Adrien n’est pas un grand fan des dîners de famille, répétitifs, toujours basés sur le même schéma. Tu aimes les poivrons déjà ? Non Sophie, non. Ton frère n’aime pas les poivrons et tu le lui demandes à chaque fois. Ce dîner de famille-ci s’annonçait comme tous les autres, mais ce sera peut-être le pire. Déjà, parce que son beau-frère lui demande de faire un discours lors de son mariage ; « Tu sais, ce sera le plus beau des cadeaux pour ta sœur ». Oh misère. Tout, tout mais pas ça. Pourquoi ne pas demander à quelqu’un de drôle, à l’aise, sensible, poétique, touchant et pertinent chaque fois qu’il ouvre la bouche ? Adrien n’est pas drôle. Ou poétique. Ou à l’aise en public. Mais comment refuser une telle proposition, aussi joliment présentée ?
Et comme si cette soirée ne s’annonçait pas assez pourrie de la sorte, voilà qu’il craque et envoie un message à son ex pour prendre de ses nouvelles, alors même qu’il s’était promisjurécraché de ne pas y céder. Et encore, ce n’est pas le pire ! Le pire ; le pire, c’est que Sonia l’a lu son message. Elle l’a lu mais n’y a toujours pas répondu. Faut-il la relancer ? Laisser tomber ? Envoyer balader ce repas pour la rejoindre ? Rester fort et digne, continuer à hocher la tête à tout ce que dit son beau-frère même quand on en à rien à cogner ? Comment peut-elle lui faire ça ? Comment peut-on lui faire subir tout ça en même temps ?


Moi qui aime particulièrement les BD et l’humour décapant de Fabcaro, je ne pouvais décemment passer à côté de ce roman. Et je dois dire que je n’ai pas été déçue ! On retrouve le même ton doux-amer que dans ses BD, le même style loufoque mais pourtant tellement parlant. Car qui n’a jamais vécu l’une de ces situations ? Sans savoir comment s’en dépêtrer, préférant courber l’échine et attendre que ça passe par paresse, facilité ou ennui au même titre qu’Adrien.
Le discours est un enchainement de situations cocasses, absurdes et désabusées, porté par des personnages tous plus névrosés les uns que les autres. Névrosés mais ô combien attachants, à commencer par Adrien, narrateur et personnage principal qui durant ce repas de famille un peu particulier nous livre une introspection profonde et touchante sur sa vie, ses proches, ses relations avec eux et sur l’amour. Une introspection digne des meilleurs on-man show qui fait autant rire que réfléchir.
À travers un simple dîner de famille (interminable pour le narrateur mais croustillant pour le.a lecteur.ice) Fabcaro en profite pour dresser une belle critique sociale, amoureuse et familiale sans jamais tomber dans l’exagération ou la facilité. Un très bon moment de lecture à passer avec ce roman qui se lit tout seul !


https://leschroniquesviennentdemars.wordpress.com/2019/02/04/roman-le-discours/

DameDePique
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Lectures 2019

Créée

le 4 févr. 2019

Critique lue 1.5K fois

8 j'aime

DameDePique

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

8

D'autres avis sur Le Discours

Le Discours
Cyriellebourgeonne
7

Critique de Le Discours par Cyriellebourgeonne

Lors d'un repas de famille, Adrien doit faire face à deux problèmes : gérer une rupture difficile, et préparer un discours de mariage qui s'annonce être une catastrophe. L'humour absurde connu des BD...

le 15 févr. 2020

4 j'aime

Le Discours
nomade
1

je parle de moi mais en fait on a l'impression que ça parle...de moi

Surpris par l'avis des autres lecteurs...Pourtant l'humour de Fabcaro en bd j'adore, mais alors là...on dirait du Bénabar, l'art de ne rien raconter, de raconter le vide, dans une prose insipide...

le 23 juin 2019

4 j'aime

1

Le Discours
AreNam
2

Qui a validé ça dans la maison d'édition ?

A la suite de l'annonce du confinement et du télétravail, je me suis dit qu'il fallait alors faire le plein de livres car il ne m'en restait qu'un à lire. A la vue du rayon littérature de...

le 21 mars 2020

3 j'aime

2

Du même critique

Phoolan Devi, Reine des bandits
DameDePique
9

Symbole de lutte

Née en 1963 au Nord de l’Inde au sein de la caste des Sudra (la caste la plus basse d’Inde), Phoolan est confrontée toute son enfance à la violence, la pauvreté et l’injustice. Une enfance rude et...

le 17 déc. 2018

5 j'aime