Amélie Nothomb tient le rythme d'un bouquin par an et je comprends parfaitement tous les reproches qui lui sont faits.
Son écriture est concise, son style n'est pas hyper original dans le sens où elle aime les phrases courtes et le vocabulaire précis, et ne va pas s'enquiquiner à alourdir ses dialogues de descriptions du ton employé par les personnages, de leurs gestes à chaque réplique, c'est vraiment très épuré.
Mais personnellement c'est ce qui m'a toujours plu dans ses livres. C'est accessible, précis, les références sont grosses et bien appuyées, c'est pas du tout subtil mais ça me touche. Ça me touche parce qu'encore une fois Nothomb choisit de nous parler de personnages aux prénoms improbables (mais signifiants) et qui ne s'expriment absolument pas comme des gens de "la vraie vie" par exemple. J'aime beaucoup ce décalage et comme elle nous parle à nouveau de famille, ça m'a rappelé Frappe-toi le cœur.
Comme souvent avec les personnages d'enfants créés par l'autrice, ceux-ci sont visiblement dotés de cerveaux d'adultes et j'aime bien ce parti pris. Ici c'est justifié par le fait qu'on suit une gamine surdouée, mais elle est quand même plus que ça. Même pour une surdouée c'est trop. Et comme d'habitude, les personnages sont au choix des archétypes ou des "parties" de l'autrice. Il suffit de l'écouter vingt minutes en interview pour se rendre compte que dans ce livre elle a été un peu Cosette, est toujours un peu Tristane, aurait rêvé d'être Laetitia et craint d'être une Nora un jour. Bon, vous me direz que c'est de la psychologie de comptoir...
Mais contrairement aux Aérostats où Nothomb se caricaturait elle-même, je retrouve une certaine fraicheur ici. Le roman parle de deuil, vaguement de classes sociales, et bien évidemment de sororité. C'est bête à dire mais j'ai trouvé ça beau. Ce n'est pas une histoire joyeuse qui nous est contée, mais ça s'arrête là où il le faut et ça va à l'essentiel.