Je découvre Marie-Hélène Lafon par ce récit récemment paru, "Les Sources". Un roman aux accents de témoignage, de devoir de mémoire et d'autobiographie pour une autrice née dans une famille paysanne du Cantal.
Justement, nous y sommes dans le Cantal, courant des années 60, au coeur d'une ferme plutôt prospère mais dont les murs dissimulent mal la pénibilité du labeur et les coups du père sur la mère, les trois enfants à la fois épanouis et meurtris.
En très peu de mots - et dans un style qui m'a d'abord déroutée - Marie-Hélène Lafon trace le destin d'un couple mal assorti, formé par deux rejetons de paysans. Traditions immuables, moeurs immuables, destinée immuable... ou pas. Peut-être, malgré tout, y a-t-il un moyen d'échapper à l'asservissement, à la violence conjugale, aux maternités répétées, au mariage malheureux ?
"Les Sources" est un roman court mais intense. Les mots font mouche presque à chaque phrase, les images sont évocatrices, les descriptions taiseuses et sobres comme le parler paysan. Entre les lignes, on sent la souffrance, le souvenir, la perte de l'enfance, le regret et le temps qui passe, immuable et inexorable. le temps qui emporte les pensées, apaise les émotions, efface les traces.
Marie-Hélène Lafon décrit un Cantal et une campagne sévères, austères, nourriciers, repliés, montagnards ; le récit n'est pas gai mais il dégage de la force.
Une écriture qui m'a rappelé celle d'Annie Ernaux.