Suite à des tomes 4 et 5 plutôt mouvementés, la saga se poursuit avec un tome 6 plus long, plus lent, plus frustrants aussi, mais plutôt bon pour ma part.


Déjà, on pourrait se dire que le titre du tome "Le seigneur du chaos" est plus symbolique qu'autre chose. Pour cause, ce "Seigneur du Chaos" apparaît lors des premières pages du livre, telle une menace dans l'ombre...et c'est tout. Un peu dommage, car jusqu'à maintenant, les titres correspondaient assez bien aux événements racontés.


Passé un prologue ultra long qui doit certainement avoir battu un record (75 pages), l'histoire commence suite à une introduction ou réintroduction des personnages principaux comme secondaires. A partir de là, les intrigues se succèdent, lentement mais sûrement, bien que j'ai quelques appréhensions à émettre.


Tout d'abord, j'étais content de voir Perrin Aybara, l'un de mes protagonistes préférés, ainsi que son épouse Faile/Zarine, qui forme un bon duo avec lui. C'était aussi intéressant de voir comment avait évolué Deux-Rivières, leur territoire d'origine, après leur retour au cours du tome 4. Quelle déception de voir qu'ils n'apparaissent alors quasiment pas des livres, pour revenir vers les trois quarts où ils ont plutôt un rôle important.


Dès lors, un peu à la manière du tome précédent finalement, on suit principalement le groupe de Rand, accompagné principalement de Mat, Egwene, des habituels Aiels, de Berelain, et d'une kyrielle d'autres personnages, et le groupe de Nynaeve, accompagné principalement de Elayne, Birgitte, Thom et d'une multitude d'Aes Sedai. Dans chacun de ces deux groupes, si on s'attendait à de l'action, à moitié promise par la fin du tome précédent, on risque inévitablement d'être déçu. Cela dit, la réputation de cette saga de fantasy n'est pas à refaire : la lenteur fait un peu son charme.


Ici, les intrigues politiques cèdent leur place à des batailles épiques


Même si il y en a une à la fin, courte mais intense, avec de nombreux intervenants, y compris des Aiels et des Aes Sedai.


Rand fait face à ses responsabilités de dirigeants. Parfois, il doit exécuter des traîtres, d'autres fois, ils se heurtent au mécontentement du seigneur et des dames. Même si j'ai aimé son évolution à partir du tome 3, notre protagoniste principal commence à faire des choix de plus en plus douteux, et sa "schizophrénie" n'arrange rien. Les multiples interventions de Lews Therin nuancent le personnage, mais parfois, c'est quand même lourd.


Outre cela, et c'est également valable pour l'intrigue du côté des Aes Sedai, je pense que ce tome, que l'on pourrait désigner en tant que tome de transition, a d'indéniables qualités. S'assumant comme une longue saga (il faut dire qu'avec des tomes aussi gros, ce n'est pas rien d'être "déjà" au tome 6), on explore d'autres facettes de l'univers. La lenteur, que j'estime volontaire, est propice à l'introduction d'intrigues politiques assez bien ficelées. Je dois avouer que tous ses nouveaux personnages m'ont parfois fait perdre un peu le fil de l'histoire. J'ai surtout retenu que les personnes les plus puissantes après Rand étaient Berelain, Première Dame de Mayene, influente, bonne dirigeante et séductrice subtile, et le chef Aiel Rhuarc. Il y en a plusieurs dizaines d'autres.


Comme je l'estime humblement, ce type d'univers renforce sa crédibilité de deux manières différentes mais complémentaires : par la présence (et les actions) de nombreux personnages variés et par la répercussion des événements passés. Par exemple, j'ai bien aimé le fait que des hommes et des femmes s'entraînent aux armes pour imiter les Aiels. Le monde n'est pas statique, et c'est le contraire qui aurait été étonnant.


Concernant les personnages qui accompagnent Rand, Mat est sans surprise, toujours aussi insupportable. L'écriture habituellement bonne perd en objectivité, ses réflexions sont agaçantes et il prend des décisions tellement illogiques qu'il ne mérite pas l'empathie. De plus, le fait qu'il semble détester tous ses "amis", particulièrement Nynaeve et Elayne, n'aide pas à s'attacher en lui, comme si c'était quelqu'un de trop renfermé sur lui-même.


Egwene, en revanche, devient pour moi la meilleur protagoniste féminin


(En l'absence de Moiraine, dont j'espère toujours qu'elle a survécu).


Après en avoir bavé, la jeune femme est enfin récompensée pour ses efforts,


puisqu'elle devient la Chaire d'Amyrlin. C'était un peu évident, mais son rôle lui sied, même si évidemment, il n'est pas officiel tant qu'elle n'aura pas détrôné Elaida. En faisant face à ses nouvelles responsabilités, ça m'a permis de voir (et déjà avant) que les Aes Sedai demeure un ordre complexe car très divisé. En outre, l'apparition des nouvelles soeurs qui enlèvent Rand est intéressant.


Nynaeve m'a paru assez supportable ce tome-ci. Tout comme Egwene, elle subit une certaine évolution, un "power-up" comme on dit,


vu qu'elle est désormais capable de "guérir" les apaisés.


J'ai juste l'impression qu'aussi paradoxale que ça puisse paraître, Elayne est un peu dans son ombre, Birgitte et Aviendha étant des simples accompagnatrices, mais pas dénuées d'intérêt. Moghedien est d'ailleurs leur otage, et même si elle est libérée à la fin, je crois que je ne vais plus pouvoir la prendre au sérieux. Vaincue à deux reprises par Nynaeve, elle devient (bien qu’éphémèrement), un type d'antagoniste qui ne me paraissent plus menaçants et crédibles : capturée par ses ennemis et humiliée. En ce qui concerne le groupe, j'ai bien aimé leur passage à Edou Bar, encore un lieu avec des traditions assez étranges.


L'apparition de Perrin et Zarine vers les trois quarts du livre remet les cartes en jeu, juste après la nomination d'Egwene. Comme dans les premiers tomes, la plupart des personnages se revoient (en témoigne le retour de Min), et l'action suit, assez tardivement comme susmentionné. Parmi les trois protagonistes, l'apprenti-forgeron est celui qui me plaît définitivement le plus : attachant, sympathique, responsable, son lien avec les loups est très peu original (fantasy oblige) mais nous livre de rares séquences efficaces.


Finalement, ce tome 6 est différent de ses prédécesseurs. Plus calme, plus lent, il comporte quelques défauts agaçants et des longueurs. Toutefois, les intrigues politiques supplantant l'action se révèlent efficaces, enrichissent un univers devenant encore plus riche, complexe et crédible qu'avant. Il paraît que la suite devient de plus en plus lente, j'espère qu'elle ne se révélera pas inintéressante pour autant. En tout cas, j'accroche !

Saidor
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le 11 mai 2016

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