Une histoire, des personnages, un style : un grand livre

Espagne de nos jours, à l'occasion du décès de sa mère, Julio Ballestero, apprend que l'homme qui l'a élevé n'est pas son père. Celui ci était un français héros de la résistance devenu amnésique à la fin de la guerre et qui disparut mystérieusement peu après son arrivée en Espagne alors que la mère de Julio était enceinte. Julio va enquêter sur ce père et lever les voiles d'ombre qui recouvrent sa vie.

Juan Manuel de Prada est décidément un écrivain très doué. « Le 7 ème voile » est un livre admirable a plus d'un titre et confirme que Prada est un écrivain de l'ombre qui aime écrire sur la face cachée des gens et des événements. Le titre de son premier roman "Les masques du héros" pouvant tout à fait s'appliquer à son dernier roman.

L'intrigue à tiroirs habilement construite est très prenante (Julio enquête sur un père amnésique qui lui même enquête sur son passé) et l'on est rapidement pris dans les tourbillons de l'histoire, la vraie et celle du roman. Il devient rapidement difficile de lâcher le livre. Au programme résistance, trahison, manipulation, mensonge, amour et haine en passant par la France occupée, l'Espagne franquiste et l'Argentine.

Les personnages sont tous très bien dépeints avec des motivations complexes et des faces d'ombre loin, très loin de tout manichéisme et si les héros ont leur face obscure, il est aussi difficile de détester les salaud.

L'auteur aborde avec talent des thèmes classiques pour lui : le mensonge, la trahison, la culpabilité, la frontière floue entre le bien et le mal.

Comme on pouvait s'y attendre avec Prada le style est brillant et on a droit à de nombreuses scènes très marquantes. Il fait toutefois preuve de beaucoup plus de sobriété stylistique que dans "Les masques du héros" et développe un style plus subtil qui sert admirablement son intrigue.

Précisons également que la reconstitution historique est très crédible l'auteur s'étant manifestement beaucoup documenté, sans que jamais cela ne pèse sur l'intrigue.

Une histoire prenante se déroulant dans une période historique fascinante, des personnages complexes, un style flamboyant mais ayant gagné en sobriété, Juan Manuel de Prada confirme avec ce roman tout le bien que l'on peut penser de lui.

L'histoire et la période historique choisie étant nettement plus accrocheur que dans ses romans précédents, "Le 7ème voile" me semble la porte d'entrée idéale pour découvrir l'oeuvre géniale de Juan Manuel de Prada, un déjà grand de la littérature hispanique et à mon avis de littérature mondiale.

Créée

le 17 juin 2010

Critique lue 847 fois

1 j'aime

Coriolano

Écrit par

Critique lue 847 fois

1

D'autres avis sur Le Septième Voile

Le Septième Voile
pikkendorff
3

Une écriture âpre, sans formule choc, racle, telle un soc, les paradoxes de nos vies, de nos morts.

Une écriture âpre, sans formule choc, racle, telle un soc, les paradoxes de nos vies, de nos morts. Après de 2 heures de lecture, nous voilà à présent de retour dans ce passé si présent qu’il a tué...

le 22 sept. 2012

Le Septième Voile
bilouaustria
7

Critique de Le Septième Voile par bilouaustria

Au sortir de l'époustouflant prologue du Septième voile, chef d'œuvre de Juan Manuel de Prada, on se dit, déjà, qu'il est préférable de respirer un coup avant de se lancer, en apnée, dans les...

le 13 nov. 2010

Du même critique

La Vie mode d'emploi
Coriolano
9

Roman puzzle

Imaginez un échiquier. Maintenant imaginez un cavalier placé sur n'importe quelle case de l'échiquier. Et maintenant essayez de passer sur toutes les cases de l'échiquier sans repasser deux fois par...

le 24 juin 2010

34 j'aime

1

La Griffe du chien
Coriolano
9

Un polar coup de poing, véritable merveille

Alors que nous sommes saturés de polars plutôt mous, ennuyeux et remplis de sérial killer, il est étrange qu'on n'ait pas plus parlé de ce chef d'œuvre. Oui un chef d'œuvre, dans la lignée des...

le 31 janv. 2011

32 j'aime

La Vie devant soi
Coriolano
9

Amour, rire et larmes au programme de ce magnifique ( et court ) roman

Momo a dix ans, du moins il le croit pendant une bonne partie du livre. Il vit chez Madame Rosa, une vieille juive qui tient un foyer pour les enfants de celles qui "se défendent avec leur cul". Momo...

le 3 août 2010

30 j'aime