Je précise immédiatement que j'ai lu la traduction d'Emmanuel Chastellière.


Cet ouvrage est un pièce maîtresse de toute collection d'heroic fantasy.


Le scénario


L'univers est cohérent, et l'on découvre ses règles petit à petit, toujours respectées. Pas de failles, pas de deux ex machina.
Le scénario est très bien ficelé et cela ira crescendo au fur et à mesure des ouvrages. Mais par dessus tout, ce scénario exclue toute forme de manichéisme : pas de grandes vérités générales, pas gentils ni méchants. Le Livre des Martyrs nous propose l'histoire d'entités, divines et politiques, se battant pour leurs causes, chacune parfaitement compréhensible.


Les personnages


Les personnages sont très nombreux. D'aucuns diraient trop nombreux, que l'on s'y perd parfois, surtout quand ils changent de noms (d'un tome à l'autre). Steven Erikson s'en justifie parfaitement dans la préface de son édition : tant pis pour la facilité, que ceux qui veulent le suivre le suivent. Ainsi, pas de répétition permettant à un lecteur un peu dilettante de raccrocher les wagons, et la liste des noms au fond de l'ouvrage n'aidera pas.
Mais chaque personnage est parfaitement construit, avec ses zones d'ombres, ses doutes et ses forces. Ils sont très attachants et participent activement à la force de l'ouvrage.


La langue


Le traducteur a fait un travail formidable, produisant une langue réellement littéraire et poétique par bien des aspects. Les descriptions sont magnifiques, parfois lyriques. Les batailles ne sont pas une description tactique que l'on verrait sur une carte, mais la prise d'un point de vue réaliste.
Le style n'est pas sans rappeler le genre de l'épopée. Nous voyons déjà poindre les légendes qui seront chantées d'ici quelques générations aux enfants.
Le narrateur plus ou moins omniscient est parfaitement maîtriser, s'adaptant à chaque personnage qu'il suit pour une immersion totale malgré les sauts entre les subjectivités.



Trois fers de lance jaillissaient de la lame comme autant de feuilles sur une tige, pointes fendues, hampes brisées. Seul un peu de bois blanc dépassait encore



Conclusion


Je recommande cet ouvrage à toute personne prétendant que l'heroic fantasy n'est pas de la littérature. Je le recommande aussi à tout adulte bon lecteur, mais le déconseille aux enfants qui ne sauront comprendre les enjeux, ou se scandaliseront de certaines noirceurs dans les tomes à venir.

BaronSamedi-SDCE
10

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Créée

le 9 juin 2020

Critique lue 162 fois

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