Le premier traité politique de science fiction

C'est le type de livre qui met tout le monde d'accord : C'est un chef d'œuvre. Ayant terminé le livre, je dois bien avouer qu'il est impressionnant tant Damasio maitrise la narration et cette univers. Les parties où Golgoth et Caracole sont les narrateurs sont vraiment jouissives, tout comme la fameuse joute verbale qui ne manque pas de piment. Bref, relever toutes les qualités qui font de se livre un classique ou une œuvre culte seraient trop long et bien inutile.

Pour tant, il n'est pas exempte de défauts, malgré le fait que j'ai été impressionné par ce roman, j'ai eu comme un sentiment de malaise ou de déception, d'abord il y avait un gros a priori vis-à-vis de cette œuvre, l'unanimité de la majorité des lecteurs ne me rassurait pas. Il m'aura fallut une bonne centaine de pages pour rentrer dans l'histoire car elle est dense et complexe, le lecteur est catapulté dans l'action immédiatement en assistant a un contre de Furvent. Des termes inconnus fusent pages après pages, le lecteur est pris dans la tourmente et on perd vite pied. Qu'est ce que le pack ? Qu'est ce que le fer ? Qu'est ce qu'un furvent ? Les descriptions sont bonnes et si le lecteur est un minimum motivé, il peut déduire pas mal d'informations de ces descriptions.
Le manque d'explications empêchent, jusqu'à l'arrivé sur le bateau Freoles, le lecteur de ressentir la force des enjeux qui apparait dans le roman. Après les explications obtenues sur le bateau, on peut enfin profiter pleinement de l'histoire et commencer à se sentir concerné par l'histoire.

Pour ce qui est de la narration, c'est vrai qu'avoir utilisé 7/8 narrateurs différents est un sacré tour de force, l'auteur maitrise la technique et jongle bien avec ces différents angles de vues. Mais bon, avoir autant de narrateurs qui changent en si peu de pages n'est pas naturel, il faut bien l'avoué malgré toutes les ovations personnes ne le dit mais c'est une œuvre hermétique. L'assaut des mots, les descriptions pointues alourdissent lé récit et le lecteur en subit le poids. La sensation de subir l'histoire est présente pendant tout le récit, il n'y a qu'une seule façon d'aborder son roman et Damasio nous la montre et nous force à suivre ce chemin.

« La planète des ouragans » de Brussolo reprenait ce thème et cette idée d'une planète ravagée par les Tempêtes et autres ouragans était certes moins fertile dans sa créativité mais plus accessible, le roman ne cherchait pas à assommer le lecteur mais était moins ambitieux.

Dans une interview, il expliquait que le roman s'adressait à tout le monde, mais au final ce n'est pas le cas. « La horde du contrevent » n'est pas tout public, elle est élitiste, complexe et relève plus d'un essai littéraire qu'une œuvre à part entière. J'aime pourtant les livres compliqués mais ce sentiment d'inflexibilité dessert le roman, j'ai plusieurs fois continué à le lire par sentiment d'obligation. Les références à Nietzsche son bien présente, je suis totalement passé à coté des autres références (Deleuze, Sartre, cela nécessite des connaissances pointues en philosophie.) noyées dans les mots et les descriptions. A quoi bon faire des références à des grands auteurs de philosophies si le lecteur ne peut pas les comprendre sans avoir une connaissance pointue du thème. La plupart des critiques parlent de toutes ces fameuses référence qui font du livre une réflexion riche et intéressante, mais soyons honnête combien d'entre nous les ont toutes comprises et décelées ?

Au final, j'ai réellement un sentiment mitigé, d'un côté il apparait comme une réussite totale grâce à cette démonstration de rigueur littéraire qui en fait plus un essai et un exercice de style. Il explore une nouvelle manière d'abordé la SF et s'adresse à un public très avertis en matière de littérature. D'un autre coté, cette rigueur se répercute sur le lecteur, s'il ne se plie pas aux règles de la Horde, il n'arrivera pas à bout du roman, Damasio aurait du laisser plus de latitude au lecteur. Laisser une place à l'imagination du lecteur est nécessaire en SF, c'est ce qui rend la vision et l'interprétation différente et unique selon chaque lecteur, ce n'est pas le cas de la Horde du contrevent.

PS : Interview qui donne une bonne approche du roman pour les personnes qui veulent approfondir l'analyse : http://www.cafardcosmique.com/Alain-DAMASIO-Rien-ne-vaut-que-ce
CREAM
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le 18 juil. 2011

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