Très étrange sentiment à la dernière page: on lit cette oeuvre de manière compulsive, comme dans une fièvre, mais impossible d'en avoir une appréciation. C'est d'une redoutable efficacité, c'est terriblement écrit, mais le malaise que suscite l'histoire est si grand que l'on n'aime pas ou qu'on n'ose pas aimer. C'est presque la honte qui dévore le lecteur, comme avec l'impression de se repaitre du martyr d'un ex-talaurd (il l'a bien cherché après tout...), de savourer le mélange malsain du sadisme et du voyeurisme, de voir un homme réduit en esclavage et moins bien traité qu'un animal.


On est aussi face à l'incroyable, ce qui augmente encore la fascination, bien loin du côté spectaculaire d'un Chattam, Sandrine Colette décrit un barbarisme quotidien, presque routinier, rabaissant l'Homme à la condition d'un cancrelat. C'est là que cette histoire devient terrifiante: se dire qu'un tel fait-divers pourrait demain faire la Une. La violence de l'homme face à l'homme y deviendrait la norme. On peut user de beaucoup de qualificatifs pour ce livre: prenant, captivant, irrésistible, mais dire qu'on a "aimer" est impossible, sauf à s'avouer inhumain.

Jambalaya
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 4 mars 2018

Critique lue 327 fois

2 j'aime

Jambalaya

Écrit par

Critique lue 327 fois

2

D'autres avis sur Des nœuds d'acier

Des nœuds d'acier
darthurc
9

Acier trempé (de larmes et de sang)

Ces derniers temps, j'avais l'impression de devenir un peu mou du bulbe dans mes choix de polars. Non pas que j'en lise des mauvais, non ; mais plutôt des raffinés, des soft, des psychologiques, des...

le 20 janv. 2013

7 j'aime

Des nœuds d'acier
Cannetille
8

Sur la frontière entre l'humanité et l'animalité

Après dix-neuf mois passés dans le huis clos violent de la prison, Théo Béranger n’a qu’une envie : s’enterrer au calme, loin de l’enfer des autres, avant, peut-être, d’aller rejoindre sa femme, un...

le 7 nov. 2022

2 j'aime

9

Des nœuds d'acier
Gwen21
5

Critique de Des nœuds d'acier par Gwen21

On parie qu'une fois ce roman terminé, vous ne partirez plus d'un pas guilleret en randonnée ? Contrairement à Théo Béranger, fraîchement sorti de taule, qui s'offre, en pleine cavale, une petite...

le 26 nov. 2018

2 j'aime

Du même critique

The Truman Show
Jambalaya
9

Quand la vie de Truman capote...

The Truman Show, un film touché par la grâce, de son réalisateur Peter Weir d'abord, qui a rarement été autant au sommet de son talent depuis, de Jim Carrey ensuite, qui a fait taire avec ce film,...

le 10 déc. 2013

154 j'aime

17

True Detective
Jambalaya
9

Les Enfants Du Marais

True Detective est un générique, probablement le plus stupéfiant qu’il m’a été donné d’admirer. Stupéfiant par les images qu’il égraine patiemment, images d’une beauté graphique rare, images sombres...

le 12 mars 2014

152 j'aime

15

Le Monde de Charlie
Jambalaya
10

Charlie's Angel

Voici une œuvre miraculeuse, d’une justesse dans les sentiments et les émotions adolescentes qui m’a ramené vingt-cinq ans en arrière. A cette époque, se trouver une identité revenait à les essayer...

le 5 janv. 2014

152 j'aime

26