Au marteau et au burin!

Petite note: à la base, cette critique était séparée en 2 critique une pour 3X Manon, L'autre pour Manon 20 ans. Les 2 fiches ayant fusionnée, j'ai du refusionner ma critique

Partie 1: Drame ou documentaire

Manon a des problèmes, elle n'étudie pas, se révolte contre le système et va même jusqu’à poignarder sa mère possessive et passablement cinglé. Elle va devant, le juge qui décide, "pour son bien" de la placer en centre spécialisé. Voila le début plus que prometteur de cette mini série. et quand je dis que le début est à mes yeux prometteurs, c'est pour plusieurs raisons. Tout d'abord les actrices sont vraiment convaincantes et arrivent a développer un jeu intense, sans pour autant tomber dans le surjeu. Ensuite les problématiques abordées semblent intéressantes, ça parle d'enfance en difficultés, de problème de projection dans l'avenir, de système éducatif défaillant.

Au fur et à mesure que l'histoire se développe, naissent des relations, dont la naissance n'est pas plus explicitées, tout juste posé rapidement maladroitement. Au spectateur d'accepter cet état de fait, le drame n'ira jamais beaucoup plus loin. Cette absence de développement des personnages et de leurs relations n'est en soi pas bien dérangeante dans un documentaire, mais l'est nettement plus dans un drame, car bien sur l'on comprend les injustices, mais n'aurait ce pas été plus efficaces si l'on connaissait vraiment tous les personnages et pas seulement Manon? Car en l'état, la plupart des personnages ne sont et ne reste que des pures fonctions, la gentille prof novatrice qui veut révolutionner le milieu en utilisant des textes vieux comme le monde (une vision bien franco française, j'y reviendrai), un directeur médiocre qui se fout de bien faire son travail tant qu'il est fait de manière correct (cette situation ne m'est, hélas, pas inconnue), une éducatrice qui fait mal son travail et tente de le masquer, la meilleure amie arabe, la rivale rousse vulgos, la mère psychotique. Bref, des fonctions. Je l'ai déjà dit dans plusieurs de mes critiques, mais les personnages fonctions ne sont pas un mal en soi, un policier qui effectue un contrôle routier, un tavernier dans n'importe quelle partie de jeu de rôle ne sont que des simples fonctions qui sont bien utile parce qu'il n'y a aucun attachement émotionnelle derrière. Or ici, à part Manon, les autres personnages ne seront jamais vraiment développé au delà de stéréotype convenu par le politiquement correct. Or nous sommes à première vue dans un drame et ça ne peut prendre que si on connait les personnages et leurs attachements l'un à l'autre.

L'histoire bien que classique, est efficaces et montre clairement les limites d'un système. Cependant, je trouve qu'il est dommage que cette critique tombe parfois dans la critique d'individualité (le directeur médiocre, le méchant éducateur qui est stricte et simplet) plutôt que dans la critique d'un système, tout en étant persuadé de critiquer un système en critiquant les individus mis en place par le système. Encore une fois on tombe dans le même travers déjà présenté ci dessus, et dont j'ai (fort peu subtilement) fait le titre de ma critique. est ce un drame ou est ce un documentaire? Car si c'est un drame, c'est une chose parfaitement acceptable, voir narrativement productive de critiquer des individualités, mais si ça se veut documentaire, est ce que ça n'est passer pas totalement à coté de son sujet que de critiquer des individus purement fictifs dans des situations purement fictives? Idem pour le personnage de la mère, On nous fait clairement (et de manière très insistante) comprendre que c'est une cinglée, qui a subit un déficit d'affection. Le pourquoi ne sera que peu explicité et jamais clairement montré, d’où un attachement nul à ce personnage. ce personnage est dés lors simplement décrit comme un personnage nocifs et seulement nocifs, un personnage dont Manon devra apprendre à se défaire, un personnage qui la ralentit. Encore une fois, en diabolisant ce personnage et en la présentant comme une force uniquement négative, n'est ce pas détruire totalement la puissance du récit et du message global qui est amené par le reste de la série?

Dernier point qui à tendance à un peu m’exaspérer est la fascination du milieu artistique et académique français pour ses grands auteurs et les figures mythologique, véritable panacées guérissant tout ce qu'ils touchent, véritable phare de lumière dans un océan de noirceur et d'ignorance crasse. Bon on l'a fait avec La vie d'adèle ça m'avait pété les burnes, et ici, c'est la même chose. pourquoi ne pas prendre un texte de rap intelligent, n'est ce pas une source de savoir, certes moins fondamentale (dans le sens premier du terme c'est à dire de fondement, de base) ou autres choses, n'importe quoi mais pas ce que tout les "grands réalisateurs de films d'auteurs français pédant", font. Pour simplifier, j'ai trouvé cette série parfois un peu inutilement prétentieuse.

N'en reste pas moins que ce film est a certains moments vraiment touchants, que les acteurs sont d'une sincérité qui crève l'écran. Tous emplissent à la perfection le rôle qui leur a été assigné et certaines scènes sont intéressantes. On s'attache vraiment à Manon, on ressent les injustices qu'elle subit, la réalisation est correct assez similaire à n'importe quelle série, mais aucune fausse note n'est à déplorée, mais surtout cette réa laisse le champs libre aux acteurs et actrices, et ça c'est vraiment une excellente idée. Autre chose qui est intéressant c'est qu'il y a des méchantes et des gentilles fonctions dans tous les corps de métier.
Malgré tout ce que j'ai pu dire ci dessus, je recommande le visionnage de ce drame/documentaire dont l'une des plus grandes faiblesses est d'avoir voulu faire à la fois un reportage coup de poing et un drame des plus classique (mais néanmoins souvent efficaces), rendant ce mélange des genres peu efficaces dans les 2 directions que ce dernier a voulu prendre.

Partie 2: au marteau et au burin

Manon revient quelques années plus tard, ayant plus ou moins réussi à résoudre ses problèmes avec l'autorité et la société. elle a son diplôme de mécanique en poche et cette dernière va encore être confrontée aux durs aléas de la vie.

Voici un résumé des "passionnantes" aventures de Manon. Manon se fait larguer elle va dans un garage passer un entretien, on lui dit qu'elle convient mais en fait pas (parce que c'est une femme), du coup elle rencontre dans le garage un gars cool et une fille pas si cool que ça mais qui est quand même sympa, un triangles amoureux se forme tout ce qu'il y a de plus classique (oui un triangle amoureux, càd le premier chapitre du livre des auteurs en manque d'inspiration) mais ici on va faire un couple de lesbienne car ça rajoute un petit coté militant. Ensuite divers péripéties avec le retour de sa mère toujours aussi tarée, sauf qu'ici la subtilité du jeu, tu l'envoie aux chiottes.

Soyons bien clair, je trouve que des représentations positive de lesbienne à la télé c'est une bonne choses, mais pas quand il s'agit de se donner bonne conscience et rajouter un coté faussement militant à son "œuvre" (je fustige donc bien ici, ce que je perçois comme un manque flagrant de sincérité et une certaine conformation aux tendances actuelles). En plus tous personnages se doit d'être un minimum subtile, on passe ici complètement à coté de cet objectif. le côté misère sociale est aussi décrit rapidement mais avec la subtilité d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Encore une fois, est ce un petit clin d’œil ou un véritable propos, parce que la misère sociale est dégagé à la va vite. Cette série adopte de plus en plus les codes d'un film d'auteur tout en réussissant à ne pas avoir de véritable clarté dans son propos. Ersatz de propos qui est amené, qui plus est, sans la moindre subtilité.

Coté histoire: où est ce que ça va!? On en sait rien et visiblement le réalisateur et les scénaristes non plus. D'aucun me diront qu'il s'agit la de capter les moments d'égarements d'une jeune fille confrontée aux dures réalités d'un monde injuste. Ok, je peux le comprendre, mais alors pourquoi cette fin qui est une négation totale du restant du récit?

Bon au niveau des acteurs et des personnages, c'est plus sympa, ils réussissent à éviter pendant un temps les persos fonction comme 3XManon, les relations, sont ici bien plus construites et donc l'attachement aux personnages bien plus conséquents. Il y a aussi une évolution au niveau des personnages qui évolue ou régressent tous (ce qui est une forme d'évolution). Ils évoluent tous??? Non une irréductible gauloise préfère ne pas évoluer et

En plus si les personnages tardent à devenir des fonctions au final, ils le deviennent quasi tous, le méchant garçon hétéro traditionnelle et la gentille lesbienne bienveillante, bref, c'est cousu de fils blancs et réussit en 10 minutes à faire perdre la subtilités de certains persos qui était vraiment très travaillé (oui je parle du mec de Manon). Les acteurs sont tous globalement bon et la réalisation reste comme pour 3XManon tout ce qu'il y a de plus correct.

Alors aussi, prendre une problématique complexe, la simplifier à l'extrême et développer exactement le même propos que la tendance dominante, sans ajout, sans nuance, sans subtilité c'est ..., c'est peut être ça, en fin de compte, la mort artistique.

Mais putain, cette série se veut progressistes et intelligente, mais être progressiste et intelligente ce n'est pas juste copié collé les codes du courant de pensée dominant sans avoir le moindre recul. ça c'est ni intelligent, ni progressiste, c'est juste essayer de se persuader qu'on est intelligent et progressistes, alors qu'on est pédant et prétentieux. Il n'y a pas une seule réflexions que je n'ai pas vu autres part, dans d'autres œuvres, à aucun moment la série ne m'a fait réfléchir, à aucun moment je me suis dit "bonne réflexion", a aucun moment cette série ne m'a fait trembler sur mes bases et ne m'a forcé à prendre deux minutes de mon temps pour forcer en moi une réflexion. Bref en tant que personne progressiste je me suis juste contenter d'être d'accord avec la plupart des idées défendues par cette série tout en me disant que ça manquait profondément de sincérité, d'originalité ou de nuance (bon le coup valeur travail, ils peuvent aller se faire mettre). J'estime que quand on défend quelque chose d'important, ça doit être fait avec soins pas comme des porcs.

Malgré les nombreux points positifs de cette série qui a enfin réussit à s'affirmer comme étant une série et pas un documentaire, le tout semble avoir été fait au marteau et burin, c'est à dire sans la moindre subtilité et je pense sans le moindre recul par rapport à son propre travail. C'est dommage, car ces défauts malgré leurs lourdeur, reste acceptable et la série se laisse franchement regarder. Par contre une telle fin n'est pour moi pas acceptable car elle est une négation pas seulement de l'histoire de Manon 20 ans, mais de la série dans son ensemble.