Le Monde d'hier est un livre-témoignage absolument passionnant d'un point de vue documentaire, artistique, sociologique, philosophique et biographique, emprunt de sensibilité, de simplicité, et de justesse. Remarquablement construit, il est chronologique et très instructif ; il apporte d'indispensables éclairages sur le milieu, la culture, la pensée, la carrière et les relations de l'auteur. Il a été envoyé par sa femme à son éditeur un jour avant le suicide de Stefan Zweig.
Né en 1881, élevé à Vienne, et apatride, Stefan Zweig retrace l'évolution de l'Europe de 1895 à 1941 et écrit ses souvenirs, en pleine guerre, à l'étranger.
Il décrit le monde de la sécurité dans lequel il a été élevé, avant la Première Guerre Mondiale et les particularités du milieu viennois, où confluaient tous les courants de la culture européenne. On comprend mieux, comment Zweig, issu de la bourgeoisie juive, a construit sa personnalité spirituelle et son aspiration profonde à la liberté. Il décrit son milieu social et familial, le contexte culturel, politique et sociologique de l'époque, sa jeunesse et les conditions de son instruction et il illustre ses propos d'expériences personnelles.
C'est un livre profondément touchant, bouleversant, un témoignage très fort qui plonge le lecteur entièrement dans l'ambiance de l'époque. Il peint une fresque de sa génération. Les anecdotes sont nombreuses et apportent au récit beaucoup de réalisme. Il décrit les réseaux d'amitié qu'il a développés à travers toute l'Europe. Zweig rend hommage à tous les intellectuels plus ou moins célèbres qui ont marqué son oeuvre et son parcours, Rilke, Romain Rolland, Freud, Jules Romains, Tolstoï, Rodin, Strauss et tant d'autres. Biographe, il dresse d'eux un fidèle portrait. C'est un livre très riche et très enrichissant, absolument incontournable, expression de son humanisme, de son ouverture d'esprit, de son engagement pour l'Europe et le pacifisme, de sa passion pour les lettres et les arts.