La Route de Cormac McCarthy a reçu, en 2007, le Prix Pulitzer, un des prix littéraires les plus cotés. Il va être adapté très prochainement (sortie en décembre 2009) au cinéma. La marque d'un grand roman ? Les gens diront sans doute oui. Moi, je dis non. La Route, tout roman de science-fiction qu'il est, n'est franchement pas passionnant. Il a le mérite, toutefois, d'être bien écrit.
En effet, Cormac McCarthy manie visiblement bien la plume (pour autant que je puisse en juger, étant donné que c'est le premier roman de l'auteur que je lis). Le roman se lit facilement une fois qu'on s'est habitué au rythme particulier du récit, à la façon qu'a l'auteur américain de n'utiliser aucune virgule et d'employer des phrases aux triples ou quadruples locutions, ainsi que de placer des phrases au participe présent. Cela dit, la traduction est passée par là, ce qui n'aide pas au jugement de l'écriture de l'auteur.
La Route n'est pas un roman rigolo – mais pas non plus triste comme je l'expliquerai plus loin –, empreint d'une ambiance insolite, qu'on ressent grâce au travail de l'auteur. Le silence de l'hiver qui se pose sur un monde post-apocalyptique, le ralentissement des mouvements – de l'action – à cause du froid sont perceptibles. Notamment grâce à la façon dont sont introduites les paroles des personnages : mêlées au reste du texte ou amenées un simple retour à la ligne sans tiret.
C'est LE point fort du roman de Cormac McCarthy : ce dernier installe le lecteur dans son livre, réussit à le placer à côté de ce père et de ce fils qui fuient vers le Sud et un climat hypothétiquement plus doux.
Toutefois, si l'auteur de No Country for Old Men réussit à introduire le lecteur dans son récit, il échoue à lui faire ressentir quoi que ce soit pour les deux personnages. Ne rien savoir sur eux crée une situation de recul qui empêche l'émergence de sentiments à leur encontre. Le mystère des origines de cette fin de monde nuit à la culpabilisation du lecteur ou à le faire rager contre des coupables[1]. La Route est un roman vide d'émotion, donc pas triste comme certains vous le diront.
Vide d'émotion, mais aussi vide de sens. À quoi mène ce cheminement ? À rien en fait. Non pas un rien qui serait le Néant – la Mort – mais au contraire à une conclusion « bisounours » où tout est bien qui finit bien, un joli Happy End à l'américaine, où évidemment on découvre qu'il y a un Dieu et qu'il est bon.
La Route ne me laissera pas de souvenir indélébile. Je l'aurai sans doute oublié dans quelques semaines.
[1] On me répondra sûrement que n'avoir aucune explication est tout le concept du roman. Je répondrai que c'est vrai et que cela fait du concept de ce roman un concept de mauvais roman.
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