Retour dans le Massif Central en compagnie de Marie-Hélène Lafon pour son dernier roman, Les sources. Un court texte, autobiographique, en trois parties, dans lequel l’écrivaine raconte l’histoire d’une famille, le père, la mère et leurs trois enfants entre les années 60 et aujourd’hui.


Le roman est divisé par trois en trois parties. Dans une première, la plus grande, qui occupe les trois quarts du livre, l’autrice raconte l’histoire de cette famille du point de vue de la mère. Un récit fait de pensées sombres, d’actes, de souvenirs, de ce qu’elle a vécu aux côtés d’un mari, brutal, toxique et bien peu aimant. Des mots secs, un texte sans affect, pour parler des humiliations vécues, des peurs d’une femme qui a perdu au fil du temps toute notion de plaisir et de bonheur dans un mariage qui n’aurait dû jamais se faire.

La deuxième partie, bien plus courte, évoque la séparation du couple à travers les pensées du père, resté seul dans la maison, à une époque où Valéry Giscard d’Estaing vient d’être élu président. Ce père qui aurait préféré « Pompidou plutôt que ce président qui fait semblant de savoir jouer de l’accordéon ».

Enfin, la troisième partie, qui se passe de nos jours, raconte le moment où l’une des filles retourne une dernière fois sur les lieux de son enfance, avant de vendre la maison.


Première incursion pour moi dans l’univers de Marie-Hélène Lafon, avec ce roman âpre, à l’os, sans la moindre fioriture. Un texte écrit au présent, sans beaucoup d’adjectif, ce qui lui donne une forme d'urgence, presque un aspect documentaire.

Marie-Hélène Lafon y narre, avec des morts qui bousculent, la vie d’une famille comme il en existait sans doute beaucoup au siècle dernier, des familles dominées par un mâle dictateur et tout-puissant, faisant régner l’ordre et la terreur au sein de sa famille.


Avec une économie de mots, un texte parfaitement ciselé, Marie-Hélène Lafon use d’un style qui rappelle celui d'Annie Ernaux... Une écrivaine, comme elle, qui, par l’écriture, a pu s’extraire de son milieu social, pour témoigner de conditions de vie et d’un passé douloureux.


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BenoitRichard
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le 17 mars 2023

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