Comme redouté après la lecture du tome 2, ce troisième volet de la trilogie ne réussit jamais à donner du souffle et de l’ampleur au récit. Joe Abercrombie est un très bon conteur, mais il n’avait manifestement pas à l’esprit une histoire digne d’être racontée.


Si quelques personnages se trouvent enfin une destinée captivante durant quelques chapitres (Jezal, Logen et West notamment), non seulement ça ne dure pas, mais en plus aucun arc ne réussit à donner du corps au récit et à justifier ces milliers de pages. Symptomatique d’un roman mal ficelé, le point d’orgue intervient à peu près au milieu de l’ouvrage à l’occasion d’un duel extraordinaire qui mériterait presque à lui seul la lecture du cycle.


Malheureusement, la suite ne tient pas la comparaison et s’embarque dans un long tunnel de micro-événements peu vibrants. Pire, l’auteur semble avoir nourri le désir de donner à sa conclusion une saveur aigre-douce juste pour le principe de ne pas céder au happy end.


En vérité, aucun arc ne se conclue de manière satisfaisante. Qu’il s’agisse d’une maladie sortie de nulle part pour tuer un personnage ou d’une impossibilité pour un autre de trouver la paix, le déterminisme semble avoir été le maître-mot de l’auteur qui n’a jamais envisagé d’offrir la possibilité à ses personnages de s’extraire de leur destinée funeste toute tracée. Au final, c’est bien simple, tout est moche, aucune lueur d’espoir n’est possible et, malgré la victoire, tout paraît pire à la fin qu’au tout début du cycle. Tragiquement, quasiment aucun personnage n’aura évolué entre les premières et les dernières pages : mêmes obsessions, mêmes difficultés, même passivité.


Et pour le lecteur, il n’y aura jamais eu un début de compréhension ni de l’intérêt de cette histoire ni des véritables forces en présence. Car lorsque le grand méchant, le grand manipulateur, décide de se dévoiler et de montrer ses cartes, c’est pour mieux démontrer son monolithisme absurde. Il n’y a rien de pire que des personnages omniscients qui ont la main-mise sur toutes et tous, sans jamais qu’ils ne commettent d’impair(s) ou même ne doutent de leur stratégie. Et lorsque le plan est révélé au lecteur impassible voire hagard, l’effet ne prend pas et il ne reste qu’une grosse impression d’avoir perdu son temps.


Qu’on s’entende bien, le style de l’auteur et le plaisir de découvrir certains personnages ou événements ne sont pas à remettre en cause. Juste que j’ai rarement ressenti aussi peu de plaisir à clore un cycle, tant je me suis demandé jusqu’au dernier mot à quoi bon tout cela valait. Cette trilogie n’aura été qu’une longue, très longue déception.


Je lirai sans doute d’autres romans de l’auteur, mais je m’y plongerai sans attentes particulières.

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le 31 janv. 2020

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