrontements. Par exemple, Lalo suit les étapes suivantes : libre d'aller où il veut > caché dans sa maison au mexique > terré dans les égouts > dans la grotte qui servira au futur labo. De même, Gus vit son rôle d'homme d'affaire et se balade entre oeuvres caritatives et son magasin > se cache entre deux maisons sans pouvoir dormir tranquillement et finit, sous terre dans son futur labo. Enfin, Nacho mène un train de vie confortable > il finit coincé dans la villa Salamanca au mexique > dans une chambre d'hôtel > puis dans un container plein de pétrole > caché dans une cache de contrebande dans un camion d'El Pollos.


Il est à noter que Jimmy se retrouve face à de nombreux dilemmes (sorte de rencontre avec la mort) et que son personnage est ensuite forcé d'évoluer après chacun de ses choix et ses différentes prises de conscience. En parlant de dilemme, j'ai trouvé exquis le premier que les scénaristes lui mettent sous la dent lorsqu'il voit Chuck dans le magasin de photocopies. L'un des points de bascule du récit semble être le moment de la transformation de Jimmy en Saul (un peu comme lorsque Walter devient Heisenberg). La dernière transformation et le retour de Jimmy me semble être l'une des clés permettant de comprendre le véritable besoin de Jimmy et ce qui compte véritablement pour lui (en opposition à ce qu'il prétend à Mike autour d'un puit ou à Walter lors de leur fuite). Chaque prise de conscience d'un personnage l'amène à un nouvel objectif (certains personnages ont des trames narratives moins étoffées que celle de Jimmy mais elles respectent tous les 7 étapes décrites plus haut).


Certaines prises de conscience semblent être assez difficile à vivre pour les personnages : comment ne pas lire une insatisfaction éternelle chez Gus (face à l'excellent vin et sa victoire contre Lalo) ou encore Mike (chez lui, seul, face au jouet de sa petite fille).


Une histoire comme celle-ci et l'occasion de créer des débats moraux (plus ceux-ci sont pertinents et bien écrits plus l'histoire s'en trouvera enrichie et renforcée). L'interêt d'opposer deux points de vue (lesquels doivent reposés sur des arguments solides) est que cela permet au spectateur de repartir avec les meilleures idées de chacun des opposants. Dans BCS, la justice semble être un thème central et chaque personnage s'en fait une idée différente. Nous repartons donc avec toutes les idées qui ont pu être opposées par les différents personnages (Jimmy, Kim, Chuck, Mike, Hector, Lalo, Nacho, Howard,...) et c'est sûrement l'une des raisons pour lesquelles la série m'a autant plu : la plupart des fils narratifs ou intrigues secondaires finit par devenir une variation d'un des thèmes principaux (ce qui est, sans surprise, un autre des conseils que Truby peut donner dans son livre).


Pour agrémenter tout ceci, les scénaristes ont glissé plein de petit symbole/friandises pour souligner ou donner plus d'impact à certaines décisions des personnages (la bague de Jimmy, ses costumes, le bouchon de bouteille pour Kim,...) ou pour renforcer visuellement certaines thématiques : statue de la liberté gonflable, statue de la justice qu'on déplace (sur le bureau de Jimmy) lorsqu'elle gène. A force de répétitions, ces petits cailloux disséminés le long de l'histoire sont particulièrement efficaces car ils permettent de dire beaucoup de choses sans prononcer un mot.


Je pense m'arrêter là, je suis persuadé qu'il reste de nombreuses choses à dire sur cette série et sur ce qu'elle raconte. J'espère avoir mis en évidence toutes les qualités du procédé d'écriture (un véritable travail d'orfèvre ! Essayez d'écrire pour voir, vous verrez c'est vraiment herculéen de penser à autant de choses et de les emboiter ainsi à la perfection) qui m'ont autant séduit dans cette série. D'ailleurs, pour ces raisons, j'ai l'impression qu'elle est encore plus soignée que BB (peut-être grâce à l'expérience et à une base très solide) et fait que j'ai une légère préférence pour BCS face à BB (mais vraiment pas de beaucoup). Cela repose sûrement sur le choix du personnage principal (Jimmy vs Walter) : Jimmy m'a paru très complexe mais aussi profondément humain. J'espère que ce que j'ai raconté n'est pas trop nébuleux et que cela intéressera au moins 1 ou 2 personne (au moins, cela permettra peut-être de faire découvrir à certains d'entre eux le livre de Truby).


Il y en a un peu plus je vous le laisse ? J'ai particulièrement apprécié de nombreuses idées de mise en scène, en voici quelques unes :



  • L'échange entre Mike et le père de Nacho me parait fabuleux : la présence du grillage qui les sépare (puisqu'ils ne vivent pas le même monde), puis le changement de place de la caméra (après avoir entendu les reproches du père de Nacho sur sa vision de la justice) qui montre Mike derrière le grillage, comme dans une cage, alors que rien n'entoure le père de Nacho.

  • Le montage et la place de Jimmy dans le cadre lorsqu'il cherche à convaincre quelqu'un. C'est particulièrement flagrant lorsqu'il rencontre pour la première fois les Kettleman dans un diner pour les convaincre de devenir leur avocat.

  • L'intro du premier épisode, sans paroles, est fantastique. Sans qu'un mot ne soit prononcé, tout est dit sur la situation de Jimmy : la vie, en noire et blanc, a perdu toute saveur et tout éclat, son travail est chiant et répétitif. On devine pourtant qu'il dissimule quelque chose, qu'il se cache (à de nombreuses reprises, le cadrage le coince dans des endroits exigus) de quelque chose ou de quelqu'un et qu'il est coincé chez lui, seul, apeuré, dans l'obscurité.

Ludwig_Sylow
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le 22 août 2022

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