Une seconde année dans ma vie de prof (2016-2017)

Annotation :

• L'interdiction geek

Pendant les congés d'été qui séparent deux année scolaires, à côté du repos bien mérité, certains enseignants prennent pas mal de temps pour préparer le programme de la rentrée à venir. Pour ma part, j'ai surtout été inspiré pour refaire la déco de ma classe. J'ai donc conçu des petits panneaux d'interdiction concernant notamment la nourriture et les téléphones portables. Mais je me suis également amusé à créer un panneau interdisant la capture de Pokémons dans la classe:
http://tinyurl.com/zeoalfy

Un collègue a tellement apprécié qu'il m'a demandé de faire pareil pour lui, mais avec un autre Pokémon:
http://tinyurl.com/hhe2rqx

En classe, ça a eu son petit effet. Pokémon GO était en pleine effervescence, et les élèves ne parlaient plus que de ça.

Annotation :

• La chauve-souris

En début d'année, pendant une récré, un de mes collègues déboule dans ma classe et me fait part d'une chose qui venait de lui arriver en classe. En voulant tirer des rideaux, une petite chauve-souris cachée derrière ceux-ci s'est mise à s'envoler en classe, créant un chaos total parmi les élèves. Lorsqu'il a calmé les élèves, il a pris le petit animal en photo:
http://tinyurl.com/hgwcou4

C'est assez inhabituel. On a souvent des insectes, voire parfois des oiseaux, mais une chauve-souris, c'était une première! Le plus drôle dans l'histoire, c'est que ce collègue est un fan absolu de Batman!

Annotation :

• La question con

Une de mes premières heures avec la classe des BB8 (pour ne pas donner de réel nom). Il faisait très chaud en début d'année, car le soleil tapait comme en plein mois de juillet. Une élève m'interrompt pendant une explication pour me poser la question suivante: "Monsieur, on peut bronzer des yeux? Genre le blanc de nos yeux, il devient brun ou noir?"

C'est à ce moment que j'ai su que l'année serait longue, très longue...

Annotation :

• Le mot discret

Lorsque je me retrouve face à une classe, que je donne une explication importante et que les 3/4 des élèves ne sont pas attentifs (notamment à travers des bavardages), il m'arrive de placer un petit mot magique dans mes phrases: "bite". Oui, vous avez bien lu, je fais bien référence au nom donné à l'appareil génital de l'homme. Pourquoi ce mot? Aucune idée, c'est le premier qui me vient à l'esprit, et je trouve ça rigolo, car un peu déplacé mais pas trop vulgaire non plus.

Du coup, on peut se retrouver avec des phrases de ce genre: "Lorsqu'on commence une bite phrase par un complément, le sujet et bite le verbe sont inversés". J'ai beau parler fort et prononcer chaque mot bien distinctement, il est très rare qu'un élève réagisse. Je continue donc jusqu'à ce que ça semble interpeller quelqu'un.

Et les réactions des élèves sont hilarantes, car ils ne sont pas certains d'avoir bien entendu. Ainsi, j'ai déjà entendu un élève demander à son voisin "Je rêve ou il a dit bite?", avec un air complètement perdu. Le plus dur dans ces moments-là, c'est de ne pas exploser de rire. Heureusement, ça n'arrive pas trop souvent. En général, ça arrive en dernière heure, le dernier jour de la semaine.

Annotation :

• Celui qui s'est pris pour un dresseur de Pokémons

Alors lui, je ne l'ai pas du tout vu venir! La classe rentre dans le local, les élèves se placent derrière leur chaise, j'attends le silence, quand soudain, un élève au fond de la classe se met à crier: "Il y a un Dracaufeu! Il y a un Dracaufeu devant la classe! Il faut l'attraper!". Les autres élèves de la classe n'ayant pas tout de suite saisi ce qui venait de se passer, un gros silence est apparu. L'élève s'est alors remis à sa place, en rigolant, mais en étant gêné. C'est à ce moment-là que j'ai éclaté de rire. J'aurais peut-être pas dû...

Annotation :

• La mise en garde

En début d'année, nous avons accueilli un nouvel élève au sein d'une classe (composée d'élèves de 15-16 ans). L'élève était chinois et ne parlait pas ou peu français. Bien évidemment, il n'a pas pu échapper aux petites remarques faites par ses camarades de classe. Un jour, pendant que je commençais ma leçon d'anglais, un élève l'a appelé et lui a dit "Konichiwa" en collant ses mains, comme s'il faisait une prière. L'élève chinois n'a pas réagi, mais moi si. J'ai joué le tout sur la carte de l'humour, en lui disant que c'était beau de vouloir communiquer, mais que le chinois et le japonais, ce n'était pas pareil.

Peu de temps après, il a recommencé en faisant une autre réflexion à deux balles. J'ai mis la classe au travail et je suis venu auprès de cet élève qui ne voulait pas s'arrêter de sortir des vannes foireuses. Je l'ai prévenu de ne plus ennuyer l'élève chinois, car celui-ci remarquait bien qu'il se moquait de lui, et on voyait qu'il n'appréciait pas ces boutades. Et que si le petit comique continuait, il risquait de se prendre un pain plus vite qu'il ne pourrait l'imaginer.

Deux heures plus tard, pendant la pause du midi, je croise un collègue prof de sport, qui nous raconte que l'élève chinois a collé une droite à celui qui n'arrêtait pas de faire des blagues à la con. La raison de ce coup de poing? L'autre n'arrêtait pas de lui dire "Konichiwa" en joignant ses deux mains.

On ne peut pas dire que je ne l'avais pas prévenu, ça se voyait à des kilomètres qu'il allait s'en prendre une s'il continuait ainsi. Et honnêtement, au fond de moi, j'étais un peu satisfait car au moins, il avait compris la leçon.

Annotation :

• Celle qui met du désodorisant pour les toilettes

À la rentrée, chaque enseignant impose son règlement de classe. Il y est souvent question de discipline, d'interdictions de manger en classe ou d'utiliser le téléphone, et bien d'autres choses du même genre. Pour ma part, il y a une ligne dans mon règlement de cours qui fait sourciller tous mes élèves, mais que je trouve importante:

"Les déodorants et autres parfums sont interdits au sein de cette classe."

En effet, j'ai un odorat très sensible, et lorsqu'un ou une élève se met à vaporiser ces produits, ça m'incommode. Et lorsque je dois rester toute la journée au sein de la même classe avec une odeur pestilentielle dans les narines, j'ai tendance à devenir grincheux.

Et pourtant, ce n'est pas du déodorant, ni du parfum qu'une élève a quand même vaporisé en classe sur elle-même. Non, ce qu'elle utilisait pour s'asperger, c'était ... du désodorisant pour toilettes! Le pire, c'est qu'elle le savait, mais elle trouvait que ça sentait tellement bon qu'elle a jugé bon de l'utiliser comme parfum. Il m'a suffit de lire la notice sur la bombe désodorisante pour lui ôter l'envie d'en remettre. En effet, lorsqu'on mentionne des produits dangereux pouvant avoir un effet néfaste sur notre peau, l'attitude des personnes concernées peut très vite changer!

Annotation :

• Le dialogue complètement dingue avec un abruti d'élève

Il y a certains élèves qui ne brillent pas par leur intelligence et qu'on doit parfois se coltiner plusieurs années de suite. Ce fut le cas de Mathieu (nom d'emprunt, parce que sa coiffure ressemblait à celle de Mireille Mathieu). Ce qui est bien avec ce genre d'élèves, c'est qu'on peut facilement les prendre à leur propre jeu étant donné qu'on a déjà eu tout le temps de cerner leur personnalité. Le dialogue suivant a vraiment été dit en classe. Il y a bien évidemment des fautes de français, que j'ai préféré laisser car ça reflète bien le niveau de l'élève.

Lui: "Monsieur, vous connaissez Gare du Nord?" (parce que les déterminants, visiblement, c'est superflu...)
Moi: "Oui, pourquoi cette question?" (en sachant qu'il allait me sortir une énormité)
Lui: "Vous connaissez rue d'Aerschot?" (une rue avec plein de prostituées. Par ailleurs, cet élève serait-il allergique aux déterminants?))
Moi: "De nom. Et toi? Tu connais aussi juste de nom?"
Lui: "Non, non! Moi j'y suis déjà allé! Il y a même une vieille qui travaille là!"
Moi: "Aaaah, et ton père, il en pense quoi?"
Lui: "Mon père? Lui aussi il va à rue d'Aerschot!"

Là, tout le monde me regarde avec de grands yeux. En même temps, ce gamin vient de dire devant toute la classe que son père allait voir des prostituées... J'aurais pu m'arrêter là, mais j'ai décidé de m'amuser encore un peu.

Moi: "Et ta maman? Elle en pense quoi?"
Lui: "Ma mère? Elle s'en bat les couilles!"
Moi: "Ah? Ta maman a des couilles?"

Il a ensuite marmonné un truc et s'est tu. J'aurais très bien pu couper court à la discussion, mais l'envie de le décrédibiliser devant ses camarades de classe en début d'année était plus forte que tout. En général, je ne prête pas d'intérêt à ce genre de remarques, mais là, je trouvais que ça ne lui ferait pas de mal de se rendre compte de sa propre bêtise. Et visiblement, ça a bien fonctionné!

Annotation :

• Le faux espoir

Ce qui suit s'est passé un jour de manifestation, ce qui fait que les transports ont été fortement perturbés et que les élèves ne sont pas venus en grand nombre. J'avais prévu le coup et apporté mon ordinateur portable pour leur montrer des séries ou des documentaires. Avec une collègue, on s'était mis d'accord pour nous rassembler dans sa classe, car je n'avais que 3 élèves tandis qu'elle n'en avait que 5. Dans son local, il y a un projecteur et un tableau interactif, ce qui est beaucoup plus pratique pour diffuser un documentaire.

J'ai donc lancé un doc sur les déserts, vraiment passionnant. Mais voilà, les jeunes de 12-13 ans s'en fichent complètement. Voici un petit échange qui s'en est suivi.

Eux: "Pffff, c'est chiant, il n'y a pas autre chose?"
Moi: "Si vous voulez, j'ai le dernier épisode de Secret Story sur mon ordi."
Eux: "Oh ouiiii! Mettez ça!"
Moi (en éclatant de rire): "Vous avez cru que j'allais vous montrer une émission avec des gens qui ne savent ni parler ni écrire?"

Quelques minutes passent.

Eux: "Monsieur, vous n'avez vraiment rien d'autre? C'est vraiment nul, ça ne nous intéresse pas..."
Moi: "J'ai un film qui pourrait vous intéresser. "Je suis une Légende", ça vous dit quelque chose?"
Eux: "Ah oui, mettez ça! J'aime bien ce film!"
Moi: "Mais bon, si on le met, on ne revient pas en arrière, d'accord?"
Eux: "Oui, promis, on le laisse!"

Ce qu'il faut savoir, c'est que je n'ai pas vraiment apprécié les remarques faites à l'encontre des magnifiques documentaires que j'avais pris la peine d'apporter. Du coup, le film que j'allais leur projeter n'était pas vraiment celui auquel ils s'attendaient

[...]

Annotation :

[...]

Je lance le film, il s'agit de la version en noir et blanc avec Vincent Price (la toute première adaptation). Les minutes passent, les élèves ne réagissent pas et sont absorbés par le film. Puis, les premières réactions se font entendre.

Eux: "Mais il est où Will Smith?"
Moi: "Il apparait plus tard dans le film, il faut lui laisser le temps."
Eux: "Ah, ok, je ne me rappelle plus trop du film. Et pourquoi c'est pas en couleurs?"
Moi: "C'est l'intro, elle est en noir et blanc, mais plus tard, ça passe en couleurs."
Eux: "Ah bon."

Ils n'ont pas arrêté de poser des questions, auxquelles ma collègue et moi répondions avec beaucoup d'humour. On leur a par exemple fait croire qu'on allait voir le film en voyage scolaire le mois prochain et que la durée du film s'élevait à 3h (3h30 pour la version longue). On est resté comme ça à balancer des inepties pendant la fin de l'heure. On n'arrêtait pas de se regarder avec surprise devant une telle crédulité de leur part.

Annotation :

• Une journée mouvementée (épisode 1)

En début d'année, je fais une de mes premières évaluations avec une classe de 3ème. Bien évidemment, la première évaluation est toujours un moment important puisque c'est la première fois que les élèves voient si le prof est efficace dans la surveillance et les sanctions appliquées si jamais il y a tricherie ou bavardages. Pour bien calmer les élèves, je leur explique dès le début que dès l'instant où je distribue la première feuille, s'il y en a un seul qui parle sans en avoir l'autorisation, il se choppe un zéro pointé. Et effectivement, ça les calme bien, pas un seul élève ne parle pendant que je distribue l'interro.

Sauf un. J'arrive à la fin de ma distribution de copies, au fond de la classe, quand j'entends un élève derrière moi (assis tout devant) qui s'énerve avec une autre élève et qui pète un plomb. Sur le moment même, je dois appliquer la sanction prévue, sinon mes "menaces" ne seront pas prises au sérieux à l'avenir. Je récupère donc la feuille de l'élève, comme prévu en début d'heure. J'ai à peine le temps de retourner au fond de la classe pour distribuer les dernières copies restantes que j'entends la porte du local claquer bruyamment. L'élève en question, visiblement très énervé, vient de quitter le local. Or, la règle est bien claire dans l'établissement où je travaille: les élèves n'ont pas le droit de sortir sans autorisation (on ne peut même pas les mettre dehors s'ils perturbent). Cela m'énerve d'autant plus que l'élève en question à réagi ainsi à cause d'une autre élève. Et puis merde, je l'apprécie bien ce gaillard, ça me fait beaucoup de peine de le voir réagir ainsi.

Plus tard, on m'expliquera qu'il a tenté de quitter l'école, fou de rage, et que le préfet a du le convoquer dans son bureau. Merde quoi, tout ça pour ça, c'est quand même ridicule. Le lendemain, l'élève vient s'excuser pour son comportement. Je lui parle à part, en lui expliquant que j'avais bien remarqué qu'on l'avait ennuyé sur le moment même, mais que sa réaction le mettait en tort. De plus, comme il a quitté le local sans autorisation, j'étais censé le sanctionner avec un rapport disciplinaire. Chose que je ne ferai pas, car j'estime cela injuste et j'ai finalement pu trouver un arrangement avec lui. Le lendemain, je l'ai laissé faire son interro. C'est la seule fois qu'une telle chose s'est produite avec cet élève.

Annotation :

• Une journée mouvementée (épisode 2)

Suite à cette histoire avec l'élève qui pète un plomb et qui quitte mon local sans autorisation, un autre problème surgit, en dernière heure de cours. Il faut savoir qu'une des règles de l'école où j'enseigne est qu'on ne peut mettre un élève dehors, même si celui-ci se met à danser sur la table ou à chanter du Jul. "La place d'un élève est dans une classe et non en dehors" était la première chose que le préfet m'avait dit lorsque j'étais arrivé dans cette école l'année précédente.

J'ai toujours respecté cette règle, sauf ce jour-là. En effet, je refuse qu'on me marche sur les pieds, et lorsque j'estime que des élèves n'ont pas leur place au sein de ma classe à cause de leur comportement, je me fiche complètement de la règle. En l'occurrence, dans une classe difficile de 18 élèves (celle de Matthieu, l'élève à la coupe bizarre), seuls 8 arrivent à l'heure devant ma porte. Je les fais rentrer, mais fulmine déjà à l'idée de voir débarquer les 10 autres zigotos en retard.

Et effectivement, presque 20 minutes plus tard (!), j'entends (malgré ma porte fermée) les élèves en train de crier, chanter et chahuter dans les couloirs. Ils arrivent au niveau de ma porte, frappent comme des bourrins et rentrent tous en rigolant comme des tarés. Là, je leur bloque le passage en m'interposant juste devant le seuil de la porte. Je les refuse. Ils se mettent alors à se plaindre, ne comprenant pas pourquoi je refuse de les laisser entrer.

"Ouais monsieur, vous n'avez pas le droit, vous allez avoir des problèmes, ..."

[...]

Annotation :

[...]

Comme si le fait d'utiliser le règlement contre moi allait me faire changer d'avis. Je garde mes positions, et tel un Gandalf face au Balrog, je leur fais bien comprendre qu'ils ne passeront pas. En entendant tout le remue-ménage ayant lieu devant ma classe, une éducatrice apparait. Bingo, je lui explique la situation, et elle les emmène en salle d'étude. Bien évidemment, je m'attends à tout moment de les voir revenir avec le préfet me faisant la morale, mais je suis tellement sous adrénaline qu'il aurait pu venir me faire une remarque, ça ne m'aurait pas fait changer d'avis (bien au contraire, j'étais prêt à lui expliquer ma façon de penser). Même les autres élèves, qui n'en pouvaient plus de cette ambiance, tenaient avec moi et disaient que si j'avais des problèmes et qu'on renvoyait ces élèves, ils se révolteraient. Et eux aussi avaient l'air bien déterminés!

Fait marrant: l'heure d'avant, le même schéma a eu lieu avec un autre collègue! Comme quoi, ils n'apprennent vraiment aucune leçon...

Annotation :

• Mon premier voyage scolaire en tant que prof

Voilà probablement le moment le plus inoubliable de l'année (voire de mes deux premières années): ma première sortie scolaire en tant qu'enseignant. En gros, on a amené toutes les 1ère années (environ 12 ans) en classes vertes (à peu près 50 élèves pour 6 accompagnateurs). Mes collègues y étaient déjà allés l'année auparavant, mais moi pas. C'était une première, et j'ai vraiment apprécié ces 3 jours! On y a fait de tout: des balades nocturnes en pleine forêt, de la cuisine sauvage, un bal, etc... Il y a tellement de choses à raconter que je pourrais en faire une liste entière. Mais là n'est pas le but, je vais donc résumer au maximum ces trois jours.

Il y a certains élèves que je connaissais déjà de l'année précédente et qui venaient d'une classe complémentaire. J'étais un de leurs profs principaux, mais je n'ai jamais pu faire de sortie avec eux (car ma participation à celles-ci était toujours refusée...). Et là, j'ai enfin pu participer à une sortie avec eux. C'était comme une continuation de l'année précédente. Et c'était drôle de voir les élèves qui ne me connaissaient écouter les autres parler de moi comme d'un prof qui déchire et que si l'un d'entre eux avait un problème avec moi, ils devaient d'abord affronter mes anciens élèves. Déjà, ça faisait plaisir à entendre, car j'ai pu remarquer que j'avais fait meilleure impression que je ne le pensais.

Ensuite, les activités se sont faites par groupes. J'étais avec un collègue, et on avait un groupe qui nous était attribué. On a passé nos 3 journées à faire toutes les activités ensemble, et bien sur, ça nous a permis de créer des liens. Ainsi, même 5 mois après cette sortie, les élèves viennent nous voir pour nous parler de ce séjour. Et lorsque je les aurai les années suivantes, je les aurai déjà "dans ma poche", car ils me connaissent et m'associeront toujours à un souvenir positif. Et ça, c'est plutôt cool.

[...]

Annotation :

[...]

Une chose que j'ai vraiment adoré là-bas, c'était de faire mes rondes la nuit. Je passais dans les couloirs et calmait les élèves bruyants. C'était génial, comme une espèce de jeu, et j'avais toutes les astuces pour être le plus silencieux possible. J'allais parfois jusqu'à rentrer dans une chambre trop bruyante pour rester assis devant la porte jusqu'à ce qu'ils s'endorment. Les déjeuners et repas étaient également des moments agréables, car les élèves prenaient eux-mêmes leurs responsabilités au bout du deuxième jour (débarrasser la table, servir les autres, etc...). C'était sympa à voir, et même le fait de courir dans tous les sens pour les élèves était cool. En fait, j'ai eu l'impression de jouer un rôle de père. Beaucoup de ces élèves n'avaient jamais fait de telle sortie auparavant, c'était pour beaucoup la première fois qu'ils passaient plusieurs jours sans leurs parents, et ça se ressentait dans leur comportement. Et comme nous, enseignants, étions les seuls adultes disponibles, ils ne nous lâchaient plus! Et honnêtement, je crois ne jamais m'être senti aussi utile de ma vie! J'ai même été jusqu'à faire des choses que je déteste, comme danser en public ou déguster des plats difficilement mangeables afin de montrer le bon exemple.

Cette sortie fut très enrichissante. À mon retour, en rentrant chez moi, j'étais assez perdu. Vous n'imaginez même pas à quel point ça fait bizarre d'être à la maison et de ne pas devoir s'occuper de 50 jeunes. Et à vrai dire, le lendemain, ils me manquaient déjà, j'ai eu une espèce de blues et je n'avais qu'une seule envie: que le lundi reprenne afin de pouvoir les revoir et échanger avec eux à propos de cette sortie! Je serais bien resté quelques jours de plus, tant l'ambiance était chouette! Les élèves ont adoré, moi aussi, et j'espère pouvoir en être l'année prochaine!

Annotation :

• "Baptisons le petit nouveau pour sa première sortie"

Mes collègues sont des farceurs. Ils m'avaient déjà mis sur la piste d'un baptême pour ma première sortie scolaire, et pendant tout le séjour, je me méfiais d'eux car je ne souhaitais pas forcément être piégé. Au final, ils n'y sont jamais arrivés car j'étais trop souvent avec eux et puis surtout parce que je tenais plus longtemps réveillé qu'eux. Ben oui, ils auraient du y penser à deux fois avant de vouloir s'attaquer à un petit jeune de 23 ans qui faisait encore des petites rondes la nuit à 1h30.

D'ailleurs, lorsque je dormais dans ma chambre individuelle, je bloquais la porte avec une chaise, comme ça, le moindre bruit m'aurait réveillé et ils n'y seraient pas arrivés. Comment ça, je suis parano? :D

Finalement, au retour, un de mes collègues a vendu la mèche et m'a expliqué ce qui était prévu comme piège: ils voulaient me mettre de la mousse à raser sur le visage pendant que je dormais. Du coup, je me méfie pour l'année prochaine!

Annotation :

• Une assiette bien garnie

De temps en temps, il arrive que mes collègues (et moi-même) organisions un petit goûter de classe. Ce moment convivial permet de créer une ambiance de classe solide pour le restant de l'année. Il ne faut bien sur pas en abuser, le but n'étant pas de faire un pique-nique chaque semaine. Bref, lorsqu'un collègue fait un goûter de classe, il envoie souvent un élève avec une assiette contenant de la nourriture, afin de partager.

Et donc, ce jour-là, un collègue avec qui je suis parti en sortie la semaine d'avant organisait un tel goûter dans sa classe. Et pendant que je donne cours, une élève est venue m'apporter une belle assiette bien remplie. Je dois dire que je me suis bien régalé, et puis ça fait toujours plaisir de recevoir une telle attention de la part des autres!

Le plus drôle, c'est qu'au moment où cette élève est venue m'apporter cette assiette, je donnais un cours sur les aliments en néerlandais. Et mes élèves se plaignaient car ça leur donnait faim. Ils étaient donc en train de se plaindre. Et au moment où un élève plaintif a exprimé son envie de manger, la porte s'est ouverte et on m'a apporté de la nourriture. On ne pouvait pas faire mieux comme coïncidence, surtout quand ils se mettent tous à me supplier pour que je partage avec eux.

L'assiette en question: http://tinyurl.com/zgxm2tw

Annotation :

• Le contrat de mariage

Il y a des jours où on ne sait pas trop ce qui passe par la tête des jeunes... Sous prétexte que j'avais partagé un morceau de cake avec une élève, cette dernière m'a demandé en plein cours: "Monsieur! Je vous aime! Épousez-moi s'il vous plait!"

Sur le moment même, ça me fait sourire, mais je relève à peine afin de ne pas dévier de mon cours (parce que pour faire perdre du temps en classe, ils sont champions :D ). Bref, je continue, ils se mettent au travail, et lorsque la sonnerie retentit et que les élèves sortent de la classe, elle me répète: "Monsieur! Je veux vous épouser!". Là encore, je réponds sur le ton de la rigolade par un "mais oui, mais oui, tout le monde veut m'épouser".

Le lendemain, je retrouve la même classe, et cette élève me remet ... un contrat de mariage! Un p*tain de contrat de mariage rédigé sur son ordinateur! Et là, je suis impressionné par sa détermination et le temps qu'elle a du prendre pour rédiger un tel document, mais je suis également effrayé car elle semble attacher plus d'importance à cela qu'aux devoirs que je donne. Et nom d'un chien, qu'est-ce qui peut bien passer par leur tête à ces jeunes-là???

Annotation :

• Le coup de poing accidentel

Il n'aura pas fallu beaucoup de temps pour que je me prenne le premier coup de poing d'une élève. Heureusement, c'était accidentel et l'élève était très gênée. En montant avec ma classe, je croise deux élèves qui devaient être dans le rang mais qui descendaient les escaliers. En me voyant remonter, sur le ton de la rigolade, elles marchaient à reculons. Sauf que marcher à reculons dans des escaliers, ce n'est pas recommandé. Ainsi, en loupant une marche, l'élève a fait un mouvement rapide avec son poing qui est venu percuter mon visage de plein fouet. Je n'ai pas eu mal, et je n'ai pas sanctionné l'élève, car c'était vraiment accidentel, mais ça m'a fait sourire. Et puis de toute manière, se vautrer de la sorte devant ses camarades de classe a du être une punition assez efficace :)

Annotation :

• Une semaine fort mouvementée

Probablement une des semaines les plus épuisantes de ce premier trimestre! À vrai dire, on a été nombreux à constater une baisse de régime dans la gestion de l'école et des élèves. De nombreux élèves ont commis des faits graves et en ressortaient avec une retenue alors qu'un renvoi définitif était primordial. Du coup, les élèves se sentant intouchables s'en sont donnés à cœur joie pour foutre le bordel dans l'école.

Ainsi, à cette période, de nombreux élèves se sont mis à faire exploser des pétards dans les couloirs. Pas une fois, pas deux fois, mais plein de fois! Toutes les 10 minutes, on avait droit à une détonation. Au bout d'un moment, ça a joué avec nos nerfs, c'était ingérable, et pourtant, aucune mesure n'était prise afin de stopper cela...

Mais ça ne s'est pas arrêté là, bien au contraire! Un beau jour, se lassant peut-être des pétards, des élèves ont balancé du gaz lacrymo et des boules puantes au poivre dans les couloirs. Au début, je n'ai rien remarqué, j'entendais juste des élèves se plaindre dans les couloirs (comme d'habitude en fait). Et puis, au moment de donner mes explications, je me suis retrouvé avec la gorge bloquée, avec difficulté à respirer et toussotements incessants. Ce gaz s'est propagé dans les classes et dans tous les étages, une véritable horreur! Il y a même une partie de l'école qui a été évacuée dans la cour de récré (enfin pas tous, je n'étais même pas au courant que certaines classes avaient été évacuées...).

[...]

Annotation :

[...]

C'était infernal, j'ai du ouvrir les fenêtres malgré le froid, il y a la police qui est venue, on était tous en train de chialer comme des robinets qui fuient, ... Heureusement, à ce moment-là, j'étais avec une très chouette classe, et ils n'en ont pas fait des tonnes. Ils ont agis sérieusement, se sont mis près des fenêtres ouvertes et n'ont pas commencé à faire leur cinéma (comme ça aurait pu être le cas avec d'autres...).

Le soir, chez moi, j'étais pris de nausées (probablement) à cause d'avoir respiré tout cela trop longtemps. J'avais la tête qui tournait, plus aucun appétit, la gorge irritée et l'impression que mon nez était bouché.

Toute cette mascarade a duré au moins deux semaines, puis plus rien. Les élèves ont peut-être fini par s'en lasser...

Annotation :

• Une sortie à la con

En général, lorsqu'on fait une sortie avec des élèves, on est de bonne humeur, car on sait qu'on va passer un bon moment plein de complicité. Sauf quand on nous impose une sortie et qu'on la place le seul jour où notre horaire est allégé... C'est donc ce qui m'est arrivé, avec une collègue (qui elle avait congé ce jour-là). On nous a imposé une sortie avec la classe dont je suis le titulaire (une classe pas facile mais qui est devenue bien plus calme avec le temps). Qu'avons-nous fait ce jour-là? Nous avons tout simplement grimpé aux arbres. L'objectif de cette sortie était de créer une cohésion de groupe et un sentiment de confiance entre nous. Pour ma part, je dois dire qu'au départ, c'était sympathique, car les élèves jouaient vraiment le jeu (même si au tout début, certains ont piqué une crise parce qu'ils devaient tous mettre leur téléphone dans un sac). Mais bon, ça n'a pas duré, hélas...

Il y avait 5 arbres sur lesquels on pouvait grimper. C'est cool, mais quand l'activité dure toute la journée, on finit par s'ennuyer. Et les élèves aussi. Et des élèves qui s'ennuient, ben ils font n'importe quoi, crient, se font remarquer, etc... Tant que c'était dans la forêt, leurs cris ne me dérangeaient pas. Mais sur le chemin du retour, quand il fallait prendre les transports pour revenir à l'école en fin de journée, c'était une toute autre histoire...

Au lieu de les avoir fatigués, cette sortie les a excités. À tel point qu'ils sont devenus ingérables. Je déteste me faire remarquer, et là, on n'entendait que notre groupe. Les élèves faisaient des doigts d'honneur aux passants, s'insultaient entre eux, n'écoutaient même plus nos remarques, ... C'est ce jour-là où j'ai pété le plus gros plomb de ma vie. En sortant du train pour rejoindre le métro, un élève, qui ne souhaitait pas rentrer à l'école alors qu'il en était obligé, s'est dit qu'il nous fausserait compagnie. Sauf que je l'ai vu rentrer dans le wagon, et que par la fenêtre, je lui ai fait signe de sortir. Les autres élèves, plutôt que de rester en retrait, ont commencé à tambouriner sur les fenêtres du train et à hurler comme des animaux. Vraiment, je n'exagère pas, on aurait dit qu'ils avaient été ensorcelés. Je n'avais jamais vu cela de ma vie. Et ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase.

[...]

Annotation :

[...]

J'ai explosé comme je n'avais jamais explosé auparavant. Ils se révoltaient contre moi parce qu'ils ne comprenaient pas pourquoi ils devaient rentrer à l'école et ne pouvaient pas rentrer immédiatement chez eux. Comme si j'en étais le seul responsable, alors que je ne faisais que respecter les consignes qui m'avaient été données. Bref, il y a eu une accumulation qui m'a fait sortir de mes gonds, à tel point que j'ai bien failli arrêter les frais et ne plus me montrer à l'école la semaine suivante. C'est la seule fois où je me suis dit que je démissionnerais.

La semaine suivante, je me suis montré, j'ai donné cours comme d'habitude, mais les élèves ont remarqué un gros changement. Ainsi, pendant deux bonnes semaines, j'ai été aussi froid que possible. Je n'ai pas une seule fois ri à leurs bêtises, j'ai été vraiment désagréable, créant ainsi une ambiance de classe qui mettait mal à l'aise. Je ne laissais rien passer: oubli du cahier? Sanction! Devoir non fait? Sanction! En fait, je suis devenu tout que ce je n'ai jamais voulu être, afin de leur montrer ce qu'ils avaient perdu. Il régnait un calme dans cette classe comme je n'en avais jamais entendu auparavant. Et ça a duré deux semaines. Un jour, les élèves sont rentrés en classe et se sont excusés. Ce n'étaient pas les mêmes excuses qu'ils m'avaient faites le lundi suivant la sortie (là, elles n'étaient pas sincères, ils pensaient que ça passerait et qu'ils pourraient à nouveau recommencer la fois d'après). Et là, on a longuement parlé. Depuis ce jour, je ne me suis plus jamais énervé de la sorte avec eux. De temps en temps, il m'arrivait de sanctionner certains comportements, mais ça n'allait jamais plus loin.

Annotation :

• La fin de journée bien pourrie...

Parfois, on passe une matinée vraiment bonne, et on se dit que rien ne pourrait perturber cela. Et c'est quand on s'y attend le moins que ça fait le plus mal! J'ai donc eu une accumulation de situations qui ont rendu ma journée particulièrement naze...

Tout à commencé par un petit accident survenu en classe. En voulant refermer le capuchon d'un effaceur, j'ai forcé car ça bloquait, et je me suis planté l'effaceur dans la main, entre le pouce et l'index. Je me suis saisi à cause de la douleur, l'effaceur est resté planté et sous l'effet de la surprise, en faisant bouger mon bras, l'effaceur s'est envolé en classe. C'était douloureux, mais pas trop grave. Par contre, j'ignorais qu'on pouvait autant saigner avec une blessure aussi minuscule. Une élève ne supportant pas la vue du sang s'est sentie mal, j'ai du recouvrir cela avec un mouchoir, ce qui n'était pas très pratique.

[...]

Annotation :

[...]

Ensuite, le cours d'après, j'accueillais ma classe la plus difficile, que je vais nommer la 2 GPT. Ils arrivent devant ma classe, se mettent en rang (ce qui est déjà un exploit pour eux), et derrière, dans un petit renfoncement de mon couloir, un groupe d'élèves du supérieur se met à hurler, comme s'il s'agissait d'un concours de celui ou celle qui crierait le plus fort. J'interviens vite fait, mais ce n'est pas mon devoir, c'est celui des éducateurs. Ils partent quand même, et je peux enfin m'occuper de ma classe. Sauf qu'il reste un élève parmi les grands qui se met à "chauffer" mes élèves qui étaient rangés. Là, je m'énerve avec lui, et il commence à m'agresser verbalement, comme s'il allait me rentrer dedans. Bien évidemment, je garde mon sang-froid (même si mon envie de lui envoyer mon poing dans la tronche reste présente), et je lui dis tout calmement: "Visiblement, tu ne sais pas qui je suis. Moi, c'est Monsieur 'Miamsolo'. Retiens bien ce nom, car la prochaine fois que Monsieur 'Miamsolo' te demandera une chose, tu ferais mieux de t'y plier si tu ne veux pas avoir d'ennuis". L'élève a encore ruminé des choses, pour ne pas perdre la face devant les autres de mon rang, puis il est parti. Plus tard, il est repassé et s'est excusé.

Déjà là, j'étais chaud bouillant et de mauvais poil. Bien sur, il a encore fallu qu'une des élèves de cette classe de fous se mette à foutre la boxon à mon cours. Là encore, je me suis énervé, une éducatrice est passée et a pris l'élève avec elle (et a même appelé ses parents, c'était rigolo de voir les autres s'inquiéter pour elle et me traiter de prof sans cœur <3 ). Le temps ne passait pas, je n'en pouvais plus, complètement exténué. J'ai également fait tomber ma tablette par terre, l'abimant. Je l'utilise régulièrement pour mes cours, et la voir s'endommager de la sorte rendait l'après-midi encore plus pourri...

Annotation :

• L'imitation

Certains élèves sont parfois tellement à l'aise au sein de ma classe qu'ils ne le cachent pas. C'est ce que j'ai pu constater avec une élève à moi pendant que je donnais cours. Elle était assise sur sa chaise, mais avait posé une jambe sur son banc. Plutôt que de lui faire la remarque ou de taper sur son pied, j'ai profité de son inattention pour demander à tous les autres élèves de faire la même chose qu'elle. J'ai bien évidemment fait pareil et ai continué à donner cours avec une jambe sur le banc. Il lui a quand même fallu un bon moment pour s'en rendre compte. Mais je me dis que si le préfet était rentré à ce moment-là, il aurait eu un spectacle assez particulier sous les yeux...

Annotation :

• Welcome to ... Jurassic Park!

L'année passée, après les congés de Noël, j'ai découvert avec une très grande surprise que le revêtement du sol avait été remplacé par du vinyle. Cette année, j'ai également eu un autre changement, qui concernait cette fois-ci les rideaux. Cela faisait un an et demi que je militais pour avoir de nouveaux rideaux (car les anciens étaient sales et je les soupçonnais de transporter des maladies). Et enfin, après une longue bataille, j'ai pu constater que ces fichus rideaux avaient enfin été remplacés!
Remplacez les dinosaures par des rideaux, et vous aurez un aperçu de ma réaction en rentrant en classe: https://www.youtube.com/watch?v=PJlmYh27MHg

Annotation :

• "These are not the droids you're looking for"

Ce qui est bien quand on a des élèves geeks, c'est qu'on peut utiliser nos connaissances en matière d'univers cultes pour les calmer. Il y a un élève dans ma classe préférée qui est très chouette, mais parfois lourd. En fait, dès qu'il se met à faire le rigolo, il ne peut plus s'arrêter, et il finit par énerver tout le monde. Plutôt que de le sermonner ou de lui faire des remarques à chaque sursaut, j'ai préféré m'adapter à ses passions, et ça a bien fonctionné!

Ainsi, ce grand fan de Star Wars s'est tu pendant toute l'heure de cours lorsque j'ai eu recours à la force en lui disant "ce n'est pas le moment de parler, tu vas écouter et te taire" accompagné d'un petit geste de la main pour imiter Obi-Wan Kenobi! Ce fut un grand succès, il a joué le jeu.

Annotation :

• On improvise comme on peut!

Le souci quand on donne cours l'après-midi, c'est qu'on est bien souvent dans une période de digestion après avoir ingéré une quantité de nourriture afin de prendre des forces. Je me suis donc retrouvé avec ma classe des 1 IM (nom d'emprunt), qui ne compte que 6 élèves, et au fur et à mesure que je donnais mon cours, je sentais mon estomac gonfler et me bruler. Je le sentais: la sainte prout devait sortir, sinon ça risquait d'empirer! Mais je ne pouvais décemment pas péter en classe, ça aurait été déplacé et je me serais surtout tapé une honte monumentale. J'ai donc improvisé et ai prétexté devoir remettre un document important à un collègue pour pouvoir sortir de la classe et me placer au bout du couloir, dans un renfoncement, pour lâcher une grosse caisse qui aurait à coup sur tué tous les élèves de ma classe. On s'adapte comme on peut!

D'ailleurs, à l'heure où j'écris ces lignes, des caméras ont été placées dans les couloirs, rendant cette tactique impossible (à moins de faire sourciller l'équipe derrière les écrans). Du coup, il va falloir que je trouve un autre truc pour la prochaine fois!

Annotation :

• HULK ... SMASH!!!

Je suis quelqu'un de généralement très patient, mais il peut m'arriver de péter les plombs comme tout le monde. En général, il faut vraiment que les élèves aillent loin pour y parvenir, mais quand c'est le cas, ils ne recommencent plus jamais, tant ça les impressionne. Et un beau jour, après avoir accumulé plusieurs mésaventures, je me suis retrouvé en dernière heure à péter un câble avec ma classe des 2 GPT. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase, en gros. Afin d'expédier ma rage, j'ai tout simplement pris une chaise que j'ai lancé à l'autre bout de la classe. Bien évidemment, j'ai visé un endroit où il n'y avait personne afin de ne pas faire de blessés (je sais encore me contrôler malgré mes rares sursauts, je ne suis pas non plus abruti à ce point). Résultat: j'ai fait un trou dans une petite porte de placard. Trou que j'ai camouflé avec une petite affiche de cinéma. J'imagine déjà la tronche de l'enseignante qui récupérera son local la rentrée prochaine, je sens que ça alimentera une autre anecdote!