Je ressens un étrange sentiment en refermant ce livre, mêlant frustration et inachèvement... Ce roman extrêmement célèbre, qualifié de chef d'oeuvre de la littérature sud-américaine (que je ne connais pas du tout, précisons-le), m'a clairement laissé sur ma faim.
L'idée de base, ambitieuse, est de dépeindre la vie du village de Macondo pendant un siècle où se succèdent révolutions et bouleversements technologiques. On suit la destinée de ce petit bout de terre isolé à travers la famille Buendia, fondatrice symbolique de Macondo à la destinée troublée. Oui, mais voilà... Si les évènements semblent s'enchaîner, l'impression est toujours la même : les personnages ont quasiment tous le même caractère (et d'ailleurs, ils ont tous le même nom... j'ai du mal à ne pas assimiler cela à un manque de respect de l'auteur pour ses lecteurs), les mêmes réactions, les mêmes excès... Il est impossible de s'y attacher. Ils n'ont pas de vertu particulière, pas d'humour, sont tous obsédés par le sexe (j'y reviendrai), sont sans nuances... j'ai eu l'impression de me retrouver face à une masse informe de personnages excessifs et idiots, ne pensant qu'à l'inceste. Difficile de m'apitoyer sur le sort des plus malheureux d'entre eux.
Par ailleurs, ce roman n'en est pas vraiment un. J'admets faire preuve de conservatisme borné ici, mais il n'y a pas d'histoire à proprement parler, et j'ai de moins en moins eu envie de lire le chapitre suivant au fur et à mesure de ma lecture : à quoi bon ?
Le livre est évidemment bien écrit, et il y a de nombreux passages fort lyriques qui donnent une bonne idée (je l'espère) d'un certain "rêve" sud-américain, teinté d'exotisme et de folie. C'est ce qui m'a plu dans ce livre. Malheureusement, ce n'est pas suffisant pour moi. J'ajouterai en guise de conclusion que j'ai ressenti un léger malaise en observant au fil de ma lecture que l'amour - censé être présent tout au long de ces "cent ans de solitude" - est absolument toujours résumé à la sexualité, parfois incestueuse, toujours sauvage et effrénée. Cela me paraît être une vision bien courte et partielle du sentiment amoureux, et cela reste comme un symbole de mon incertitude quant au pouvoir d'attraction de ce roman.