Sûrement qu'Au delà du mal a été un peu trop encensé par la critique, ce qui pourrait en partie expliquer ma déception arrivé à la fin du bouquin. En partie seulement...
Shane Stevens nous a pondu – en 1979 – un roman de presque 900 pages, qui se lit extrêmement bien et vite. La raison principale est le langage utilisé, simple, les tournures de phrases sont elles aussi d'une simplicité notable. Le style d'écriture n'est donc pas remarquable. En revanche, la trame de l'histoire est montée de telle façon qu'on suit pas à pas différents protagonistes, une foule de protagonistes même ! On a donc de multiples points de vue et pas le temps de s'ennuyer lorsqu'en quelques pages, on a suivi la vie de quatre ou cinq personnes sur plusieurs jours, alors qu'on vient de lire 10 pages nous racontant une heure de la vie d'un homme. Pendant 5 mois, on va assister à la cavale du tueur en série Thomas Bishop, mais également l'histoire de plusieurs flics et enquêteurs, de journalistes, d'un sénateur, de femmes, d'hommes, liés plus ou moins à Bishop.
Le roman est décomposé en trois grandes parties :
1- Thomas Bishop
2- Adam Kenton
3- Thomas Bishop et Adam Kenton
Même si le personnage principal reste tout de même Thomas Bishop, je trouve que l'histoire n'est pas assez centrée sur lui, ça manque de détails, il y beaucoup d'implicite dans la description des meurtres, j'attendais toujours de lire ce qu'il avait réellement fait de si atroce. J'ai l'impression d'avoir suivi l'investigation d'un journaliste hors pair - Adam Kenton - qui se démène à retrouver la trace de "son ennemi juré", plutôt que d'avoir été horrifié par les meurtres de Thomas Bishop.
Une grande force du roman, pour ma part, est que Shane Stevens a très bien ancré son histoire dans la réalité, puisqu'il compare souvent son tueur à Jack l'éventreur. On entend également parler de Charles Manson et autres serial killer connus des Etats-Unis, ainsi que du président Nixon, ce qui permet de placer le lecteur entre la réalité et la fiction. On peut même se demander si Thomas Bishop n'a pas réellement existé.
La lecture m'a plus mais je suis extrèmement déçu par le contenu du livre. Le langage trop simpliste, alors que Stevens nous raconte l'histoire du plus grand sociopathe de tous les temps, ne m'a pas fait ressentir beaucoup de pression ou d'engagement. Il n'y a d'ailleurs pas une seule fois le mot « sociopathe », ce qui m'a un peu interloqué. C'est peut-être du à la traduction ou a l'édition que je me suis procuré (Poket) car j'ai pu relever certains oublis ou fautes, comme des « de » ou « sur » qui n'étaient pas présents. La plus grosse erreur est sur la 4ème de couverture, qui parle d'Adam Lenton alors que dans le roman c'est Kenton...moyen.
Bref, je n'ai pas ressenti le mal absolu dans ce livre, même si on n'a pas affaire à un enfant de choeur. Il se fait sucer par un cadavre ? Oui, c'est glauque, mais ça ne m'a pas choqué ou interpellé. Sûrement qu'en 1979, j'aurais été choqué, le problème est peut-être là.
La fin ? Elle m'a laissé plus que sur ma faim, avec une pointe d'incompréhension les premières secondes. Mais qui est Thomas Bishop ? Tout ça pour ça ? J'ai du mal, ce n'est pas ce à quoi j'espérais.
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