Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire : ou quand le mieux est l'ennemi du bien.
(je sors des phrases toutes faites pour imager mon propos n'ayant pas l'imagination nécessaire pour en inventer de nouvelles)

Ce livre possède des qualités indéniables, en premier lieu, je n'en avais pas du tout entendu parler (un cadeau, merci beaucoup) ce qui évite qu'un livre pâtisse du trop plein d'espoir que je fondais en lui et de la déception qui les accompagne souvent.
Un vieux déguisé en cochon sur la couverture, moi ça me botte, et j'ai un a priori favorable sur la Suède (pourquoi : comment le saurais-je ?). Voilà pour les raisons complètement subjectives.

J'entame donc les yeux fermés (enfin c'est une image, hein) ce roman, qui il faut bien le dire parvient de suite à m'accrocher grâce à une style fluide et drôle, un rythme soutenu et le caractère truculent d'Allan Karlsson, son "héros" centenaire. Les premières péripéties s’enchaînent sans fausse note et je me surprend à glousser tout haut devant le comique très réussi des dialogues, cela s'annonce bien. J'aime l'idée de raconter deux histoires en parallèle : les évènements actuels, bien sur, et les aventures passées d'Allan, qui, en cent ans, a eu le temps d'en vivre des choses passionnantes. Ses jeunes années en Suède, arrosées de (beaucoup) de vodka et de (grosses) explosions (les deux n'étant étonnamment pas liés) nous donnent même plus envie de rester dans le passé et de laisser un peu de côté la folle escapade du vieux.

Malheureusement, en arrivant au second tiers du récit, le roman pèche par ce qui était l'un de ses points forts : l'originalité. Je m'explique :

(ET PREVIENS QUE JE VAIS SPOILER. L'USAGE DE MAJUSCULES SIGNIFIANT : STOP !)

Qu'Allan rencontre ou Franco. Ou Churchill. Ou Truman. Ou Staline.... Chaque situation prise à part est plutôt bien trouvée et amusante. Le cumul de toutes ces rencontres, dans un manque de crédibilité, bien sur fait exprès et assumé, reste à mon sens, lourd. Je commence à ne plus pouffer de rire mais à souffler d'exaspération devant ce qui est pour moi une solution de facilité consistant à ne jamais vraiment rien approfondir mais à "gaver" le lecteur de rebondissements de plus en plus rocambolesques, pour cacher une sévère baisse de régime.

En fait, seule l'idée de départ, à savoir la fuite de la maison de retraite d'un centenaire, ses rencontres avec des gens peu banal et le récit de sa vie passée, est bien trouvée. J'avoue franchement m'être forcée pour finir les 200 dernières pages, me disant "ça se lit vite" "peut-être la fin est-elle réussie ?" Bref...

Je me coltine donc d'énièmes et improbables rencontres avec ... Mao Tsé Toung ! Bien sur ! Puis tiens, si notre cher Allan faisait sauter sur ses genoux le jeune, mais future terreur, Kim Jung-Il !
Arrivée là, je m'attend à lire non sans une certaine appréhension, une nuit torride que notre héros aurait passé avec cette chère Elizabeth II mais... non ! On m'aura au moins épargné ça
.
Bon an mal an, me voilà à la fin du récit. Du n'importe quoi. Le style de Jonas Jonasson devient très lourd, car, ayant conscience de son talent comique, il en rajoute, un peu, beaucoup, partout... Cela en devient indigeste.

Je tourne la dernière page, referme le livre, pousse un gros ouf de soulagement comme après la dernière bouchée d'un gâteau d'anniversaire qui, malgré son air prometteur, s'avère trop sucré et écoeurant.

Mais j'aime toujours la Suède.
Pravda
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le 2 oct. 2012

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Pravda

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