Traduit en justice
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Alors que je lisais le saint Paulo Coelho depuis ce banc en bois exposé à l'humeur gothique de l'église du coin, je vis le crépuscule des cheveux d'une fille perdus dans les vagues de vents, comme des ondes de flammes. Tandis que je visse de ses yeux d'océan dansant de méthylène, les irradiations du zénith, son regard, à elle, était fixé sur les pages d'un gros livre, comme figé dans l'espace que nous partagions.
Ce bouquin était « Crime et Châtiment » de Dostoïevski que je m'empressai d'acheter de manière plénipotentiaire. Quelle erreur ce fut.
Voici ce que j'ai retenu : Un étudiant en droit en quête d'argents, lambrissés par ses envies de meurtres eugénistes et de sa passion pour une prostituée. Les turpitudes d'un étudiant en droit cocaïnoman en somme (Guère étonnant que Freud fit la préface des oeuvres de l'auteur russe).
Cependant, tout ce qu'il va entreprendre pour la gloire de sa vérité et le réconfort d'une vie de faux bohème, va tourner à sa confusion et à son malheur ; en effet, son jardin secret sera fleurdelisé par les chrysanthèmes de conciliabules bibliques. Ce Caïn déglingué y verra de sa courtisane une Marie-Madeleine à ennoblir d'instants divins. En somme, un éphèbe séditieux dans lequel il voit, à travers Dieu, une façon parmi tant d'autre de s'élever contre les clameurs de la modernité ; surajouté à cela l'investigation d'une mystérieuse dignité qu'il fera mener à sa courtisane afin de dévêtir la souillure de son corps et l'habiller d'une robe de gloire, ajustée à la pourpre réginale de son esprit. En somme, une histoire que la littérature catholique nous gâtait déjà auparavant.
Mais il est important d'émettre toutefois un bon point, je lisais ce dostoïevski pour intriguer la lectrice crépusculaire et je remarquai que la pélagie de ses yeux se tournèrent pudiquement vers moi. Je faisais en sorte de m'asseoir non loin d'elle avec ma capuche et la tête baissé et quand quelqu'un passait à coté de moi je chuchotais des truc genre okamari no suzoki, ça ne veut rien dire mais ça fait mystique, les gens sont intrigués, et je pense que le livre, que je faisais semblant de lire, jouait aussi à me rendre intriguant auprès de mes convives.
Néanmoins je n'oublie pas la monnaie gaspillée... Baudelaire disait « Ne cherchez plus mon cœur ; les bêtes l'ont mangé », quant à moi, ne cherchez plus mon argent ; les bêtes m'ont fauché.
Créée
le 6 août 2019
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