Je ne peux m'empêcher d'être déçu... La quatrième de couverture laisse penser que l'on va avoir ici un recueil des textes les plus féministes de Louise Michel. Je m'attendais à des réflexions visionnaires sur l'éducation, l'émancipation féminine. Ce n'est pas vraiment le cas.


L'ouvrage commence par une notice biographique de quelques pages, par François l'Yvonnet, qui rappelle les grandes étapes de la vie de Louise. Toujours utile, mais cela ne met pas pleinement en contexte les textes choisis.


Suivent, sur une quarantaine de pages, quatre textes, dont je vous laisse juger de la pertinence vis-à-vis de la cause féministe. Il n'y a pas de notes de bas de page pour expliciter les éventuelles allusions, pourtant présentes.


- Manifeste et proclamation de Louise Michel aux citoyennes de Paris (1883). Un texte de quelques pages, signé "Louise Maboul", qui relève du craquage humoristique, dans lequel Louise Michel s'imagine devenir cheffe d'Etat entourée d'un gouvernement féminin, tant "les hommes sont tous des lâches !". Il se termine par des délires assumés sur l'endiguement de l'Atlantique.


- L'ère nouvelle (1887). Un texte de 30 pages, divisé en huit chapitres plus une conclusion intitulée "pensée dernière". Il n'y est pas tant question des femmes de manière centrale que du fait que le capitalisme est condamné. On y sent bien la veine blanquiste de Louise Michel, et aussi son inspiration hugolienne. Le texte comporte de nombreuses métaphores, comme celle de la ruche qui se retourne contre les frelons (capitalistes) qui l'attaque, ou encore l'enfouissement des vieux chaumes qui permet de fertiliser le sol. Tout cela est plus lyrique que factuel, avec une langue qui oscille entre le populaire et le poétique. C'est aussi un peu répétitif. Un tract anarchiste, avec de beaux élans d'humanisme. Un peu cynique aussi, avec l'idée que ceux que le capitalisme baillonne ou tue ne font que renforcer la détermination vers la révolution.


- Souvenirs de Calédonie, chant des captifs (date non donnée).

Un texte bucolique, avec également la dénonciation des conditions de vie au bagne (que connut Louise, condamnée pendant dix ans après la Commune)


- Ligue internationale des femmes révolutionnaires (1882).

Le seul texte vraiment pertinent du recueil (quatre pages). Il s'agit de créer une branche féminine de l'internationale en France. Mais il vise moins à l'émancipation des femmes qu'à appeler à la révolution. On y trouve tout de même beaucoup d'éléments très intéressants. Notamment l'absence de présidence. Et surtout, le fait qu'en y adhérent, chaque femme s'accorde sur un crédo (le fait qu'il faut mettre le capitalisme à bas), tout en reconnaissant qu'il peut y avoir des divergences internes entre militantes de l'action pacifique et partisanes de l'action violente. Tout était déjà là, les luttes sociales sont un éternel recommencement.


Ce petit ouvrage a donc un contenu qui n'est pas inintéressant mais qui ne correspond pas à ce qui est promis. Il a toutefois le mérite de m'avoir donné envie d'en savoir plus sur Louise Michel. C'est déjà ça.

zardoz6704
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le 27 nov. 2022

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