C'était mon 1er et je ne suis pas in Love. C'est Craft docteur ?

J'ai toujours une petite pointe d'appréhension avant de découvrir pour la première fois une oeuvre d'un auteur célèbre et reconnu comme un maître dans son domaine. Et c'est le cas avec HP Lovecraft puisqu'il est considéré unanimement comme la référence incontestée et incontestable en matière de fantastique mâtiné d'horreur. Et autant dire que j'ai frissonné durant ma lecture de ce recueil de 6 nouvelles. Mais pas du frisson de l'excitation. Plutôt celui de l'hypothermie après une bonne douche glacée...


Pour remettre Lovecraft dans son contexte, il faut savoir que ses textes datent du début du XXe siècle et que le genre horrifique en littérature a gagné ses lettres de noblesse sous sa plume. Si je concède volontiers que l'homme a un talent indéniable pour poser une situation et y faire voyager le lecteur via force détails et descriptions issus de recherches documentées, les standards de l'horreur de son époque sont aujourd'hui révolus. Dans une société mondialisée comme la nôtre et a fortiori potentiellement ouverte culturellement à celles et ceux qui le désirent, de gros monstres libidineux et pourvus de tentacules visqueuses ça n'a rien de franchement original, ni d'effrayant. Le cinéma asiatique regorge d'ailleurs de nanars fauchés en mettant en scène. Et je ne parle (même) pas des hentai hein...!


Mais au-delà des moeurs et des sensibilités différentes depuis le siècle dernier, ce qui m'a profondément dérangé dans ma lecture c'est la manière dont Lovecraft traite le gros de la partie horreur et notamment lorsqu'il fait intervenir ses monstres. A mes yeux ces passages sont frustrants. Non contents d'être brefs, les narrateurs des différentes histoires fuient toujours le monstrueux danger et à posteriori semblent souffrir de stress post traumatique. Sont-ils fous ? Ont-ils rêvé ces visions cauchemardesques ? Essaie-t-on de leur adresser un message divin ?


Autant de questions laissées sans réponses. Le traducteur signant la préface du livre explique que la folie est une part importante - pour ne pas dire majeure - dans la bibliographie de Lovecraft et force est de constater qu'il n'a pas exagéré. Oui tous les narrateurs dans les histoires de ce recueil ont été traumatisés. Et moi aussi, lecteur, j'ai fondu un câble ; POURQUOI FAUT-IL QUE LA NOUVELLE S'ARRÊTE A CHAQUE FOIS QUE LE RÉCIT DEVIENT INTÉRESSANT ??? Non mais sans déconner, il y a de quoi devenir dingue !! Ce constat, je le tire des 6 nouvelles qui composent ce recueil. Dans Dagon ou Les montagnes hallucinées, les personnages principaux prennent leurs jambes a leur cou face à la menace et dans d'autres récits comme La cité sans nom ou L'appel de Chtuhlu les monstruosités sont décrites à travers les prismes de la description et de témoignages oraux ou écrits...bref, pas de quoi remplir sa couche ou se voir empêcher de trouver le sommeil.


J'ai peut-être l'air vindicatif en évoquant mon expérience HPL mais je me dois toutefois de saluer le talent de l'auteur pour poser un background et présenter des lieux et des environnements à ses lecteurs. Car oui, l'imaginaire de Lovecraft est indéniablement riche. Que ce soit dans des montagnes enneigées, un tombeau enfui dans le désert égyptien ou encore une cité millénaire expliquant en partie les origines des créatures lovecraftiennes, l'auteur ne lésine pas sur les détails pour donner vie aux cadres des intrigues. C'est sacrément bien foutu et cela explique pourquoi j'ai tant apprécié les conjectures sur les Anciens dans Les montagnes hallucinées et, plus généralement, Dans l'abîme du temps qui est de loin ma nouvelle préférée car bien dosée entre évasion, dépaysement et imaginaire fantastique.


Quand je parcours la fiche Wikipedia de Lovecraft je remarque que la plupart des histoires multiplient les clins d'oeil et les références à d'autres textes et que toute la mythologie qui transparait de cet ouvrage semble se fondre dans un tout cohérent au sein de sa bibliographie. Et ça ça me plaît. Ca me donne envie de poursuive le voyage dans l'univers d'un mec en totale rupture avec les courants de son époque. Mais ce premier contact ma clairement refroidi et je ne vous cache pas que si le rythme et le traitement de l'action ne différent pas de ceux de ces récits, je devrais reconnaître que HPL ce n'est pas pour moi. Et ça ça me chiffonne car je m'en voudrais de Chtuhluper le coche avec un auteur qui semble avoir énormément à offrir aux lecteurs adeptes de Fantastique et de Science Fiction...


Donc si vous avez des conseils et/ou recommandations d'oeuvres à me faire pour donner une seconde chance à Lovecraft, je suis preneur !

Créée

le 25 oct. 2016

Critique lue 820 fois

1 j'aime

MarlBourreau

Écrit par

Critique lue 820 fois

1

D'autres avis sur Les Montagnes hallucinées

Les Montagnes hallucinées
Libellool
8

Howard Phillips aime... le papier kraft ?!?!

Il y a longtemps, j'avais lu le Folio à 2 € La Peur qui rôde et je dois bien avouer que j'avais moyennement apprécié ces quelques histoires courtes qui versaient trop dans le descriptif et où il ne...

le 17 nov. 2021

28 j'aime

13

Les Montagnes hallucinées
Samanuel
7

Etrange, inquiétant, délirant... et daté

Sur le fond, Les Montagnes Hallucinées rentre dans les standards de ce que l'on attend chez Lovecraft : l'irruption de l'irrationnel, de la peur et de la folie dans un univers par contraste très...

le 14 déc. 2010

20 j'aime

2

Les Montagnes hallucinées
Dnvr
5

Critique de Les Montagnes hallucinées par Dnvr

Qu'est ce que c'était chiant ! J'avais plutôt apprécié "Le mythe de Cthulhu" il y a quelques années, et j'étais impatient de lire celui-là. Mais je sais pas pourquoi, j'ai jamais réussi à entrer...

Par

le 15 déc. 2011

15 j'aime

1

Du même critique

Game of Thrones
MarlBourreau
9

[S1-S3*] C'est fini ! J'arrête de regarder cette série de merde !

*Cette critique est mise à jour régulièrement. [Juin 2013] Saison 1 à 3 OUI ! De merde ! 50 minutes pour un épisode. Et c'est UN épisode par semaine. Par SEMAINE hein ! 50 minutes par semaine !!! Je...

le 14 juin 2013

56 j'aime

23

Starbuck
MarlBourreau
8

El Masturbator !

David Wosniak est un branleur. Au sens propre comme au figuré. Eternel loser irresponsable, il donnait anonymement du sperme sous le pseudonyme de Starbuck pour se faire un peu d'argent.Sauf que...

le 12 juil. 2013

42 j'aime

Les Trois Frères : Le Retour
MarlBourreau
4

Sans patate...

Ah les Inconnus, que de souvenirs passés en compagnie de ce trio magique qui égratignait dans la bonne humeur tous les rouages et tendances de notre société. Presque 20ans après la sortie en salles...

le 25 févr. 2014

39 j'aime

4