1967, une belle ferme dans le Cantal. La mère, dont on ne connaîtra jamais le nom, est en proie depuis son mariage à la violence d'un mari qui terrorise aussi leurs trois jeunes enfants.
1974. Cela fait maintenant sept ans que le père vit seul dans la même ferme. "On n'avait encore jamais vu ça, dans le pays, un divorce dans une ferme, une femme qui s'en va avec les trois enfants."
2021. Claire, l'une des trois enfants, s'est fait un devoir de retourner à la source, la ferme dont elle s'apprête à signer la vente à un jeune couple dont les trois enfants grimperont à leur tour dans l'érable de son enfance.
Rien de très innovant dans la trame de ce roman à trois voix que Marie-Hélène Lafon a ancré une fois de plus dans la campagne de ses jeunes années. Et pourtant, quel plaisir de lecture !
A l'opposé de son voisin écrivain du Massif Central auquel elle semble adresser un clin d'oeil en évoquant brièvement la ferme de la Bouysse, Marie-Hélène Lafon n'use d'aucun artifice lourdement littéraire, ses hirondelles n'égratignent pas le ciel, elles se contentent de le traverser. Avec des mots simples, elle pose un regard d'une exceptionnelle acuité sur d'innombrables détails de la vie rurale dans les années 60 et décrit finement l'attitude et la psychologie de personnages souvent complexes.