les tourments de la famille Pelletier

Après avoir clôturé sa brillante saga familiale, en trois volets, les enfants du désastre, Pierre Lemaître est revenu en 2022, avec le premier tome d’une nouvelle série intitulée Les Années glorieuses, initialement prévue en trois parties mais qui, en définitive, en comptera quatre. (On ne va pas se plaindre). Le grand monde nous transportait entre Beyrouth, Saïgon et Paris, nous faisant découvrir au fil des pages, les personnalités très contrastées des différents membres de la famille Pelletier. Louis et Angèle, les parents à la tête d’une savonnerie à Beyrouth, mais également leurs quatre enfants : Etienne, installé en Indochine qui connaîtra un destin funeste, mais aussi : Jean, surnommé Bouboule, François, et Hélène, tous trois installé à Paris.

On retrouve tout ce petit monde dans le second volet de cette nouvelle saga familiale intitulé le silence et la colère. Comme d’habitude, chez Pierre Lemaître, le roman s’avère très vite foisonnant et donc bien difficile à résumer, tant les personnages, les enjeux et niveaux de récits, sont nombreux dans cette nouvelle histoire qui se situe principalement en France, au cours de l’année 1952.

On suit Hélène, la seule fille du clan Pelletier, envoyée en reportage dans une vallée qui va bientôt être recouverte par les eaux, suite à la construction d’un barrage hydroélectrique. Sur place, elle rencontre les habitants de Chevrigny (inspiré par le village de Tignes), contraints de quitter leurs habitations. Le pauvre Jean qui a monté un commerce, doit, plus que jamais, composer avec son horrible épouse Geneviève, enceinte d’un second enfant et si peu aimante avec leur petite fille. Quant à François, amoureux de la mystérieuse Nine, il enquête sur le meurtre mystérieux de l’actrice Mary Lampson, tuée dans les toilettes d’un cinéma (voir le précédent roman).

Avec son style toujours aussi fluide et aérien de romancier feuilletoniste, Pierre Lemaître nous propose un récit choral dans une époque en pleine mutation, où le progrès technologique permet des avancées considérables, mais c’est également une période plus sombre, faite de répression, où l’État fait la chasse aux avortements dans le but de relancer la natalité dans ces années d’après-guerre. Un fait historique, incarné par un personnage aussi savoureux que détestable nommé Armand Palmari, qui n’hésite pas à employer des méthodes dignes du régime de Vichy dans le but de traquer les femmes qui se font avorter ainsi que les personnes qui pratiquent ces avortements.

Avec son art de la narration, sa science du détail et surtout du fait historique, Pierre Lemaître nous raconte ces années 50 comme personne et continue de régaler son lectorat. Un récit comme toujours très documenté, dans lequel l’humour et l’ironie sont toujours très présents pour notre plus grand bonheur.

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