Dans un juste équilibre entre distance pudique et honnêteté troublante, Annie Ernaux délivre dans ce (très) court texte, aussi percutant par son féminisme qu'émouvant par la jeunesse qu'elle ressuscite, malgré certains raccourcis et facilités, tout le sel de sa littérature : sociologie de la bourgeoisie et du prolétariat dans lesquelles elle ne sait vraiment se placer, analyse autobiographique du désir, et exhumation d'un passé pas si profondément enfoui et dans lequel elle se et nous balade avec émotion autant que crainte ("se mouvoir dans le temps sans nom du rêve.").
Le tout dans un va et vient constant et équilibré, un jeu de miroir générationnel, et un sens des mots unique, ciselé, parfois complexe, mais toujours à propos.